Citations sur Les maisons hantées (18)
Reste-t-il quelque chose de matériel dans une demeure après la mort des êtres qui l'ont habitée ?
Certaines observation sembleraient l'indiquer. Là comme partout, il y a des illusions, des erreurs, des fausses appréciations, et aussi des supercheries.
Mais il y a des faits irrécusables.
Chapitre 7, page 176.
Il y a de véritables maisons hantées ; il y en a aussi de fausses. Il y a de vrais billets de banque ; il y en a aussi de faux. Il y a des hommes véridiques ; il y a des menteurs. Il y a des honnêtes gens ; il y a des bandits. Il y a des hommes d'esprit ; il y a des êtres inintelligents.
Rejeter sans examen tout ce qui est raconté sur les maisons hantées serait aussi absurde que tout accepter sans examen.
Nous étudions ici le plus grand des problèmes. La connaissance de l'âme, la recherche de sa destinée, est une étude passionnante. Un biographe vient de faire remarquer que ma vie n'aurait-elle servi, après l'investigation du monde astronomique et la démonstration de la vie universelle, qu'à prouver l'existence de l'âme humaine, qu'elle n'aura pas été inutile au progrès de l'humanité. Je l'espère.
L'avenir est perceptible comme le passé. Le présent seul n'existe pas, attendu qu'il se réduit, dans l'analyse scientifique, à moins d'un centième de seconde.
L'espace et le temps n'existent pas tels que nos conceptions de mesures nous les présentent. C'est l'infini. C'est l'éternité. La distance d'ici à Sirius n'est pas une plus grande partie de l'infini que celle qui sépare votre main gauche de votre main droite. L'électricité nous a déjà accoutumés aux transmissions rapides entre les distances. La lumière et l'électricité n'emploient pas deux secondes pour franchir l'intervalle qui s'étend de la Terre à la Lune.
La matière n'est pas non plus ce qu'elle nous paraît être.
En résumé, la science de toutes les Académies du globe représente une immense ignorance.
Nous ne savons rien d'exact, de précis, d'absolu sur quoi que ce soit, et nous sommes entourés de forces encore inconnues. Que nul n'ait donc d'outrecuidance de dire que "ceci est impossible", que "cela est possible". Nous n'avons qu'un droit, celui d'être modestes, surtout en ce qui concerne les problèmes de la vie et de la mort. Nous vivons au milieu de l'inconnu. Mais il est beau, il est bon, il est utile de chercher.
J'ai perdu la faculté d'attirer à moi les Esprits auxquels malgré tout ce que je viens de vous raconter, je ne prête qu'une croyance médiocre... J'ai bien de la peine à imaginer que tant d'êtres qui nous furent chers, nous demeurant invisibles, il soit permis à des inconnus de se manifester à nous. Mais de là, je ne conclus rien, parce que je ne sais rien. Je me borne à vous raconter une histoire vraie.
J'ajouterai que Saint-Saëns a donné lui-même un exemple personnel de l'indépendance de l'âme relativement au corps. Il est mort le 16 décembre 1921, âgé de 86 ans. Le 16 octobre précédent, il avait déjeuné à ma table, à mon observatoire de Juvisy, et nous avions tous été charmés de sa conversation ; son esprit était aussi jeune qu'à vingt ans, et cependant il se plaignait de l'usure de son organisme, et n'a pu monter jusqu'à la coupole observer Vénus et Arcturus, en compagnie de nos collègues de la Société astronomique de France, le prince Bonaparte, le compte de Gramont, le comte de la Baume Pluvinel, le général Ferrié et d'autres amis qui y avaient fortement insisté. Il souffrait des jambes. A la même époque, le Ménestrel, du 21 octobre a publié de lui un article plein de jeunesse, sur Berlioz. Tandis que son corps dépérissait, son âme restait en pleine force. Cette différence entre l'organisme physique et l'élément spirituel n'est pas très rare.
Les gens qui se gaussent dédaigneusement des histoires de maisons hantées et qui nient leur réalité sont des myopes d'une nature spéciale, dont l'horizon ne s'étend pas beaucoup plus loin que le bout de leur nez.
Les légendes les plus absurdes ont une origine.
Les choses se passent comme si, dans l'organisme humain, il y avait un être psychique, spirituel, doué de facultés de perception encore inconnues." Cet être, cette âme, cet esprit agit et perçoit par le cerveau, mais n'est pas une fonction matérielle d'un organe matériel. Voilà, me semble-t-il, des conclusions logiques établies sur une méthode scrupuleuse, inattaquable. Elles me paraissent supérieures aux négations aussi bien qu'aux affirmations dénuées de preuves fondées sur une foi aveugle. La Foi, les prétendus miracles, le martyre même, n'ont jamais rien prouvé, car ils ont été au service de toutes les causes, religieuses ou politiques, les plus diverses, les plus contradictoires et parfois les plus absurdes. La Science seule peut vraiment éclairer l'humanité.
L'humanité est, avant tout, une race grossière, barbare, ignorante, lâche et hypocrite.