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Citations sur Petit pays (1191)

Je voyais l'image paisible de Papa et Ana allongés sur le lit, devant la télévision. L'image de leur innocence, de toutes les innocences de ce monde qui se débattaient à marcher au bord des gouffres. Et j'avais pitié pour elles, pour moi, pour la pureté gâchée par la peur dévorante qui transforme tout en méchanceté, en haine, en mort. En lave. [...] S'il n'existe aucun sanctuaire sur terre, y en a-t-il un ailleurs ?
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Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie.
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J'érigeai mon bonheur en forteresse et ma naïveté en chapelle. Je voulais que la vie me laisse intact alors que Maman, au péril de la sienne, était allée chercher ses proches aux portes de l'Enfer. Elle aurait aussi fait pour Ana et moi. Sans hésiter. Je le savais. Je l'aimais. Et maintenant qu'elle avait disparue avec ses blessures, elle nous laissait avec les nôtres.
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Les blancs auront réussi leur plan machiavélique. Ils nous ont refilé leur Dieu, leur langue, leur démocratie. Aujourd’hui, on va se faire soigner chez eux et on envoie nos enfants étudier dans leurs écoles. Les nègres sont tous fous et foutus...
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Les hommes de cette région étaient pareils à cette terre. Sous le calme apparent, derrière la façade des sourires et des grands discours d’optimisme, des forces souterraines, obscures, travaillaient en continu, fomentant des projets de violences et de destruction qui revenaient par périodes successives comme des vents mauvais : 1965, 1972, 1988. Un spectre lugubre s’invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n’est qu’un court intervalle entre deux guerres. Cette lave venimeuse, ce flot épais de sang était de nouveau prêt à remonter à la surface. Nous ne le savions pas encore, mais l’heure du brasier venait de sonner, la nuit allait lâcher sa horde de hyènes et de lycaons.
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Balivernes ! Ne remuons pas le passé, l’avenir est une marche en avant. À mort l’ethnisme, le tribalisme, le régionalisme, les antagonismes ! – Et l’alcoolisme ! – J’ai soif, j’ai soif, j’ai soif, j’ai soif, j’ai soif, j’ai soif…
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J’ai beau chercher, je ne me souviens pas du moment où l’on s’est mis à penser différemment. À considérer que, dorénavant, il y aurait nous d’un côté et, de l’autre, des ennemis, comme Francis. J’ai beau retourner mes souvenirs dans tous les sens, je ne parviens pas à me rappeler clairement l’instant où nous avons décidé de ne plus nous contenter de partager le peu que nous avions et de cesser d’avoir confiance, de voir l’autre comme un danger, de créer cette frontière invisible avec le monde extérieur en faisant de notre quartier une forteresse et de notre impasse un enclos. Je me demande encore quand, les copains et moi, nous avons commencé à avoir peur.
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Sur la devanture des bouis-bouis étaient accrochés toutes sortes d’écriteaux fantasques : « Au Fouquet’s des Champs-Élysées », « Snack-bar Giscard d’Estaing », « Restaurant fête comme chez vous ». Quand Papa a sorti son Polaroid pour immortaliser ces enseignes et célébrer l’inventivité locale, Maman a tchipé et lui a reproché de s’émerveiller d’un exotisme pour blancs.
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La nonchalance des débuts s’est muée en cadence tyrannique comme le tic-tac implacable d’une pendule. Le naturel s’est pris pour un boomerang et mes parents l’ont reçu en plein visage, comprenant qu’ils avaient confondu le désir et l’amour, et que chacun avait fabriqué les qualités de l’autre. Ils n’avaient pas partagé leurs rêves, simplement leurs illusions. Un rêve, ils en avaient eu un chacun, à soi, égoïste, et ils n’étaient pas prêts à combler les attentes de l’autre.
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Mais pour l’instant, le pays était un zombie qui marchait langue nue sur des cailloux pointus. On apprivoisait l’idée de mourir à tout instant. La mort n’était plus une chose lointaine et abstraite. Elle avait le visage banal du quotidien. Vivre avec cette lucidité terminait de saccager la part d’enfance en soi.
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