Il n'y a rien ici. Que des pierres et des arbres secs et tordus. Est-ce pour ça que tu es venu ? Bien sur que non. Tous, vous êtes là parce que Dieu vous a appelés, même si bien peu d'entre vous en ont vraiment conscience. Vous êtes là parce qu'une guerre se déroule, en ce moment même, sur cette terre. Non pas la guerre des hommes, qui n'en est qu'un écho lointain, mais celle que les créatures du Malin se livrent depuis l'aube des temps pour submerger toute forme de vie terrestre.
« L’homme aime la lumière du jour, la multitude des villes, la chaleur, le bruit, le parfum, la compagne des femmes. Les djinns sont des êtres de la nuit, du froid, des solitudes désertes. L’homme se nourrit de viande, le djinn se contente des os. Mais ils sont comme nous, mon ami, livres et responsables de leurs actes devant le Miséricordieux. »
« La plus puissante armée de la région avait échoué à les déloger de leurs montagnes, mais où était la victoire, quand on restait maître d’une terre brûlée ? »
Renaud était déjà reparti, mais il revint sur ses pas en souriant, pour la première fois sans doute depuis qu’il avait quitté Jabala. Il souleva un coin du drap qui recouvrait l’enfant et glissa un doigt sur sa joue. Qu’importe ce qu’il avait dit à Alix. L’enfant vivrait.
– Martin, dit-il. Que tous l’appellent Martin Mazoir…