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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quiproquos à gogo, jeux de mots ou de sonorités, situations rocambolesques, absurdités, grivoiseries... Il faut bien avouer qu'il a pas mal de munitions dans sa cartouchière ce Georges Feydeau.
Et il faut bien avouer également que j'imagine difficilement un lecteur qui ne serait pas pris d'un seul rire (un seul sourire si l'on souhaite rester modeste) à la lecture de ce succulent Dindon.
C'est vraiment drôle, sans se prendre au sérieux, pas de haute philosophie, un théâtre qui se veut volontairement divertissant et sans grand-chose en plus, mais qui, dans ce registre, est vraiment bien fait.
D'un point de vue scénique, c'est presque comparable à une BD de Goscinny, notamment quant aux différents types de comique employés, avec une mise en position privilégiée du spectateur, en sorte de voyeur indiscret, qui en sait toujours un peu plus que chacun des personnages et qui de ce fait, avec un coup d'avance, sent tout le décalage qui existe entre ce que croit le protagoniste et ce qui est effectivement.
Imaginez une écriture qui rappellerait parfois les gauloiseries d'un Maupassant mais qui, prise d'un élan comique inaccoutumé, voudrait se mettre à faire du Molière à la Belle Époque du XIXème finissant. le Dindon est cela.
Les maris adultères du Paris huppé pullulent et sont prêts à sauter sur tout ce qui bouge en étant vaguement féminin, toutes les aventures possibles ou impossibles, tandis que les épouses, courtisées, soudoyées, s'évertuent à rester fidèles, sauf, attention ! SAUF ! si on leur apporte la preuve de l'inconséquence de leur époux, auquel cas, elles se montrent capables d'une frénésie sexuelle réparatrice digne de faire pâlir n'importe quelle érotomane accomplie.
Prudence, donc, avis aux arroseurs, de faire bien attention à ne point se faire arroser, car dans tout cela, qui sera le dindon de la farce ?
C'est ce que je me permets de ne point vous révéler.
Une pièce qui gagne (comme toutes les pièces, me direz-vous, mais ce n'est pas toujours clair) à être vue sur scène plutôt que lue quoiqu'elle constitue un fort agréable moment de lecture que je vous recommande bien volontiers.
Néanmoins, vous avez appris à connaître ma petite ritournelle, qui vous enjoint à ne considérer cet avis que pour ce qu'il est, à savoir, pas grand-chose.
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Critique du Dindon (pièce courte en un acte)
Personnages : Relax, Madame
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(Relax est assis dans le fauteuil du salon, en train de lire. Madame entre discrètement dans son dos et jette un oeil au livre)
Madame (fort) : J'en étais sûre !
Relax (tellement surpris qu'il en tombe du fauteuil) : Qu'est-ce qui te prend ? Tu m'as fait peur.
M : Oh, inutile de faire l'innocent, hein !
R (se relevant) : Mais de quoi diable parles-tu ?
M : Tu te prépares à me tromper !
R : Pardon ?
M (passant à droite de la scène, lui tournant le dos) : Je vois bien ton manège !
R : Mais… mais… tu as bu ou bien ? Je suis là tranquillement en train de lire et tu débarques come une sorcière qui croit que je lui ai volé son balais.
M (se rapprochant de R.) : Suffit ! Tu lisais oui, mais quoi ? Hein ?... Aha ! Tu n'oses pas le dire n'est-ce pas ?
R : Mais pas du tout, c'est « le Dindon » de Feydeau. Tu sais, la pièce de théâtre…
M : Oui, oui… je sais. J'ai regardé « Au théâtre ce soir » moi aussi figure-toi ! Et de quoi est-ce que ça parle, hein ?
R : Eh bien c'est du vaudeville. Une femme de notable se fait poursuivre par un homme qui n'a que l'envie de l'entreprendre plus avant. Il la suit jusque chez elle et…
M : Ah !
R : Quoi « ah ! »
M : Tu vois, ça parles d'adultère ! D'un homme qui souhaite avoir une maîtresse.
R : Eh bien oui, même plusieurs hommes dans ce cas en fait. Cela entraîne des imbroglios et…
M : de mieux en mieux ! (elle se retourne et jette un coussin à la tête de R.)
R : Mais ça va vraiment pas !
M : J'ai tout compris ! Tu es en train de t'inspirer de ce Feydeau pour faire pareil : pour me tromper ! Avoue !
R : (à part) Là je crois que Kafka s'est égaré dans la Quatrième Dimension. (à M.) Mais tu élucubres !
M : Pas du tout ! Feydeau est un expert. (elle agite ses bras en tous sens) Comment faire sa cour élégamment. Comment réserver la chambre dans le bon hôtel. Comment préparer un baratin pour le mari ou pour moi en cas de rencontre fortuite…
R : Alors d'abord, les « amants » potentiel du Dindon sont plutôt de gros maladroits et en plus ils ne sont pas aidés par le destin qui les met dans des situations inextricables.
M :Mff ! Dans ce cas tu apprends tout ce qu'il ne faut pas faire ; ça revient au même.
R : Mais tu es terrible ! Ceci dit c'est vrai qu'ils sont très forts en improvisation.
M : Quand je pense à ce que les pauvres personnages féminins sont obligés de subir.
R : Oh, mais elles savent se défendre. Il y a deux épouses qui n'hésitent pas à appliquer la loi du Talion.
M (se rapprochant) : Quoi ?
R : Eh bien oui ! Dès qu'elles ont la certitude que leurs maris les trompent, elles se donnent à leurs amants (à art) Bon, à un amant potentiel qui se trouve face aux deux en même temps et est bien embarrassé pour choisir.
(Madame s'est encore doucement rapprochée et essaie de s'emparer du livre)
R : Mais qu'est-ce que tu fais maintenant ?
M : Donne-moi ça !
R : Pourquoi ?
M : Donne ! Ça m'intéresse de savoir comment on trompe son mari. (elle lui court après).
R : Tiens donc ! Non, tu ne l'auras pas !
M : Je le veux !
R : Non, je te dis. de toute façon tu serais déçue car Feydeau ne va pas jusqu'au bout. Tout s'arrange bien pour tout le monde et personne ne souffre
M : Bon, et bien dans ce cas tu n'as pas à t'inquiéter. Donne !
R : Non ! Je ne veux pas que ces idées te donnent des idées.
M : Ah ! C'est moins rigolo quand on est le dindon soi-même hein ?
R : Oh et puis zut ! Tiens, prend-le. Tout ce que tu vas attraper, c'est une crise de rire.
M : Merci… (elle se rapproche) Bon. Je me suis peut-être emportée.
R : (à part) Peut-être ? (à M) J'ai peut-être été un peu jaloux aussi.
M : Et si on faisait semblant d'être des amants hein, histoire de mettre un peu de piment. Tu réserves une chambre d'hôtel et…
R : Bonne idée… La même que d'habitude ?
M : Oui, l'aventure d'accord, mais en hôtel trois étoiles pas moins.
R (s'éloignant vers le fond) : J'y vais. Au fait, tu savais que Feydeau et Raimu s'étaient connus ? Marrant, en lisant ça j'ai eu l'impression qu'on avait trouvé assez de terre pour combler un abîme de temps et… (il sort)
M : Bla bla bla ! Je vous jure ! Ce qu'il ne faut pas faire pour le sortir de ses bouquins à celui-là. (elle sort)

Challenge Théâtre 2017-2018
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Un vaudeville avec , comme de bien entendu des quiproquos, des retournements de situations; une pièce de théâtre haute en couleurs avec des réparties à la mesure des personnages.
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Quiproquos, adultères, maris trompeurs, maris trompés. Un classique du vaudeville. Une bonne pièce de Georges Feydeau, amusante et agréable à lire. Personnellement, je trouve que par moment, le rythme s'essouffle un peu, en comparaison avec d'autres de ses pièces comme la Dame de chez Maxim.
Sympathique mais pas le meilleur Feydeau.

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Je lis peu de théâtre. Une pièce par an, guère plus. Et je me suis promis d'en lire plus, moi qui aime jouer au théâtre, en amatrice et pour rire, je me dois d'en lire afin de savoir juger de l'efficacité d'une pièce. Entre autres, car ce n'est pas la raison première de cette résolution. C'est que dans mes lectures, j'ai trop négligé le théâtre, tout comme la poésie et les essais d'ailleurs, au profit de romans. Et qu'à présent je réalise que j'ai eu tort, dans le sens où la littérature ne se limite pas au roman.

Cette pièce se déroule en trois actes. Dans trois lieux différents, où une quinzaine de personnages (couples, valets et bonnes) sont confinés.

L'histoire est simple - et trop complexe à la fois pour un résumé exhaustif - : les Vatelin sont mariés et s'aiment. Redillon, ami de Vatelin, courtise sa femme depuis longtemps. Pontagnac, coureur des jupons, suit Lucienne Vatelin jusqu'à chez elle et découvre qu'elle est l'épouse de Vatelin, son ami. Lucienne se fait la promesse de tromper son mari par vengeance si, un jour, il la trompe. Tout s'emballe avec l'arrivée de la maîtresse que Vatelin a eue lors d'un voyage en Angleterre. Reste à savoir qui, dans ces histories de coucheries entremêlées, sera le dindon.

Cette pièce réunit tous les critères du Vaudeville. Elle met en scène bourgeois et serviteurs sans talents, dont les actions sont peu conséquentes (adultère, désir de vengeance d'une femme trompée, etc).

Les personnages sont piètres, sans grand intérêt, et sans aucune profondeur. Ils sont simplement placés là pour l'intérêt des rebondissements, et parce qu'ils sont pris dans une spirale de quiproquos et d'accidents qui se résolvent presque par eux-mêmes, ce qui évite l'intervention d'un quelconque héros et qui exclut toute morale à tirer de l'histoire. À la fin, les choses reviennent à la normale, sans intervention morale ni héroïque, comme il se doit dans le Vaideville.

C'est donc sur ces critères que doit être jugée cette pièce. Est-elle un bon vaudeville ? Si le genre est souvent considéré comme un art mineur, facile, léger, aux situations improbables et aux blagues potaches et répétitives, peut-il y avoir de bons, et même d'excellents Vaudeville ?

C'est drôle. Vraiment drôle. D'une ironie très fine pour un Vaudeville. de bons mots d'esprit et d'excellents jeux de mots, vraiment. Qui m'ont fait souvent sourire. Tout comme les allusions grivoises, qui sont placées là avec une habileté fine.

C'est très rythmé, vivant, dynamique. Écrit dans une sorte d'énergie vive. Les quiproquos s'enchaînent à bon rythme, ce qui est plaisant et ne laisse place à aucune impatience ou impression de longueur inutile.

Il semble d'ailleurs qu'aucune réplique ne soit écrite pour rien. Chaque intervention à but, de transition ou d'enchaînement, mais absolument rien paraît ne pas servir le déroulement logique de l'intrigue.

Alors, évidemment, on ne trouve aucune philosophie là-dedans, ni rien de sérieux. Tout n'est que légèreté et divertissement. Les situations sont absurdes, bien sûr.

Cependant, savoir faire rire avec talent est un art. Et dans cette pièce, c'est plutôt réussi.
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J'ai vu «Le dindon» de Georges Feydeau au Lucernaire à Paris. J'ai bien rigolé grâce à l'adaptation de Philippe Person mise en scène par Florence le Corre et Philippe Person. La lecture du texte d'origine s'imposait donc pour prolonger le plaisir.
Cette comédie en trois actes, créée en février 1896 sur la scène du théâtre du Palais-Royal n'a pas vieillit. Et comme tout classique, Feydeau est intemporel.
L'action se situe à Paris. Une jeune femme courtisée mais prude a juré de prendre un amant le jour même où elle apprendrait l'infidélité de son mari. Des prétendants, une anglaise excentrique, un anglais de Marseille, un couple dont la femme est sourde comme un pot, apporteront un vent de folie dans les intérieurs bourgeois dont Feydeau aime tant se moquer. La mécanique est en place et se déroule dans la plus pure tradition du théâtre de boulevard avec un feu d'artifice de quiproquos et un rythme qui ne se ralentit pas jusqu'au coup de théâtre final qui nous permet de savoir qui est le dindon de l'histoire.

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Dupes et plaidoyers s'enchevêtrent de tirades en dialogues, les sentiments se voilent et se dévoilent à l'envi.

L'envie du désir pour une personne ou une autre; qui sait ?

Orgueil et crédulité se mélangent et se bousculent au rythme des jeux de l'amour et des hasards d'instants.

Qui de l'un ou de l'autre sera de la farce ?

Celui ou celle qui saura ce que l'autre pourra laisser deviner, aura peut être gagner.

En attendant, celui qui trompe l'autre, gagne et, rideau pour tout le monde !
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Du théâtre remplis d'humour, de grivoiseries et de scènes presque touchantes. La situation présentée par le dramaturge est complexe, hilarante et remplie de quiproquo drôles. Les dialogues sont extra et donnent réellement une âme à la pièce. Je suis plutôt une adepte des représentations visuelles mais cette pièce est lisible, compréhensible et mémorial !
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superbe piece de Feydeau sur le theme de comedie eternel de l'infidelité je me suis réalé sur cette piece rythmee et captivante un regal !
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Vatelin et son épouse Lucienne sont heureux en ménage mais Lucienne est très courtisée : de longue date par Rédillon un ami du couple et depuis peu elle est également poursuivie par Pontagnac. La situation se complique lorsque Maggy, une femme mariée avec qui Vatelin a eu une aventure lors d'un voyage à Londres, se présente chez lui. Malheureusement, son époux a été alerté et cherche à savoir qui est l'amant de sa femme.

Cela va amener à une multitude de péripéties et de retournements de situation. Qui trompera qui avec qui ? Qui sera finalement le dindon de la farce ?
Un vrai vaudeville, très rythmé, foisonnant de retournements de situation et de coups de théâtre. Les personnages se succèdent, les couples s'emmêlent, les quiproquos s'enchaînent.
Lien : https://lectureenfantparent...
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