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EAN : 9782072797392
192 pages
Gallimard (16/08/2018)
3.68/5   594 notes
Résumé :
"Et l'enfant ?
Il dort, il dort.
Que peut-il faire d'autre ?"

Une jeune mère célibataire s'occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l'étouffement, la mère s'autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l'appartement d'abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (207) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 594 notes
Il suffit de peu pour sombrer dans la nuit la plus noire. Quelques factures impayées, un emploi qui ne vient pas, un enfant à élever seule, pas de famille, pas de crèche et vous êtes cuits, la corde se resserre, la nuit sera encore longue.
Une histoire comme il y en a pleins, une histoire de débrouille, à écumer les bons de réduction, à chercher conseils sur la toile, à attendre en vain le père-fantôme-déserteur, un jour qui se confond avec la nuit où aucune prière n'est entendue.

Voici l'histoire que nous livre Carole Fives.
Une mère solo s'occupe nuit et jour de son garçon de 2 ans sans ressource autre que son temps et son amour. A l'heure où la chèvre de Seguin espère tenir jusqu'à l'aube avant de se faire dévorer par le loup, cette mère espère elle aussi tenir jusqu'à l'aube avant d'être aspirée par la société. Une société du chacun pour soi, une société où le courage ne gagne aucune médaille, une société où l'on crève d'être laissé pour compte.

Carole Fives n'y va pas par quatre chemins. C'est direct et incisif. Cliché ou sur-médiatisé. Être mère-solo avec un jeune enfant, je connais, et l'amour pour la chair de sa chair fait pousser des ailes, fait déplacer des montagnes. Les aides existent, des logements sociaux, aux allocations diverses, aux devoirs du père à coups d'avocat pro deo,... La vie n'est pas simple et souvent injuste mais aimer son enfant est la plus grande richesse et la plus grande force qu'il soit donné aux mères.
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Voulez-vous que je vous raconte l'histoire de la chèvre de Mr Seguin ?
Ah bon, vous la connaissez ! C'est vrai, tout le monde se souvient de cette petite chèvre avide de liberté, qui était incapable de vivre enfermée, attachée.

Eh bien, je peux vous dire qu'il y en a beaucoup autour de vous, de ces petites chèvres, qui se feront manger par le loup – la société - parce qu'elles n'en peuvent plus de leur vie d'esclave.
Des esclaves ? Ca n'existe plus chez nous, allez-vous me dire. Moi, je vous affirme que si ! Et je suis la première honteuse parce que je ne m'en rendais pas compte.
Je parle ici des femmes « solo » comme on dit pour cacher la vérité crue, des femmes que leur compagnon, leur mari a abandonnées avec l'enfant, les enfants. Des femmes qui doivent se battre pour survivre, pour que leur enfant soit aimé comme les autres, qu'il ait des jouets, qu'il mange bien, qu'il dorme dans une chambre acceptable...Et qu'il se développe normalement, sans son papa.

« Tenir jusqu'à l'aube », elles doivent tenir, ces femmes ! Et plus tard que l'aube ! Caroline Fives nous relate dans ce livre le quotidien d'une jeune femme abandonnée par son compagnon, avec son enfant de 2 ans qu'elle adore. Graphiste « free lance », elle se bat pour survivre.
Mais comment trouver du travail avec un enfant qui ne va pas encore à l'école, avec presque pas d'argent ? C'est vraiment le quotidien qui est narré ici, et ça me fend le coeur.
Ce me fend le coeur, oui, car la société bien-pensante est la toute première à taper sur le dos de ces femmes seules, « qui ont voulu l'enfant, donc qui doivent assumer ». Et les papas, alors ?
Lorsqu'elle recherche de l'aide sur des forums, elle se rend compte de l'imbécillité de ces gens bien-pensants. J'en suis atterrée.
Par conséquent, pour survivre, elle part 10 minutes, le soir, lorsque son enfant dort...Elle fait le tour du bloc. Puis elle va un peu plus loin, jusqu'au fleuve. Et elle revient vite, vite. C'est son oxygène.
C'est elle, la petite chèvre de Mr Seguin.

Et s'il vous plait, au lieu de la condamner, trouvez-lui de l'aide ! En ces temps électoraux (en Belgique, c'est aujourd'hui), votez pour les gens qui comprennent, qui savent ce que signifie tenir seule et vouloir le meilleur pour son enfant tout en ne sombrant pas dans la folie.
Caroline Fives les comprend, elle. Et très bien. Moi aussi, maintenant, je les comprends.
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Une situation sans issue apparente que vit la jeune dame du roman.
Elle a un petit garçon de deux ans qu'elle élève seule sans aide de nulle part.
Il y avait bien un père, un compagnon au départ mais il est parti. Le quotidien n'était certainement pas son truc, à sa compagne d'assumer.
Plus facile à dire qu'à faire.
C'est avec beaucoup de dévouement et d'amour qu'elle s'occupe de son enfant mais elle voudrait tant une petite porte de sortie.
Alors, quand le petit est endormi, elle descend d'abord faire le tour du pâté de maison.
Elle a un métier : elle est graphiste free lance mais il faut le temps de s'y consacrer, de chercher du boulot. Les crèches ne laissent de la place qu'aux personnes qui travaillent.
Sa seule compagnie avec les adultes, ce sont les communications sur des forums avec des internautes "mamans solos". Elle s'y confie mais ne reçoit pas que des messages bienveillants comme celui où l'internaute lui fait carrément la morale.
Carole Fives fait référence au conte d'Alphonse Daudet et la chèvre de Monsieur Seguin qui essaie d'aller tout le temps plus loin dans ses limites pour gagner un peu de liberté, un peu d'air, un peu de temps pour elle.
Un roman dramatique de solitude et de noirceur pour ces jeunes femmes qui doivent affronter seules et sans moyens financiers la responsabilité de maman, qui ne voient pas le bout du tunnel.
J'ai personnellement regretté la narration à la troisième personne qui donne une trop grande distance au lecteur vis-à-vis du personnage principal. J'aurais préféré qu'elle existe plus.
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" Et l'enfant ?
Il dort, il dort.
Que peut - il faire d'autre ?
"Elle ", son personnage, toujours appelée ainsi de même que le fils sera "l'enfant" vivent seuls , bloqués , confinés dans un appartement, en vase clos, dans un tête à tête quasi carcéral. .....
Ce récit conte la vie d'une mère célibataire, une mère en "solo"d'un enfant de deux ans , graphiste en free- lance, sans salaire fixe, trop précaire pour embaucher une nounou et pas de place en crèche..".Tenir-jusqu'à-l'aube "ou comment se mettre dans la peau de cette mére, comprendre son quotidien , dérangeant et vrai, se retrouver sans confident, entre injustice,
enfermement , culpabilité , nourrie du sentiment d'être sans arrêt jugée....dans la rue, au parc, par ses voisins....
La voici comme "La chèvre de monsieur Seguin "qui se met à tirer sur sa corde. Solitaire ,elle cherche à souffler un peu , les réseaux sociaux ne lui fournissent que des réponses idiotes , culpabilisantes, bien pensantes,voire des conseils imbéciles ....
Mais Que font donc les pères dans notre société ? Que sont- ils devenus?
Alors elle franchit la porte de son appartement , fugue,claque la porte, tire sur la corde jusqu'à partir plus loin chaque nuit , oubliant le mépris et tout ce qui pése , le souffle court , quelques minutes pour respirer les parfums de la rue....se testant , goûtant ces instants de liberté , quitte à frôler le danger, à la poursuite d'un semblant de légèreté ....
Ce roman nous secoue. Il montre la société contemporaine rongée par une solitude, un égoïsme et un déclassement qui progressent , l'instabilité , la peur du lendemain, les factures à payer, la précarité , le manque de sommeil et de plaisir ...pour toutes ces mères dans la fragilité économique .....une soif de liberté universelle ....impossible à combler.
L'auteur raconte avec humour, lucudité, réalité , radicalité dans l'urgence , à l'aide de chapitres courts, une écriture visuelle le petit enfer quotidien d'Elle " ...
Elle nous laisse inquiets, émus, en abordant un sujet clivant rarement abordé: la monoparentalité ...
C'est un ouvrage vif , aiguisé, à la fois sociologique et féministe qui nous interpelle et nous fait réfléchir à propos de ces vies cassées de plus en plus fréquentes ....
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Elle élève seule son petit garçon de deux ans, à Lyon.
Financièrement, c'est difficile.
Moralement aussi. Un enfant, 24h/24, aussi mignon soit-il, ça demande une énergie folle.
Elle aimerait pouvoir souffler un peu. Elle se l'autorise d'ailleurs, parfois, en sortant en douce, la nuit, quand il s'est enfin endormi. Elle sait qu'elle joue avec le feu.

A la recherche de solutions, pour se rassurer, elle se connecte sur des forums de mères en détresse. Elle pourrait y trouver des idées, un soutien, déculpabiliser un peu de son ras-le-bol. Las, les réponses aux SOS l'accablent davantage : « Il faut se ressaisir, voyons, un enfant c'est merveilleux... »
Pas question de quitter cette grande ville pour trouver un logement moins coûteux, elle espère encore que 'l'homme' reviendra ; son fils en a besoin, elle en est convaincue. Mais visiblement, seuls l'enfant et elle le voient encore comme un père, celui-là.

Je pensais ne jamais lire cette auteur. Un malentendu, du délit de sale titre : 'Que nos vies aient l'air d'un film parfait' (un des précédents romans de Carole Fives), me paraissait tellement neuneu, convenu, aguicheur.
C'est l'enthousiasme de Juin sur 'Tenir jusqu'à l'aube' qui m'a convaincue - merci !

Cette histoire à la fois simple et intense m'a bouleversée. Tout y sonne tellement juste : les situations, les dialogues, les sentiments (solitude, honte, accablement, culpabilité...).
La gorge nouée, j'ai suivi les hauts et les bas de cette mère 'solo', craignant le pire puisque le conte de Daudet 'La Chèvre de M. Seguin' apparaît en leitmotiv, et que l'ambiance et l'écriture m'ont rappelé l'excellent et douloureux ** trou de mémoire - un roman avec mer/mère dans le titre **
[ j'ai ! c'est 'Bord de mer', de Véronique Olmi ].

Sublime et poignant. ❤
Je conseille à toutes celles qui, un jour ou souvent, se sont senties dépassées, ont culpabilisé d'être 'une mauvaise mère'.
A leurs enfants (dès 13-14 ans) qui, un jour ou souvent, leur en ont fait baver.
A tous les hommes, aussi (les pères, les chefs sans pitié...).
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critiques presse (6)
LaCroix
22 octobre 2018
Carole Fives  met sa plume concise au service d’une « maman solo » qui tente le diable pour s’extraire de son quotidien. Un portrait sans complaisance.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Culturebox
08 octobre 2018
Carole Fives raconte tout, la culpabilité des mères célibataires, la solitude, le manque d'argent et de perspective.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
10 septembre 2018
L'écrivaine crée une atmosphère tendue, entre culpabilité et sentiment d'injustice, et pointe avec force les fractures d'un monde qui se désolidarise des plus faibles. Et leur fait payer le prix fort.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
07 septembre 2018
Dans « Tenir jusqu’à l’aube », une femme cherche à se distancer de son rôle de mère, à souffler un peu. Est-elle folle ? Carole Fives, compatissante.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
28 août 2018
La tendresse, la colère, la rage, l’amour, le désespoir, chaque sentiment traverse le lecteur avec justesse, et l’on se retrouve confident, à partager la moindre lutte. Se retrouver avec elle à bout de force. À comprendre qu’elle puisse envisager de vouloir une vie, de ne plus vouloir de l’enfant… Ni monstre ni cruelle, elle est est terriblement humaine. Et ce roman terriblement beau.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
24 août 2018
Entre enfermement et culpabilité, le quotidien d’une mère célibataire, raconté avec humour et lucidité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
"Comment avait- elle pu penser que le parc fût autre chose qu'un endroit ou mourir à petit feu?
C'était les éternels canards, après l'allée centrale bordée de plates - bandes......puis les bassins poissonneux , l'ours qui tournait sans fin dans son enclos, l'œil hagard , à demi fou....
Ces promenades les sortaient du tête- à -tête permanent, du confinement de l'appartement .....

Ils marchaient, marchaient ....--- quand il montrait des signes de fatigue, il se sauvait , elle le coursait avec la poussette , il trépignait , hurlait -----elle devenait l'ennemie.....et il ne se gênait pas pour le lui faire savoir ...."
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Le soir à la télévision, une ancienne ministre se désolait de manifestations de violence dans les banlieues. Quand le journaliste l'interrogeait sur les causes de ces débordements, elle déplorait l'absence des pères dans les foyers, des enfants élevés par des mères seules ne pouvaient que mal tourner, entraîner la déliquescence de nos cités...
Elle ne pouvait se permettre aucune erreur, aucun écart. L'enfant et elle devaient filer doux, afficher zéro défaut, ne laisser aucune prise à la société. A tout instant, ils risquaient d'être étiquetés 'famille à problèmes'. Ils étaient hors norme, ils étaient fragiles, ils étaient suspects.
(p. 142)
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Parfois ils prenaient le train, allaient voir des oncles et tantes, des amis. On les attendait sur un quai, une parenthèse s’ouvrait. Rien ne pouvait rendre l’enfant plus heureux que d’être avec d’autres enfants, en particulier ses cousins. Pendant quelques jours, ils se laissaient tous deux bercer par le rythme d’une famille, des repas sur la grande table recouverte d’une nappe en vinyle rouge à pois blancs. Des poissons cuisaient au four, des plateaux de fromages trônaient dans la cuisine, et au moment du coucher, des confidences s’éternisaient autour d’une camomille.
La maison était grande et pleine d’enfants. Le sien courait, riait, la croisait sans la reconnaître, tant il était ivre de cette multitude, de tous ces possibles, de cet oubli d’eux-mêmes.
Puis il fallait rentrer, reprendre des trains et le train-train, il fallait s’organiser à nouveau, retrouver leurs marques dans cette ville déserte.
Elle tenait la journée, elle tenait pour le petit. Mais quand la nuit s’annonçait, elle avait hâte de le voir endormi, de pouvoir enfin tout lâcher, les craintes, les colères retenues. Mais l’enfant n’en finissait pas de revenir, tantôt il avait soif, ou peur, ou envie de faire pipi, tantôt il voulait juste qu’elle reste là, « à côté, à côté ».
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Que faisait le petit ? Elle l'avait déposé ce matin à la crèche. Avait détaché ses mains agrippées à son cou et l'avait remis, hurlant, dans les bras de l'éducatrice.
« Partez, maintenant, partez, lui avait-elle ordonné. Il ne faut pas rester, ce n'est pas bon pour lui... »
Elle avait mimé un baiser en arrondissant la bouche derrière la porte vitrée, hoché la tête de droite et de gauche d'une façon qu'elle imaginait burlesque, pour tenter de lui arracher un sourire, en vain. Puis elle avait tourné les talons, et s'était littéralement enfuie, sans se retourner sur les hurlements stridents. Elle avait contenu ses larmes en croisant d'autres mères dans les couloirs, retenu l'émotion jusqu'à la porte. Dans la rue, elle se relâchait enfin, se laissait déborder, mon petit, mon tout-petit.
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- Et le loup ? Il est où le loup ?
- Ecoute, il arrive après, le loup, là c'est le début, tu vas voir...
- Je veux le loup, le loup !
Elle cherche la page que l'enfant préfère. L'image est censée représenter le loup se jetant sur la chèvre [de M. Seguin]. Mais l'enfant a collé tant de gommettes sur la tête du canidé qu'il a disparu. Seule la chèvre subsiste, qui dévisage le lecteur d'un air ahuri.
- C'est pas malin d'avoir abîmé ton livre.
- J'ai pas abîmé, j'ai tué le loup.
(p. 66)
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Vidéo de Carole Fives
« Moi, je ne réalisais pas vraiment ce qu'on allait faire là-bas. On vivait minute par minute, et c'est ça la vie, finalement, c'est : minute par minute, le reste, c'est du vent. »
Dans un road trip tendre et déchirant, Carole Fives dresse avec délicatesse le tableau d'un clan confronté à l'indicible et donne la parole à ceux qui restent.
Paru aux éditions JC Lattès en août 2023.
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