AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'amour et la violence (16)

Valentin est mon prénom, de nom je n'ai pas, ou alors je l'ignore, comme j'ignore mon âge. Je me donne cinquante ans, mais je pourrais en avoir dix de plus ou dix de moins. Grand échalas un peu voûté, cheveux d'un blond moyen, joues plates, front lisse. Dans le miroir voilé, l'homme qui me toise d'un regard clair est un fantôme. Sur son visage, rien n'imprime, ni la joie, ni le chagrin, ni le doute, seulement une stupeur de bas régime, l'abêtissement ténu des gens qui n'ont de mémoire que la courte traîne du présent.
Commenter  J’apprécie          110
Dans le miroir voilé, l’homme qui me toise d’un regard clair est un fantôme. Sur son visage, rien n’imprime, ni la joie, ni le chagrin, ni le doute, seulement une stupeur de bas régime, l’abêtissement ténu des gens qui n’ont de mémoire que la courte traîne du présent.
Commenter  J’apprécie          30
Comment on fait pour s’élever dans la hiérarchie des privilèges ? Je ne voulais pas avoir un meilleur nom, je voulais un autre nom. N’importe lequel. Un nom de récureur des chiottes aurait fait l’affaire. Mais ce n’est pas ce qu’elle a entendu. Elle s’est assise en face de moi, a bu une gorgée de vin. « Tu veux monter en grade ? Très bien. Prépare-toi à escalader une montagne si haute que sa cime se perd dans le ciel, si raide qu’elle semble dressée comme un seul bloc de pierre devant toi, si escarpée que tes vêtements deviendront vite des haillons. Toujours partant ? » J’ai doucement haussé les épaules dans un commencement d’objection silencieuse. Elle y a vu un oui ferme.
Commenter  J’apprécie          20
Voilà, j’ai un nom. Un nom, donc une identité, une identité, donc un statut, des privilèges, une certaine liberté. Pas un nom de peintre galeriste, c’est certain, mais pas non plus un nom de récureur de chiottes. Valentin Croissard, c’est médiocre, sûr, prometteur. Si je veux, je peux sortir. Je pourrais laisser ma mère en plan avec ses cachotteries et ses patates, et me perdre dans la Cité, enfin libre. Dans deux semaines, je serai à l’école, comme tous les gamins de mon âge. Une éternité que j’attends ce moment.
Commenter  J’apprécie          20
Parce que nous sommes pareils, lui et moi, je connais l'exact endroit où notre gémellité s'arrête. La frontière à partir de laquelle elle se mue en adversité. Son regard est vissé au ciel, le mien se perd à mes pieds. Ce que je cherche, c'est une sorte de paix intérieure, de vérité intime. Si je n'ai toujours pas atteint cet état, c'est que ne peux pas me débarrasser de l'idée que la vérité intérieure ne peut pas exister sans vérité tout court, que la paix intime ne sera atteinte qu'au prix de la justice dehors.
Commenter  J’apprécie          10
Ce que je cherche, c'est une sorte de paix intérieure, de vérité intime. Si je n'ai toujours pas atteint cet état, c'est que je ne peux pas me débarrasser de l'idée que la vérité intérieure ne peut pas exister sans vérité tout court, que la paix intime ne sera atteinte qu'au prix de la justice dehors.
Commenter  J’apprécie          00
Arrêtez-moi, mais laissez-moi d'abord épuiser le dédale des venelles qu'étranglent subitement de larges avenues bordées d'immenses platanes au feuillage d'or, permettez-moi de m'attarder devant ces majestueux portails en bois peint, ces arcades en pierre blanche derrière lesquelles se nichent dans des cours fleuries d'étonnantes chapelles, foutez-moi la paix le temps que je jouisse de cette ville jusqu'à la rupture, ce n'est pas tous les jours qu'on perd son pucelage dans l'étreinte d'une telle beauté.
Commenter  J’apprécie          00
"La médecine de la Patrie pouvait presque tout, mais elle n'a pas pu s'affranchir de cette douloureuse condition humaine : Il en faut deux pour en faire un."
Commenter  J’apprécie          00
Depuis que j’avais un nom, j’avais pris l’habitude de l’écrire dans mon carnet, scandant les cinq syllabes au gré des mouvements du stylo. Valentin Croissard, Valentin Croissard. La bouche empâtée par une dissociation que je pressentais sans pouvoir la nommer. Un jour, le mécanisme de la répétition s’est soudain détraqué. J’avais douze ans. Ma mère disparaissait nuit et jour. Croiss-ard. Quelque chose ne fonctionne plus. Ma bouche est pleine de merde. Ses bruns ruisseaux nauséabonds s’immiscent dans les commissures, serpentent dans ma poitrine, gouttent à mes pieds.

Ce nom, je le hais.

Ce soir-là, ma mère est rentrée. Elle est même rentrée tôt, les mains chargées de bonnes choses pour le dîner. Radieuse et gaie comme je ne l’avais pas vue depuis un bon moment. Sa bonne humeur déliait ma langue, et je me suis entendu lui demander : comment on fait ? Comment on fait pour changer de nom ?
Commenter  J’apprécie          00
L’Inquisition ne s’intéresse plus aux milieux du milieu. Les usurpateurs se planquent ailleurs. »
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (40) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Littérature latino-américaine

    Quelle période marque le boom de la littérature hispano-américaine ?

    Les années 1890-1900
    Les années 1910-1920
    Les années 1930-1940
    Les années 1950-1960

    10 questions
    46 lecteurs ont répondu
    Thèmes : amérique du sud , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}