D'aucuns prétendent que l'amour n'est que littérature. Admettons. Si tel est le cas, on n'a pas assez écrit, même si sur le plan littéraire, ce livre est une pure merveille, finement ciselée. Comment avoir de l'empathie pour Charles Bovary, alors que déjà dans la première page, il est dessiné dans toute sa médiocrité !? Comment avoir de l'empathie pour le reste des personnages ?! Tous recentrés sur eux même !
Emma, l'épouse, rêveuse, liseuse, désireuse, utopiste, passionnée, éthérée ne sait plus quand ni comment elle a perdu le sourire.
C'est arrivé comme arrive les premières rides, ou les cheveux blancs, et quand on s'en rend compte, ils sont déjà là.
Elle ne se souvient même plus de son dernier sourire, ni pour qui, ni pourquoi.
Mais fuir face à la réalité qui n'ouvre aucun horizon, est-ce l'élan d'un coeur déçu, désir de liberté ou juste fidélité à soi ?
Les jours passent, Emma lit dans ses livres les passions, l'amour, et à force, ce qui se fait carence, avive le désir de l'atteindre.
Emma se console dans d'autres bras, mais Emma tout comme pour son époux, choisit mal ses amants !
Déçue, encore. Toujours ! Quoiqu'il en soit, la fin est bouleversante & assez effrayante.
Découvert à même ma lecture !
Pour Emma, j'ai eu de l'empathie, de l'agacement, de la pitié, j'ai eu envie de la serrer contre moi, de la secouer, de lui coller des baffes. Je me suis ennuyée avec elle, et me suis laissée conduire par cet élan qui l'a transporté vers l'autre, beaucoup moins vers le Vicomte !
Emma c'est cette fatalité secrète qui gouverne des vies entières.
Emma c'est ces vérités intérieures, les secrets des êtres, ce mouvements des coeurs, ce qui bouillonne & que beaucoup n'avouent pas absolument !
Madame Bovary est étonnamment contemporain. Pas facile d'accès, mais contemporain.
Flaubert est avant tout un observateur, un analyste froid & logique, c'est peut-être repoussant, mais c'est indubitablement réaliste.