Marion Fayolle s'est fait connaître depuis quelques années déjà pour son travail graphique aux éditions Magnani (notamment «
Les amours suspendues », prix spécial du jury au festival d'Angoulême 2018).
Mais pour ce premier roman à dimension autobiographique, où l'on ressent son attachement profond à la campagne (comme paysage, lieu de vie, au contact des animaux), le dessin lui semblait « trop propre », il lui fallait davantage de place pour les mots. Elle recherchait également une autre forme d'écriture que la bande dessinée, pour sa famille (notamment sa grand-mère), à qui le livre est dédié.
C'est l'histoire d'une ferme familiale en Ardèche, une vie à l'ancienne, où les générations vivent ensemble (le pépé, la mémé, le beau-frère un peu fou, la gamine…), dans une proximité avec les vaches qu'ils élèvent.
Marion Fayolle raconte d'une plume douce et sensible le quotidien du travail à la ferme, l'enfance aux côtés des bêtes, les odeurs d'étable, les meuglements, le corps qui change, la transmission entre les générations et la place que chacun doit trouver.
« Les enfants, les bébés, ils les appellent les petitous. Et c'est vrai qu'ils sont des petits tout. Qu'ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu'ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout. C'est pas toujours facile d'être un petit tout, d'avoir en soi autant d'histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi. »
Pas de noms pour les personnages, ce qui inscrit le récit dans une forme d'intemporalité, la campagne étant un personnage à part entière. Des chapitres courts, comme des instantanés (des images) avant qu'ils ne disparaissent. La nostalgie d'un monde qui s'efface, un regard sensible et poétique sur la ruralité.
Je remercie Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir fait découvrir ce très beau roman dans le cadre de l'opération Masse Critique - Littérature.