La liberté de la presse tend à être assimilée (abusivement) à une liberté d'expression du journaliste.
Le "langage des médias" réalise comme par sédimentations une sémiosis artificielle [...] qui n'est pas engendrée dans la communication naturelle [...] D'une telle dégrammaticalisation on peut voir des manifestations dans la tendance à ne plus différencier les aspects de la validité. Par exemple, on ne distinguera pas expressément l'exactitude d'un fait énoncé de l'opportunité de l'énonciation ni de ses implications normatives, quant à ce qui est juste ou injuste ; on ne distinguera pas ce qui est vrai de ce qu'il convient de dire, ou encore, ce qu'il est déplaisant d'entendre, de ce qui mérite cependant d'être dit. Par cette voie les médias réalisent l'ex-communication d'événements mais aussi de personnes sur la base d'une assimilation grammaticale fusionnant les ordres distincts du vrai, du juste et de l'agréable.
Le "On" du "On dit que..." a remplacé le "Nous" du "Nous pensons, nous voulons que..."
Dans le nouvel espace public, ce n'est plus nous qui, en effet, disons ce que nous voulons et pensons.
[Le droit de communication consiste] pour tous les citoyens, à participer, à la détermination d'un ordre du jour de la thématisation publique, c'est-à-dire à la sélection des thèmes admis dans l'agenda public.
La télévision doit rester un service public, en un sens, même si toutes les chaînes sont privées. Cela signifie qu'elle a une mission de responsabilité sociale.
[proposition de charte européenne de l'audiovisuel :]
Vous avez le droit, individuellement, de faire ce que vous voulez (dans les limites déjà connues), mais vous devez ensemble faire en sorte qu'au total les citoyens constituant le public européen aient un service répondant aux réquisits universels de la Charte. En conséquence nous vous considérons comme coresponsables de l'offre globale. Ceux dont le programmation est la plus éloignée de l'esprit de la Charte ne sont ni stigmatisés ni sanctionnés. Mais en tant que coresponsables de l'offre globale médiatique, vous devez tous contribuer à l'effort pour que soient honorés les critères de la Charte. Soit vous le faites directement, par une programmation conforme ; soit vous le faite indirectement sous forme de contribution financière effectuée par réversion d'une partie de vos recettes publicitaires.
[Les grands interprétants] suscitent l'impression ou la croyance que le public a besoin d'un référent charismatique pour comprendre et juger ce qui advient dans le monde.
L'opinion publique n'est plus [...] formée de façon réflexive. Elle est plutôt mobilisée sur des systèmes de reconnaissance et fidélisée par une offre de consommation.
"si, par un changement d'attitude, sort de conversion de l'état d'esprit des peuples européens, le 8 mai 1945, par exemple, était salué par les Allemands et par les Français ensemble ; si cette date était fêtée par les Français, non pas simplement comme leur libération de l'Allemand, mais comme une libération de l'Europe et, partant, de l'Allemagne elle-même à l'égard du fléau commun : le national-socialisme [...] alors les mémoires nationales cesseraient d'être exclusives les unes aux autres, elles commenceraient de former une communauté d'histoire, élément le plus profond d'une communauté morale, offrant un signe tangible d'appropriation concrète pour l'Europe de l'identité postnationale" p. 160