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"Mais vous n'aurez pas mes cendres. Vous n'aurez pas mes cendres, Girardin ! Ni vous, ni vos confrères. Je vous le dis sans animosité. Mes oeuvres vivront par elles-mêmes par-delà ma mort et dans plusieurs siècles, des hommes, des femmes achèteront mes livres, parleront de moi. Mes livres ! Entendez-vous bien ce mot ? Quoi de plus durable qu'un livre ?"

Chateaubriand vs Girardin

Serge Malakoff, le narrateur, est un dramaturge vieillissant ayant connu de multiples succès dans sa vie grâce à ses oeuvres. En perte de notoriété, il se lance dans l'écriture d'une nouvelle pièce de théâtre dont il est persuadé qu'elle lui rendra son lustre d'antan. le sujet ? Un duel entre Chateaubriand et Girardin concernant la publication des Mémoires d'outre-tombe en feuilleton dans la Presse, le quotidien de ce dernier.

La pièce est attendue par l'auteur, mais également par les femmes de sa vie, les actuelles et les anciennes, les officielles et les officieuses ainsi que ses connaissances du milieu et Ludo, son meilleur ami. Sa production ne sera pas de tout repos. S'il est déterminé à donner satisfaction à la plupart, s'il est convaincu que sa pièce sera un immense succès, Serge Malakoff a du mal à avancer. Il passera par des moments de fort doute notamment durant ces récurrentes migraines.

Mélangeant réel et imaginaire, rêve et réalité, hallucination et lucidité, le lecteur voyage à la fois dans le temps et l'espace tout au long de ce court roman. Il se délectera également avec le côté gastronome et gourmet du narrateur.

"Le talent dramatique est un flambeau : il communique le feu à travers d'autres flambeaux à demi éteints, il fait revivre des génies qui nous ravissent par leur splendeur renouvelée."

Un récit original

Vous n'aurez pas mes cendres ! repose sur une idée originale qui s'avère fort intéressante. Si de prime abord il traite de la création théâtrale, on s'aperçoit en avançant dans les chapitres que ce n'est qu'une infime partie des thèmes.

Les évocations De Chateaubriand et surtout Girardin incitent le lecteur à se replonger dans cette époque historique pour approfondir ses connaissances. Qui est ce « fameux » Girardin dont je n'avais jamais entendu parler ? J'ai creusé et je pense, à l'instar de Patricia, qu'il mérite d'être davantage reconnu.

"La jouissance de tenir son sujet, de le dominer, d'être le maître des mots, de marcher avec ses personnages, de faire vivre l'Histoire et ton histoire, c'est mieux qu'une femme Ludo ! Quel malheur que tu ne connaisses pas cela !"

Le sujet de la création est également central, tout comme celui de la confiance en soi. Les fulgurances de Serge Safran sont contrebalancées par ses descentes en enfer alcoolique et migraineuses. A contrario, ses rêves et ses relations amoureuses démultiplient son imagination.
Le tout coule de source et paraît évident. Parfaitement orchestré et maîtrisé par l'auteur, le récit est fluide. Tout coule de source et parait d'une évidence même.

Une écriture subtile

"Un coup de vent souleva les pans de son manteau. Il me prit par le bras pour m'inviter à marcher près de lui, sous les colonnes du jardin du Palais Royal. Il avait sans doute la trentaine, je ne pus m'empêcher de le trouver beau. Comme je comprenais les femmes qui avaient succombé à son charme ! Cette prestance aristocratique à laquelle s'ajoutait un zeste de sauvagerie imposait qu'on le regarde avec admiration."

Vous n'aurez pas mes cendres ! est un roman facile et très agréable à lire. L'écriture est vive, plaisante, habile et d'une grande fluidité. La encore, j'ai constaté une maîtrise extrême de l'auteur maniant poésie, ironie et répartie avec talent. Elle n'hésite pas à faire appel à du langage plus cru et châtié lors des passages plus sentimentaux et à l'humour pour appuyer des affirmations fortes.

J'ai été conquis et séduit autant par le fond avec cette ballade historique, littéraire, culinaire et romanesque que par la forme. Je trouve que les 170 pages de l'oeuvre mettent bien en exergue l'écart entre les envies et la réalité de la vie.

"Vous savez ce que je pense de la censure, je lui ai consacré un manifeste. La liberté de la presse est un principe, principe vivant du gouvernement représentatif… La liberté de la presse n'est point la propriété d'un ministère ; il ne doit pas en user à son gré ni selon son tempérament. Cette liberté doit être considérée dans cet ordre par rapport aux intérêts généraux, par rapport aux citoyens, par rapport à la société tout entière, c'est une liberté qui assure toutes les autres dans les gouvernements constitutionnels. On ne croit point à un journal censuré ; la vérité devient mensonge en passant par la censure"

C'est avec cette belle citation ô combien vitale à notre époque que je conclus cette chronique.

Vous n'aurez pas mes cendres ! est un très bel hommage à Chateaubriand ainsi qu'aux procédés d'écriture et à la littérature au sens large du terme. Patricia de Figueiredo nous offre un récit émouvant et poignant.

J'ai beaucoup apprécié et l'ai véritablement dévoré. Je vous invite à votre tour à le découvrir.

4/5

Lien : https://www.alombredunoyer.c..
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Unique, poignant, « Vous n'aurez pas mes cendres » est un récit subtil, solaire. Aérienne, l'écriture est habile, maîtrisée à l'extrême. L'incipit « La plage était déserte. J'étais face à la mer. » retient toute l'attention. Nous devinons un narrateur romantique, mélancolique, en proie aux tourments existentialistes qui va nous guider dans une trame où le hasard n'est pas. Un pas de côté salvateur. Allumer le flambeau du passé, la rencontre emblématique De Chateaubriand et Emile de Girardin dont le fil rouge est « Les mémoires d'outre-tombe » De Chateaubriand. On aime le jeu pertinent de Patricia de Figueirédo qui ouvre les tiroirs d'une telle façon qu'ici il n'y a pas de « Complexe de l'Albatros » nous sommes dans une construction perfectionniste. Serge Malakoff, le narrateur est écrivain. Ses pièces de théâtre ont un fort succès. Il veut mettre au monde la rencontre entre Emile de Girardin et Chateaubriand sur fond de toile « Les mémoires d'outre-tombe » Emile de Girardin est un avant-gardiste, un libéral également en quelque sorte. Un homme de paix dont l'adage « L'instruction est à l'homme ce que la charrue est à la terre » prend dans les lignes le sens ultime. Ce dernier veut glisser dans son journal en mode feuilleton « Les mémoires d'outre-tombe » Chateaubriand refuse cette idée. Il désire Les mémoires dorées à l'or fin, parabole d'une littérature reconnue et appréciée, lue par les érudits, les intellectuels. Il réfute la vulgarisation. Voit l'esprit créateur, au devenir incunable et immortel. « D'aucuns l'accusaient d'avoir laissé entrer la corruption dans le monde du journalisme, en ouvrant ses colonnes à « la réclame » Pourtant cet entrepreneur de presse voulait la connaissance pour le plus grand monde. « Il n'y a guère, socialement, qu'une idée mère dans les esprits. le problème à résoudre est toujours celui-ci : le plus de bonheur possible pour le plus grand nombre possible. C'est là que se rencontrent tout homme d'Etat, tout penseur et tout écrivain…. Toutes les opinions, tous les intérêts légitimes ne peuvent-ils pas être représentés, servis, conciliés dans un même journal, comme dans un même gouvernement ; dans un même journal comme dans une même patrie ? » le plus de bonheur possible, pour le plus grand nombre possible. » Serge puise son inspiration dans la stabilité de son imaginaire. Cet être qui se cherche et ne se trouve pas, en proie à la rupture avec son ex-femme, ses rencontres amoureuses éphémères, est seul, bien trop seul. Solitude criante, cendres métaphoriques. « Serge songea qu'à défaut de présence féminine, il allait dormir pendant quinze jours avec une bouillotte dans le dos. » Serge n'a d'écho donc, que des rencontres fragiles. Des femmes qui passent, furtives, restent un peu et quittent cet homme à l'instar d'un manteau retiré malgré le froid mordant. Son fils, petit-fils, éloignés à l'autre bout du monde, son ex-femme au relationnel ambiguë avec lui-même, seul fil d'attache, un chat Papillon en mode garde. Ne pas dire ce qui va advenir de cet homme en piège hallucinatoire. Voit-il Chateaubriand ? Emile de Girardin ? Sa vie défiler ? Sa résurrection prendra t'elle son souffle lors du point final de la pièce de théâtre ? Ce grand livre est intuitif. Il ouvre la voie aux convictions. C'est un hymne à la littérature, à sa démocratisation. Il annonce la liberté absolue de conscience. La confrontation entre Girardin et Chateaubriand est une double lecture dont il faut retenir toute la saveur, la pertinence et le libre-arbitre. « Girardin » « Il est certain. Mais… Vous n'acceptez pas ? Je n'aurai pas votre autorisation morale ? « Chateaubriand » « Dois-je retirer mes propos ? N'êtes-vous pas si intelligent que cela en somme ? Je pense que vous m'avez bien compris. Peut-être vous passerez-vous de mon autorisation puisque vous en avez le droit. Mais vous n'aurez pas mes cendres, Girardin ! » Par-delà les cimes, Serge Malakoff est un emblème. Les cendres métaphoriques étreignent l'essence même de la vie. Ne jamais lâcher prise avec ses idéaux. Patricia de Figueirédo déploie « Vous n'aurez pas mes cendres » à l'instar d'un hommage aux illustres de ce monde, au chant littéraire, en osmose avec les espoirs, et les convictions. Il assemble l'épars. Deux siècles fusionnels à lire en échappée des rois. Majeur, les cendres sont apothéoses. Un futur grand film. Culte. Publié par les majeures Editions Serge Safran éditeur.

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Serge Malakoff, dramaturge à succès, écrit une nouvelle pièce sur la visite à Chateaubriand, d'Emile de Girardin, créateur du journal La Presse, où il publie les romans en feuilletons. Girardin innove également en introduisant la publicité, à l'époque, réclame dans les pages de son journal. Ce que d'aucun, dont le grand écrivain, trouve fort mal venu et incorrect.

Malakoff, ce vieux beau, nombriliste, habitant l'île Saint Louis, amoureux de jeunes femmes, semble être un dramaturge de renom puisqu'il côtoie Bernard Murat, Arditi à qui ils voudraient confier la tâche de mener sa future pièce au succès.

J'ai aimé la passion de Malakoff pour le sujet de sa pièce, à savoir Chateaubriand. Cela va même jusqu'à des hallucinations, qui ouvrent d'ailleurs le livre, hallucinations qui ont une autre source que son inspiration.
Patricia de Figueirédo mélange allègrement le livre, la pièce en création et les hallucinations avec un grâce virevoltante qui me permet d'oublier le nombrilisme de ce vieux beau snob.
Dire que Chateaubriand ne porte pas le journaliste dans son coeur est un doux euphémisme. Son ami est mort dans un duel avec Girardin. le même a racheté les droits des Mémoires d'Outre-tombe et veut les publier sous forme d'un feuilleton, ce que refuse Chateaubriand. La pièce est la rencontre, imaginée, entre les deux hommes à la demande de Girardin et l'occasion d'échanges vifs, mais policés.
Au fait, Patricia de Figueirédo, n'apportez pas votre chien à votre ex, car il se pourrait qu'il se transforme en chose ou repas, mais conduisez ou amenez-le, je crois que c'est mieux.
Lecture d'une seule traite pour un livre vif, très agréable, d'une écriture moderne, qui rend un hommage enlevé et gai à ce cher Chateaubriand.
Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Serge Malakoff, dramaturge vieillissant dont le succès bat de l'aile, écrit une nouvelle pièce qui met en scène la visite à Chateaubriand d'Émile de Girardin, grand inventeur de la presse moderne au XIXe siècle. Fondateur du quotidien "La Presse", il publie des romans-feuilletons et innove en introduisant le financement par la réclame. Cette visite a pour but d'obtenir de Chateaubriand l'autorisation de publier ses "Mémoires d'Outre-tombe" en feuilleton. Voilà l'occasion d'échanges vifs, de confrontations animées et brillantes, comme il se doit entre gens de lettres de haut niveau aux personnalités bien affirmées. Bien que le dramaturge ne cache pas son côté franchement narcissique et imbu de lui-même - il croit en son idée théâtrale géniale qui devrait enthousiasmer le metteur en scène Bernard Murat et le comédien Pierre Arditi - il n'en est pas moins touchant. En effet, il s'implique tellement dans son personnage de pièce qu'il en a des hallucinations où il entraîne le lecteur dès le début du livre. Quelles sont les sources de ses hallucinations ? Nous les découvrirons à la lecture de cette comédie menée rondement avec des entrelacements de situations mêlant réflexion sur la dramaturgie, extraits de la pièce et mésaventures sentimentales et médicales du dramaturge. L'auteure joue à sauter dans l'espace et le temps avec une écriture vive, plaisante, agréable à lire. Une idée originale pour rendre un hommage réussi à Chateaubriand et au processus d'écriture dramatique.
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Serge Malakoff, dramaturge, travaille à l'écriture d'une pièce de théâtre qui, l'espère t-il, le propulsera sur le devant de la scène. Il planche sur Châteaubriand et Émile de Girardin (journaliste) qui s'opposent sur la parution dans La Presse des Mémoires sous forme de feuilletons. Ses personnages imprègnent tant Serge qu'il est pris d'hallucinations au cours desquelles il converse avec François-René.

✍️Ce roman de Patricia de Figueirédo est une belle réussite. Elle croise les époques de François René de Chateaubriand avec la nôtre et réussit à nous projeter aux côtés de l'écrivain et du journaliste.
La transition d'une époque à l'autre se fait habilement et l'on passe sans rupture de la langue De Chateaubriand à celle de notre époque.
Le roman a une belle dynamique due au style théâtral du projet de Serge et de sa vie sentimentale et personnelle quelque peu tourmentée (avec des entrées et sorties des femmes de sa vie, dignes de celles d'une pièce de théâtre).
La fin du roman prend une autre voie bien plus émouvante, tout en pudeur.
Une très belle lecture
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Que feriez-vous si vous avez la possibilité de voyager dans le temps? Quelles sensations éprouveriez-vous?  Serge ne se posera pas la question puisqu'il a traversé le temps. Comment? Que va t-il lui arriver? Retournera t-il à son époque? Tant de questions qui réveillent ses angoisses. Ses peurs. Ses doutes. Vite effacées par l'aventure.

Une rencontre d'un autre temps. Une rencontre bénéfique pour un écrivain. Surtout quand il rencontre l'objet de son livre en cours d'écriture. N'est-ce pas une manière d'échapper à la réalité? D'oublier le fiasco de sa vie? Serge voit sa vie filer, se détériorer au fil des rencontres. Des ruptures. Des rêves presque avortés. Alors, il écrit. SA pièce de théâtre. SA raison de vivre. SA passion à laquelle il a sacrifié beaucoup de choses. Beaucoup de proches.

Vous n'aurez pas mes cendres ! Un roman qui raconte la solitude d'un homme très entouré. D'un homme qui a un secret qui lui gâche la vie. Un secret qui lui permet quand même d'échapper à sa vie routinière. C'est l'histoire d'un homme à qui le destin a réservé une surprise. Et quelle surprise! L'assumera t-il? Préfèrera t-il tout ignorer pour la pièce de théâtre de sa vie? Que d'émotions!
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Sans vous en dévoiler totalement la teneur “Vous n'aurez pas mes cendres”, de Patricia de Figueirédo, est un roman d'une douce mélancolie.
Serge Malakoff dramaturge qui a eu son heure de gloire en écrivant des comédies de boulevard à succès a l'ambition de revenir sur le devant de la scène. Il a pour projet de relater la confrontation entre François-René de Chateaubriand et Émile de Girardin, patron de presse. L'enjeu étant la parution en feuilleton des fameuses “Mémoires d'outre-tombe”. Par un biais que je ne dévoilerai pas l'auteure parvient à envoyer son héros à la rencontre du grand homme à différents moments de son existence.
Nous suivons en parallèle l'élaboration de la pièce et les affres de son auteur. Avec une humilité non feinte et un style d'une sobriété appropriée Patricia de Figueirédo aborde les questions de la liberté de la presse et son dévoiement commercial, les difficultés de la création et ses motivations; tout en ébauchant le touchant portrait d'un homme confronté à la désinvolture de l'existence.
Plus en filigrane elle nous fait savoir par petites touches que la grandeur n'est rien au regard de ce qui semble être anodin et néanmoins peuple nos vies. Et par là même nous rappelle que tout a une fin. D'un tour de main d'une simplicité désarmante l'auteure réussit à toucher le coeur de ce qui gît enfoui en chacun de nous.
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