Sous l'oeil du grand-père Immanuel, fondateur des meubles Oppermann, nous suivons les membres de la famille Opperman pendant ma montée du totalitarisme à Berlin en 1932.
Gustav Oppermann est un écrivain cinquantenaire. Il vit dans une superbe villa familiale à l'ouest de Berlin, a une jeune maîtresse trentenaire. Et il va signer un contrat avec sa maison d'édition pour la biographie de Lessing. Il ne s'intéresse guère aux affaires des magasins de meuble dirigés par son frère, Martin.
Le troisième frère, Edgar Oppermann est un chirurgien réputé. Si leur soeur est assez inexistante, leur beau-frère, Jacques Lavendel fait partie du cercle décideur de l'avenir de la famille.
Alors que quelques difficultés commencent à surgir dans la gestion des magasins Oppermann, personne ne croit à la montée du mouvement nationaliste.
En trois actes,
Lion Feuchtwanger montre l'évolution de la situation. Après la période de l'incrédulité, les doutes s'insinuent pour finalement faire place à la peur et à la réalité des faits.
Nous suivons la montée de l'antisémitisme avec les frères Oppermann dans leur secteur respectif. Mais aussi avec Berthold Oppermann, le fils de Martin, en proie avec un nouveau professeur ultra nationaliste au sein du lycée.
Les Oppermann aiment profondément leur métier et leur pays. Ils ne peuvent croire au pire. Quelques faits commencent toutefois à les faire douter.
Lorsque Gustav signe un manifeste contre la barbarie, Arthur Mülheim lui conseille de quitter le pays.
Réfugié en Suisse, il écoute, sans parvenir à y croire, les témoignages de Bilfinger sur le nouveau droit allemand basé sur l'inégalité entre aryens et non-aryens.
Bilfinger l'implore d'exercer son talent d'observateur et sa réputation d'écrivain pour témoigner.
Lion Feuchtwanger ( 1884-1958) publie ce roman en 1933. Impossible de s'y soustraire, l'écrivain devait témoigner au plus vite des dangers de la domination des nazis. En créant les personnages de cette famille, il met le lecteur face aux tourments intellectuels et physiques du peuple juif dans l'Allemagne du chancelier Hitler.
Comme dans
L'ami retrouvé de
Fred Uhlman, nous sommes face au dilemme de l'homme juif allemand amoureux d'un pays qui le renie. Nous retrouvons aussi cette impossibilité de croire aux risques jusqu'à la preuve évidente des actes de barbarie.
Ce roman de
Lion Feuchtwanger nous rappelle aussi comment une nation peut perdre tout humanité lorsqu'elle cède aux sirènes d'un dirigeant totalitaire.
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