A Genève, l'inspectrice Ana Bartomeu file du mauvais coton depuis que de sombres histoires ont entaché la police du bout du lac et la fuite du jour en lendemain de son amante Lucille. Seule, malheureuse, à force de laisser-aller et d'excès de malbouffe, sa santé en pâtit. Son coeur lui joue des tours, lui valant un infarctus récent et un prochain passage sur le billard. Mais dans l'immédiat, elle a autre chose à penser : de mystérieux colis se retrouvent en poste restante, dans divers bureaux de poste, affranchis avec des timbres fabriqués en peau humaine ! Très vite, l'affaire prend des dimensions surprenantes, menant les inspecteurs dans les coulisses des services postaux, dans toute la Suisse romande et même en Haute-Savoie.
En parallèle, nous suivons le calvaire de Veronika Dabrowska, traquée par un homme avec qui elle a eu le malheur de commencer à discuter sur une application de rencontres en ligne. le récit fait également des bonds dans le passé, plus précisément en 1984, avec la vie de Sam, surnommé le « bouseux » par ses camarades d'école qui le harcèlent à cause de son embonpoint et de sa vie dans une ferme de la campagne genevoise.
Dans ce one-shot,
Nicolas Feuz a créé un nouvel univers avec de nouveaux flics, mais pour autant il parvient à faire intervenir habillement ses protagonistes de la série Jemsen. le Neuchâtelois, plus habitué à planter le décor de ses affaires dans son canton d'origine, a choisi cette fois la ville de Genève. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il ne lui offre pas la meilleure publicité : « la ville la plus française de Suisse » y est décrite dans des termes peu glorieux, tant dans ses lieux, ses habitants que dans le fonctionnement de ses forces de l'ordre. L'auteur en profite aussi pour nous balader à Lausanne, Delémont, Chaux-de-Fonds et Annecy, évoquant ainsi les collaborations policières intercantonales et internationales.
Après l'annonce de sa sortie chez Rosie & Wolfe – la maison d'éditions créée par
Joël Dicker –
le Philatéliste représentait un événement littéraire très attendu sur sol helvétique. En dehors de ses propres publications,
Dicker éditait en effet pour la première fois un autre auteur suisse de polars. Et heureusement pour nous, Feuz n'a pas perdu son style en cours de transfert. Dans ce dix-septième roman, nous retrouvons sa recette gagnante : chapitres courts, rebondissements à la pelle, scènes violentes, âmes perdues et torturées, mais avec une note différente très subtile. Ce changement d'éditeur aura fait du bien à sa plume. Les personnages et les intrigues semblent davantage travaillés, comme si des conseils du maître
Dicker avaient été insufflés ou qu'il lui avait laissé toute latitude à enfin se lâcher dans son art.
Vous l'aurez compris, Feuz signe ici une excellente enquête. A mon sens,
le philatéliste est assurément un des meilleurs livres du roi du polar suisse ! Une histoire à l'ambiance enneigée, glacée et glaçante, qui vous retournera le cerveau et dont vous ne ressortirez pas indemnes !
En résumé : un des meilleurs polars de Feuz à ce jour !
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