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Citations sur Ce que peut la littérature (10)

Aharon Appelfeld l'écrivain du silence- Entretien avec Geneviève Brisac et Valérie Zenatti

Alain finkielkraut: il y a de mauvais livres, il y en a de passables, comme il y en de bons, voire de très bons. Et puis de temps en temps il y a des livres qui ont la grâce. A cette catégorie rare et intimidante appartiennent sans contexte les deux derniers ouvrages d'Aharon Appelfeld publiés par les éditions de l'Olivier-Histoire d'une vie - et -L'Amour, soudain- On est tenté, une fois ces livres refermés, de ne rien dire et de confier son émotion au silence, de peur de perdre la grâce dans l'émotion du commentaire. (p.101)

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Dans le chapitre la place des poètes : Qu'est-ce que le poète peut avoir à traiter dans le langage ? D'une part, il a un réseau de significations, relevant de la sémantique ; d'autre part il a un rythme, un rutmos, que l'on peut expliquer en reprenant l'analyse de Benveniste: c'est à la fois la forme mais aussi le mouvement de ressac des vagues. En vieux ionien, le tmos indique l'accomplissement des choses avant que celui-ci ne soit achevé. Enfin, il y a ce que nous appelons dans notre jargon philosophique la dimension de monde du langage le monde, c'est la globalité et la pré-individualité d'où se dégagent les choses et sur lesquelles le poète peut travailler par le rythme justement
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Dans le chapitre la place des poètes : Kant dit que l’artiste, lorsque, face à la singularité de l'objet, il se retrouve en panne de concepts et qu'aucune définition ne lui permet de rendre compte de la chose. Donc, selon ses moyens, ou bien il prend ses pinceaux, ou bien il écrit de la musique, ou bien il emploie le langage. Mais, chose extraordinaire pour un rationaliste du XVIIIe siècle, Kant nous dit dans la troisième Critique que « le beau plaît sans concept » donné d'avance. C’est là quelque chose de très important qu'il convient de souligner : tout notre langage est conceptuel, tout notre langage vient de définitions que l'on retrouve dans les dictionnaires; mais si véritablement le propre du poète est de chercher à nous rendre présent dans la singularité irréductible de la chose ce qui échappe à l'ordre conceptuel, il se trouve dans une position très délicate. Il doit en effet défonctionnaliser le langage et, dans une certaine mesure, détruire les rapports traditionnels qu'entretiennent dans le langage les mots les uns avec les autres.
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Dans le chapitre Barthes et le roman: le Barthes ironique et catégorique des Mythologies. Ce livre étincelant me paraît, au bout du compte, bête : certes, au sein d'une bêtise collective, Barthes est très intelligent, mais la bêtise de ce livre est de dire que le mythe est à droite car il transmue l'histoire en nature : et qui, sinon la classe dominante, souhaite que le monde s'immobilise ? Or le mythe est d'abord une histoire et l'Histoire acquiert elle-même une force mythique, une aura légendaire quand elle se présente comme l'épopée prométhéenne du genre humain. Personnage mythique s'il en est, Prométhée est de gauche. Barthes fait, avec virtuosité, allégeance à ce mythe jusqu'au jour où il cesse d'aller de l'avant et où il tourne le dos à l'avenir : c'est aussi cela le roman pour Barthes, la destitution et le remplacement de Prométhée par Orphée. Il regarde en arrière, le deuil (il vient de perdre sa mère) libère en lui un autre rapport au temps, une autre définition de la littérature : celle-ci lui apparaît alors, par-delà les vicissitudes de la querelle des Anciens et des Modernes, comme l'éternelle protestation de l’Amour contre la Mort.
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Dans le chapitre la place des poètes : Les phénoménologues ont cet excellent terme, emprunté à Leibniz et à Kant, qui est celui d'« aperception » : vous ne voyez pas simplement une chose par sa perception sans que se greffe dessus tout un système d'aperceptions affectives ou autres. Le poète est celui qui les dégage, et il est tellement affairé par cela que l'arbre en tant que tel n'est pas ce qui l'intéresse.
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Dans le chapitre sur le livre de Hoggart, 33 New Port Street : Hoggard sait que les hiérarchies culturelles sont des hiérarchies sociales, que la haute culture, c'est-à-dire aussi bien la culture la plus savante que la culture la plus légitime, est inégalement distribuée, inégalement accessible, et que sous ce rapport elle se confond avec la culture dominante. Mais il ne verse pas dans le relativisme radical (absolu) qui va de pair avec le sociologisme, et qui proclame l'arbitraire de tout classement, de toute hiérarchie culturelle. S'il souhaite que les inégalités sociales devant la culture se réduisent, que la culture soit ouverte au public, comme les jardins ou les bibliothèques municipales, c'est parce que sa réussite scolaire improbable lui a permis de découvrir la « richesse » de la culture savante, et de constater que celle-ci ne se réduit pas complètement à sa légitimité et à sa supériorité sociales
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Dans le chapitre sur le livre de Hoggart, 33 New Port Street : Hoggart, au contraire, restitue et représente la culture dont il est issu dans son autonomie symbolique, à la fois dans sa nécessité, dans ses contraintes, dans ses limites et dans ses ambivalences. En soulignant les différences, en montrant à quel point des traits apparemment communs peuvent avoir des significations différentes, il nous aide à faire à notre tour l'ethnographie de notre propre culture et à nous arracher à nos limites.
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Dans le chapitre sur le livre de Hoggart, 33 New Port Street : En racontant comment il s’est évadé de sa culture d'origine, Hoggart nous permet à nous aussi de nous évader des limites étroites de notre propre culture. C'est exactement l'inverse de ces romans prétendument historiques qui réduisent la spécificité d'une autre époque en cherchant à retrouver de grands invariants existentiel.
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Dans le chapitre sur le livre de Hoggart, 33 New Port Street : Il est vrai aussi que son exemple pousse à l'idéalisation rétrospective de l'école méritocratique. Le constat des dérives et des impasses du populisme post méritocratique, qui ne peut qu'enfermer les enfants issus des classes populaires dans leur prétendue identité culturelle, pousse aussi à cette idéalisation
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Dans le chapitre Barthes et le roman: Dans Mythologies, il n'y a apparemment pas de réel : tout n'est que fiction, tout n’est que mystification ; toute l'entreprise de Barthes aura été de pulvériser la réalité pour en faire un simulacre. Or, dans « Le Mythe aujourd’hui » (1957), Barthes revient là-dessus et constate que l'intellectuel, aujourd'hui, a le choix entre deux positions : soit idéologiser, c’est-à-dire déconstruire la réalité en montrant que ce sont des simulacres et des logiques ; soit poétiser, c'est-à-dire découvrir le «sens inaliénable des choses ».
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