Le Jour et l'Heure

Il y a des gens qui sont dépassés par la liberté que prennent les autres, ça les enrage, ça les rend dingue. Ils aimeraient que tout le monde reste englué, exactement comme eux.

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Je ne sais pas pourquoi j'ai fait médecine, moi, je voulais être juge. Enfin, si, je sais pourquoi, Maman me disait, le droit, c'est pas marrant, et puis tu n'es pas une littéraire. C'est vrai que je lisais très peu, alors je me suis rabattue sur médecine. (...) Mais j'ai vite compris que c'était un métier idéal pour approcher les gens dans leur intimité, dans leur plus grande vulnérabilité, dans leur corps.

Je ne réalisais pas vraiment ce qu’on allait faire là-bas. On vivait minute par minute, et c’est ça la vie finalement, c’est minute par minute, le reste, c’est du vent.

On croit toujours que nos mères sont éternelles.

La veille de Noël, j’ai vu arriver une jeune femme, vingt-cinq-trente ans, toute petite, toute menue…Elle m’a raconté les viols qu’elle avait subis pendant son transit, les tortures…elle parlait doucement, les yeux baissés, et moi je l’écoutais. Tout le long de son voyage, on avait tenté de la réduire à néant, et pourtant, elle était là devant moi…avec ce grand besoin d’être entendue…Je me disais, si je l’écoute jusqu’au bout, si je comprends son histoire, elle retrouve une partie de son humanité perdue…

Perdre sa mère, c'est devenir définitivement adulte, c'est se dire, je ne peux plus aller chouiner dans les jupes de Maman, je n'ai plus qu'à m'assumer.

Il y a des gens qui sont dépassés par la liberté que prennent les autres, ça les enrage, ça les rend dingue. Ils aimeraient que tout le monde reste englué, exactement comme eux.

Il y a des gens qui sont dépassés par la liberté que prennent les autres, ça les enrage, ça les rend dingue. Ils aimeraient que tout le monde reste englué, exactement comme eux.

Moi je ne dis jamais les choses pour faire mal mais parce que je les trouve vraies. Sauf que souvent, j'oublie qu'en face, les gens ont peut-être leurs soucis, et qu'ils n'ont pas envie d'entendre la vérité. (p.80)

Moi, je n'ai pas attendu la mort de Maman pour tuer la mère, c'est déjà fait depuis longtemps.
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