Le songe est une autre manière de vie et la part de rêve que peut accepter l'esprit est grande.
Je crois que la vie a besoin des livres, dit Esther, je crois que la vie ne suffit pas.
Elle n'était qu'un réseau de muscles et de nerfs autour d'une matrice ouverte. Elle était une poussée et une respiration, un grand rythme haletant qui libérait la vie.
Elle ėtait joyeuse, et plus que les autres, comme si, l'âge gagnant, elle avait fini par comprendre que la joie se fabrique au-dedans.
La vieille dit : L'amour c'est le plus difficile. Ça vous prend, ça vous malmène, ça vous agite. Et puis quand on croit que c'est gagné, qu'on a dans sa vie celui qu'on voulait, ça se lasse, ça se fatigue, ça se remplit de doute. Mais c'est que dans ce manège qu'on a l'impression de vivre.
C'est seulement de temps que sont faits les deuils, de sa trame impalpable dont on ne voit jamais que les effets. Le temps qui nous fait sortir de tout, qui a ce pouvoir de nous changer, de nous bonifier et de nous altérer, de nous tirer du plus grand malheur comme de l'émoi et des éblouissements, et de nous-mêmes à la fin, de notre corps charnu et lourd.
Ce qu’on garde pour soi meurt, ce qu’on
donne prend racine et se développe.
Car il était à ce point du désir où la souffrance du manque paraissait préférable à l'état vide et heureux qui avait précédé. Oui, son triste amour valait mieux que rien, et c'était maintenant son lot, de n'avoir à choisir qu'entre le néant et l'affliction.
Tu as deux enfants et mon fils est tout fou de toi. Profite, dit-elle. C'est de la douleur d'aimer, ça c'est sûr, mais c'est tout pire de ne pas aimer.
Si les promesses sont sacrées, celles faites aux enfants le sont plus que les autres.