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3,72

sur 17433 notes
Quelle oeuvre tragique et poignante !
Quand je constate à quel point certains classiques peuvent me marquer, je n'ai qu'une envie, c'est d'en lire davantage.

D'abord, j'ai été complètement séduite par l'admirable plume de Gustave Flaubert. On parle de « la perfection du style » et en le lisant je ne peux que confirmer l'expression. Il suffit d'observer le manuscrit de l'ouvrage pour comprendre l'obstination avec laquelle il travaillait.
À travers ses descriptions, il réalise un vrai travail de composition qui nous laisse admiratif.
Le résultat est remarquable.

Ensuite, j'ai rarement vu dans un roman un personnage aussi profond et complexe qu'Emma Bovary.
J'admets avoir éprouvé une certaine réticence à son égard au premier tier du livre. Je ne parvenais pas à comprendre cette femme tourmentée.
Pourquoi est-elle si antipathique et sans-coeur envers son époux Charles ?
Celui-ci est pourtant aimable et plein de bonté. Il en va de même pour sa servante ou sa propre fille Berthe.
Mais c'est en poursuivant ma lecture et en m'imprégnant des personnages et du contexte que j'ai pu mieux comprendre.

Je pense qu'en lisant ce roman, on ne doit pas s'arrêter au caractère impitoyable que peut inspirer Emma au premier abord.
Au contraire, je crois qu'il faut avoir en tête que c'est un roman contemporain du spleen baudelairien et que le personnage d'Emma Bovary l'illustre bien.

Emma est une rêveuse, une romantique qui ne cherche au fond qu'à être heureuse loin de sa médiocre province. Même si son comportement est loin d'être exemplaire, on peut saisir l'ampleur de son ennui et de sa détresse intérieure.
Elle n'aspire pas à la même vie que son époux Charles, un médecin qui se contente d'une existence simple à ses côtés. Emma rêve d'une vie mondaine où les rencontres et les sentiments viennent la bouleverser. Un peu comme dans les romans qu'elle lisait au couvent durant ses années de jeunesse.
Mais son besoin d'amour impérieux la conduira vers des tentations bien plus mortifiantes que salutaires.

Bref, je suis une lectrice de plus à être émerveillée par l'authenticité et la puissance des mots de ce roman.
À lire impérativement !
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Madame Bovary, c'est le roman d'une âme sentimentale et romantique, qui cherchera « à savoir ce que l'on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d'ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres. »(46) En faisant lire Paul et Virginie à la petite Emma, dans l'optique de la faire rêver à « ...la maisonnette de bambous, au nègre Domingo, au chien Fidèle, mais surtout à l'amitié douce de quelque bon petit frère, qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que des clochers, ou qui court pieds nus sur le sable, vous apportant un nid d'oiseau » (46), Flaubert ne pouvait trouver mieux pour la rendre parfaitement inepte au mariage bourgeois prosaïque que sera le sien. La pauvre petite fille en aura l'esprit tourné pour le reste de son existence dont nous verrons le petit fil brûler tout au long du roman, en écorchant tout ce qu'il touchera sur son passage.
Ce personnage d'Emma Bovary n'est pas entièrement original puisqu'il trouve un précurseur direct dans celui de Don Quichotte, ce petit provincial à qui les romans de chevalerie ont tourné l'esprit à un tel point qu'il se croit réellement chevalier en mission dans un monde rempli de sortilèges et d'enchantements. Lui aussi a tellement lu avec passion qu'il a voulu vivre dans l'existence réelle des idéaux magnifiques présentés dans les romans.
Par contre, en ce qui concerne la manière dont ces deux asociaux de cause littéraires sont présentés, on ne peut trouver deux romans plus différents que Madame Bovary et Don Quichotte. Alors que Flaubert a un style dont le réalisme est d'un cynisme implacable, Cervantès présente plutôt les aventures de son héros sur le mode du tragi-comique où le comique prédomine largement.
La réception de ces deux ouvrages monumentaux dans l'histoire de la littérature se fera aussi très différemment. Alors que le roman de Cervantès sera reçu dans l'enthousiasme, « le réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères » de Flaubert provoquera la controverse.
Il s'agit évidemment d'un quiproquo un peu bête, puisque le but de Flaubert consistait à démontrer l'absurdité de la position d'Emma, mais le second degré n'est pas donné à tout le monde et l'on voulait tellement croire, à l'époque, en l'indéfectible pureté du féminin.
En disant « Madame Bovary c'est moi! », Flaubert se montre extraordinairement ironique envers lui-même. En effet, tout au long de son oeuvre, il a constamment, avec un acharnement indéfectible, dénoncé la bêtise, la médiocrité, la bourgeoisie, mais sans jamais montrer quoi que ce soit de mieux, en dehors de sa manière sublime d'exprimer ses dénonciations. Lui-même, à l'instar d'Emma, fut épris de tout son être d'un idéal indicible, hors de sa portée, et il n'a jamais rien su faire de mieux que d'exprimer rageusement son dégoût de tout ce qui ne correspondait pas à ses aspirations. Son combat, présenté avec un style d'un perfection, presque complètement absurde, puisqu'elle échappera à la grande majorité de son auditoire, comportera quelque chose d'une vanité absolue, risible, et sera poursuivi tout de même, sans espoir véritable, avec un cynisme envers lui-même frisant la volonté d'autodestruction. Oui, Madame Bovary c'était lui, Gustave Flaubert, dans toutes les grandeurs et les misères de son destin exceptionnellement tragi-comique.
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Tout tenter et ne rien réussir !
Un mariage poussif avec Charles.
S'entêter sans choix,
dans un couple qui s'ennuie.
S'apprêter sans voix,
Pour séduire ceux qui la font exister !

Madame Bovary :
Une femme naïve,
sensible et pourtant rebelle.

Vouloir la passion
Refuser le quotidien.

Une, deux, trois
éternités de vide,
de trous noirs,
de néant,
de rien,
de mélancolies qui la submerge.

Ne plus rester dans ce couple
Qui se délitent.
Refuser
L'amour pour Léon pour
Rester vertueuse.

Muette d'erreurs,
murée dans la pesanteur,
malaise de vie.
Elle se trompe,
Elle trompe,
Embarquée dans ses rêves
Sensuels,
Où elle guette le sublime
Dans les bras de Rudolphe.

Insister sans raison,
arriver à faire,
arriver à dire,
arriver à sortir,
des mots trop pleins de sens,
trop plein de vie,
trop plein de poids.

Et ne pas être comprise
Dans un monde de la
Bourgeoisie normée par les
Obligations où les plaisirs sont secrets
Cachés !

Pas de divorce,
Juste des mensonges !
Qui s'enchainent
Qui s'empressent
De tiédir,
D'Affadir
Une vie pourtant bien tracée,
Qui exige de sortir du carcan
Du prévisible,
Du convenu !

Finition dévalorisée,
perdue dans le spleen,
rescapée dénoyautée
de sa substance
par un insignifiant
Aristocrate libertin,
au tempérament brutal et
d'une intelligence perspicace.

Disparition de la passion
qui fait exister l'amour
en accepte le sens,
en distille le poids
en repartit la substance.

Suicide d'amour
de refus
de silence,
d'indifférence,
de trop peu,
d'inexistence,
de fuite,
de peur,
de fêlures,
de blessures...


Sans Rodolphe
la fièvre des mots s'intensifie,
la soie des sons se déchire,
L'hiver s'éparpille,
de feuillets volants vers
la destination finale,
fini,
fin.
Nous avons toutes une Madame Bovary qui sommeille en nous…
Une rêveuse, romantique, midinette, insatisfaite qui ne se contente pas de ce qu'elle a !
Un brave type qui nous rassure, nous choie, nous aime ce n'est pas toujours suffisant!
Nous recherchons la passion et on finit par trouver un Rodolphe Boulanger qui va nous faire souffrir !
Pourquoi se contenter du doux quotidien qui nous ennuie alors qu'on peut vivre des émotions excessifs, passionnels qui nous transportent dans des mondes incertains.
L'agonie de Madame Bovary m'avais marqué lorsque je l'avais lu à 17 ans.
Elle m'avait plongé dans cette horreur d'un suicide à l'arsenic choisi où l'on peut mourir d'amour !
Cela m'avait semblé à l'époque absurde.
Je ne voyais l'amour que lumineux, éternel, doux, fusionnel et parsemé d'une fidélité sans limite ^^
Trente ans plus tard j'ai relu ce livre de Flaubert et j'ai compris cette absurdité !
On peut mourir d'amour mais on peut aussi vivre d'un amour doux et sécurisant !
J'ai choisi la deuxième possibilité ^^
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Si Flaubert avait vécu à notre époque, se serait-il acharné à démontrer les vices que produit la télévision dans le cerveau des jeunes demoiselles, comme il a voulu montrer, dans Madame Bovary, les dommages que pouvait provoquer la lecture de romans à l'eau de rose lors de la formation des jeunes filles au couvent ? Cette idée ne me semble pas impossible, et aujourd'hui, à l'heure on la majorité se désole de voir les petites têtes du monde entier se tourner plus rapidement vers un écran de télévision qu'au-dessus des pages d'un bouquin, le point de vue de Flaubert sur la perversion engendrée par la lecture apporte un point de vue intéressant sur les bienfaits et les méfaits de la culture.

Heureusement, Madame Bovary ne se limite pas seulement à cette réflexion intéressante. Peut-être même Flaubert n'avait-il jamais voulu étayer une quelconque théorie sur la culture, car la totalité de ses personnages, qu'ils soient issus de la plus haute caste intellectuelle ou de la plus longue lignée de paysans, n'échappe pas à son mépris le plus glacial, à ses remarques les plus acides, à son humour le plus féroce ! Et c'est cette haine de l'humanité, qui se dessine petit à petit entre les phrases travaillées et raffinées de Flaubert, qui donne son aspect le plus jubilatoire à Madame Bovary.

Rien ni personne n'est épargné dans ce roman. Flaubert disait être cette Emma, pauvre fille sans cesse déçue par les espoirs qu'elle portait en la vie, et cette affirmation ne me surprend pas. La psychologie de Madame Bovary est passée au peigne fin, démontée rouage après rouage. Alors qu'elle se dessinait vaguement, dans les premiers chapitres, comme une jeune fille de paysans légèrement tournée vers la vie intellectuelle et artistique, on la découvre de plus en plus complexe, hésitante, incohérente voire tordue. Quiconque ne se reconnaîtrait pas une fois dans les pensées d'Emma serait sans doute beaucoup moins humain qu'elle, ou peut-être moins honnête.
Et c'est là où le réalisme de Flaubert devient magique : il brosse sous ses yeux le portrait d'une femme, d'une famille, d'un village… de petites confréries qui deviennent universelles par la finesse des descriptions qu'il en fait.

Sur un ton en apparence posé et cordial, Flaubert a écrit, avec Madame Bovary, un roman d'une cruauté réjouissante !
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Qui ne connaît la triste destinée d'Emma Bovary ?

Une existence tout en désillusions et en ennui, un ennui que d'aucuns considèrent comme la marque du plus célèbre roman de Flaubert mais que, pour ma part, je n'ai ressenti que dans le quotidien de l'héroïne, très bien retranscrit, non dans ma lecture.

Ce qui m'a le plus frappée et émue, c'est la terrifiante solitude de cette femme pour laquelle j'ai ressenti de grands élans de compassion et d'indulgence. Et j'ai également été très surprise du plaisir pris à découvrir enfin le texte de Flaubert car, connaissant la trame, je pensais surtout à combler une lacune dans ma culture littéraire.

Souvent, les accents de la narration m'ont fait penser à Zola, jusque dans le style, ce qui ne fut pas pour me déplaire, loin s'en faut.

Le traitement de la psychologie des personnages, même secondaires, est brillant. Les figures de Charles Bovary, de sa mère, du père d'Emma, des amants et surtout, surtout de celle d'Homais, l'apothicaire, sont inoubliables. Le cynisme qui transparaît dans les actes de Rodolphe - notamment dans l'incroyable scène de la rédaction de sa lettre de rupture - motive particulièrement mon enthousiasme et mon admiration.

Un très grand roman.


Challenge 19ème siècle 2016
Challenge BBC
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Qui ne connaît pas « Madame Bovary » ? Sans l'avoir lu, sans avoir vu ses adaptations cinématographiques, on a au moins entendu une fois parler de ce roman de Flaubert, le plus célèbre de l'auteur assurément. Posséder quelques bribes de l'histoire, celle d'une jeune vierge nourrit aux lectures romantiques qui se retrouve mariée à un homme terne, aimant certes mais sans envergure et sans passion, qui s'ennuie dans sa province normande et qui croit trouver dans ses amants l'accès à ce bonheur idéal qu'elle n'atteindra jamais, est une chose. Lire cette oeuvre monumentale de la littérature française en est une autre.

La lecture d'un roman dit classique me procure, généralement, toujours le même effet : je suis estomaquée par la beauté du style, que cela soit dans des descriptions à la fois réalistes et poétiques qui nous donnent à voir un tableau ou bien dans les dialogues qui nous révèlent une peinture sociale sans filtre et sans complaisance, et par la teneur du thème qui chahute les bonnes moeurs de l'époque, qui bouleverse les esprits hypocrites bien pensants avec un personnage absolument hors norme.
« Madame Bovary » est de ces classiques. Et Emma Bovary est hors norme.
Si son histoire est a priori banale - une femme qui s'ennuie dans son ménage et trompe son mari –, c'est son insatisfaction permanente, son désir absolu d'atteindre un bonheur qui se conjugue avec passion et ivresse, idéalisé par ses lectures romantiques de preux chevaliers, qui révèle un personnage prêt à tout pour atteindre ses rêves. Emma désire, Emma franchit les interdits, Emma aime passionnément, Emma pleure. Emma se meurt. Et Emma recommence.
Car même dans les rares instants où elle n'est plus dupe de ses illusions romantiques, elle tente une nouvelle fois de reconquérir une certaine valeur d'idéal, encore et toujours. Jusqu'au jour où la réalité la rattrape pour de bon.

« Madame Bovary, c'est moi ». Cette citation de Flaubert, sujette à controverse, déclarée même comme fausse, n'en résume pas moins le sentiment qui imprègne le lecteur à la fin de sa lecture. Celui d'avoir assisté à l'incroyable incarnation d'un personnage par son auteur. Incroyable car le personnage est une femme adultère pleine de passion et de contradictions et que l'auteur est un homme. Incroyable car nous sommes à la moitié du XIXe siècle dans une société étriquée où on ne plaisante pas avec la morale. Incroyable car l'on pourrait dire « Madame Bovary, c'est nous », lecteurs. Les émois d'Emma, nous les partageons : sa folie passionnelle, son abandon, ses peurs face aux créances, ses faiblesses, ses rapides tendresses vis à vis de sa fille et de son mari, ses divagations. Emma transpire en nous.

Outre ce personnage inoubliable, le tableau dressé par Flaubert de cette société provinciale du XIXe siècle est virulent dans la démonstration d'un monde pétri de fausse morale et petit d'esprit, de la lâcheté des hommes et de la convoitise du moindre petit pouvoir. Toutes les pseudo valeurs de l'époque sont attaquées par l'écrivain à travers les différents personnages du roman : le mariage, la maternité, le commerce, la banque, l'Église, la science, l'État, le théâtre, et même le roman… Quelle satire sociale incroyable !
Voilà, tout a déjà été écrit sur cette oeuvre. Tout reste encore à dire.
J'en ressors éblouie par le talent d'un artiste – et non d'un simple écrivain - car à ce stade, nous sommes effectivement face à une oeuvre artistique . le temps passant, lire des oeuvres comme « Madame Bovary », comme lire les romans de Zola ou Maupassant m'apparaît comme parcourir un musée et être émerveillée par la beauté et la puissance évocatrice des oeuvres qui s'offrent à nos yeux.
C'est à chaque fois une bulle enchanteresse, pleine d'émotion.
Un instant où on touche l'Art du doigt.
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Que les temps ont changé depuis que Emma fit scandale et voeux de lubricité dans cette France bien pensante ou la femme se conjugue à la potiche, reine mère de son domicile, astiquant son ennui d'une société à la gloire des hommes bien portés sur leur nombril qu'il distingue à peine sur une épaisse couche d'imbus bedonnant qui se nombrilise dans une société ou les couilles dictent les conventions entre deux nichons maternels qui leur rappelle au combien ils sont forts, et indispensables à la survie de notre espèce…

Ça fait un moment que j'ai lu ce bouquin, trop jeune certainement pour y trouver un quelconque intérêt pornographique laissant cours à mon adolescence corrompue par cette main entreprenante qui n'y trouvait qu'un ennui profond entre deux pages de sopalin…

Ah l'adultère, l'infidélité, ou euphorie orgasmique d'un cinq à sept drapé dans un hôtel romantique enivré d'une routine pépère, le cul affalé dans le canapé à se bercer d'illusions machistes, éduqué depuis tout petit à considérer pour acquis cette douce femme délicieuse qui partage votre ennui dans la joie et la maternité….

Mais messieurs les temps ont changé, la femme s'émancipe dans des draps de soie, elle aspire à mouiller pour son indépendance, celle réservée aux hommes depuis trop longtemps, héros de conquêtes asservies à leurs désirs les plus virils, mais elles aussi aimeraient pouvoir profiter, agenouillées subissant la vindicte masculine qui impose ses règles de bonne conduite sous couvert d'une légitimité imposée, larguant leur semence sur les valeurs fondamentales inventées :

« Papa ce héros, maman cette salope… »

Drôle d'idée que de croire à l'unique et précieux ennui qui viendra un jour l'autre pompé votre quotidien, à cette compagne qui vous faisait tant bander avant que la fée routine ne transforme le prince et la princesse en deuxième roues du Carrosse… aujourd'hui les femmes veulent participer à l'orgie lubrique, croquer dans la pomme un soir de désir, de fantasme, cédant à la luxure, abandonnant homme et enfant pour les plaisirs de la chaire défendue, réservée honteusement à l'élite masculine qui se pavane de milles aventures levretantes…

Mon père était un macho, bien qu'il ne soit pas mort, il n'est plus que l'ombre de lui-même m'imposant à juste titre l'emploi de l'imparfait, pourtant j'ai toujours considéré la femme à sa juste valeur, à l'égal des hommes, je ne comprendrais jamais cet acharnement d'enculé de sa race dont elles ne sont que les victimes d'une force physique plus avantageuse…

L'infidélité et entrée dans les codes de bonne conduite, aussi bien pour les femmes que pour les hommes, ne serait-ce que pour tromper l'ennui d'une vie monotone, pour se flatter l'égo, pour s'astiquer l'orgueil, ou même par amour, ce qui fit scandale à l'époque est rentré dans les moeurs de notre société, parfois douloureuse, elle s'enivre de toutes nos illusions perdues, élevé dans la croyance égoïste que vous êtes l'élu de toute une vie, alors que la bite du voisin vous fait de la mouille, inutile de résister à l'appel des désirs interdits qui nous enfermeraient dans les regrets, ridé par las années qui passent à se damner la liberté pour une croyance populaire qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfant…

Il reste du chemin à faire pour considérer cette grâce féminine aux courbes délicieuses comme ce bonheur sucré dont nous sommes les bourreaux et non les enfants apeurés qui tétaient encore hier l'essence de la vie…

A plus les copains
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Tatatata tatatata...(ouverture de la Vème symphonie de Beethoven, pour ceux qui n'auraient pas reconnu) Oyez, amis Babéliotes, étant à une place du classement argent de la critique, j'ai décidé de frapper un grand coup pour fêter ça : le morceau de bravoure de tout babéliote, la critique de Madame Bovary ! (Il y a aussi Orgueil et Préjugé, on verra plus tard...)
Bon, que dire sur Emma, qui a usé à elle seule toute l'encre disponible depuis sa publication ?
Je vous passe l'histoire.
Je l'ai lu au moins cinq fois. C'est une oeuvre de génie : elle change de sens à chaque fois qu'on la relit, elle s'enrichit , car elle dévoile peu à peu des secrets de l'existence qui ne sont accessibles qu'en vieillissant. Elle devient insoutenable, en tout cas pour moi, et c'est une vraie douleur à lire, la mort d'Emma, plus jamais, plus jamais ! Tous les thrillers sanglants à côté, c'est de la bouillie pour chaton. La mort d'Emma, elle fait mal physiquement et elle broie le coeur. Rien que d'y penser, j'ai mal. Ca , c'est de l'écriture, messieurs-dames.
On la fait lire aux lycéens. C'est idiot, mais c'est le programme : le réalisme...Mieux vaut faire lire du Zola et du Maupassant, à mon avis. Parce que Flaubert ne parle pas à tout le monde, il parle aux adultes. Il parle de la désillusion et de la mort de tous les rêves de la jeunesse : à quoi bon le révéler à nos enfants ? de toutes façons, ils ne nous écoutent pas, et ils n'écoutent pas Flaubert non plus, ils ne peuvent pas comprendre.
Flaubert nous met en garde contre les dangers de la lecture des romans...C'est très ironique. Emma, ivre de livre et de romantisme échevelé, attend son prince charmant. Elle tombe sur Charles Bovary. Adieu Roméo et Juliette. Non, elle s'obstine : Rodolphe, un brun ténébreux musclé au cou de taureau. C'est Heathcliff, c'est Rochester ! Emma se fait des films...Mais non, c'est juste un mec de tous les jours qui l'aime bien mais sans plus. Alors Léon, c'est Julien Sorel et elle, madame de Rênal...Non, non, juste un garçon de son siècle, très moyen. Donc lire, amis Babéliotes, nuit gravement à la santé ! On s'imagine des choses qui n'existent pas, du genre passion éternelle, courage, loyauté, mort glorieuse dans le poison, remords et rédemption, gouvernante moche aimée par un beau brun trapu, vent sur la lande et fantômes à la fenêtre...Heureusement, Gustave est là pour nous calmer avec un très grand seau d'eau glacée !!
Avec Emma, Flaubert réussit à construire un personnage en trois dimensions : ce qu'elle est ne correspond pas à ce qu'elle croit être. Elle tente de se conformer à ce que l'on attend d'elle : épouse, mère, mais elle n'y arrive pas. Flaubert annonce Foucauld : l'esprit humain est la construction d'un discours social, d'un dictat social. Mais elle ose dévier, écouter autre chose, et en cela elle est forte, il me semble, même si ce discours n'est toujours pas le sien, mais celui des romans. Elle ne se trouve pas, elle n'existe pas...Parce qu'on ne lui permet pas d'exister, on ne lui en n'a pas donné les moyens. La société patriarcale nie les femmes.
Alors elle se transforme en porte-manteaux, en pure apparence de femme, et entraîne dans sa chute autant de monde qu'elle peut. C'est son côté Erinye, Furie vengeresse.
On pourrait aussi beaucoup parler de Charles, de Homais etc...Mais ça deviendrait long...
Alors je vais finir par le cri de son père à sa mort :
" – Ma fille ! Emma ! mon enfant ! expliquez-moi... ?"
Ma fille, Emma, mon enfant...Non, c'est impossible, c'est trop dur, je ne le relirai plus.
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C'est un "vrai" chef d'oeuvre pour moi ! Un livre bouleversant, mais pas que.
C'est-à-dire que j'utilise " l'expression "grand oeuvre", employée pour désigner l'oeuvre de toute une vie, souvent la plus renommée, la plus marquante, d'un penseur, écrivain, artiste, ou compositeur."
Flaubert est là, à mon avis, au niveau De Balzac, Hugo ou Zola !
C'est une peinture réaliste d'une société villageoise du milieu du XIXè siècle.
Ce livre, non seulement analyse chirurgicalement nombre de personnages d'un village, Yonville, dans le pays de Bray, mais en outre, il nous engage à nous poser beaucoup de questions. Enfin, Gustave Flaubert parachève son oeuvre jusqu'au bout, jusqu'aux conséquences des actes des personnages.
.
Emma Rouault est la fille d'un brave fermier normand. Celui-ci se blesse ; le docteur Charles Bovary vient le soigner. Il tombe sous le charme d'Emma ; les parents respectifs consentent au mariage.
Mais Emma veut plus que cette petite vie paisible de femme de médecin de campagne. le couple est invité au bal du marquis. Un vicomte l'invite à danser ; elle sent que c'est dans ce monde faste qu'elle veut vivre, et non cette vie de village plate, avec un mari trop falot...
.
Psychologiquement, je ne dirai rien sur le caractère passionné, emporté d'Emma, ainsi que sur ses actes instinctifs : tout cela est admirablement et très finement analysé par l'auteur, qui, je pense, arrive à se mettre dans la peau et le coeur d'une femme.
.
Sociologiquement, que peut-on dire, en 1857, de cette femme qui est obligée de se cacher pour aller voir ses amants, alors que Louis XIV se promenait avec ses maîtresses à la vue de tous dans les jardins de Versailles ?
Il y a d'abord cette inégalité des sexes qui fait qu'un coureur est un Dom Juan alors qu'une femme qui a le même comportement est une putain. D'où le procès de Flaubert, car la "bonne société" juge son livre immoral.
.
La deuxième question que je me pose rejoint la première.
Quelle est la vie des demoiselles à l'époque ?
La vie des jeunes filles, depuis des siècles, est sans cesse régie par la tutelle, contrairement à celle des jeunes gens. Elles ne peuvent pas faire "leur vie de patachon" comme eux avant le mariage, et surtout avant de faire des enfants ... Sinon, je pense qu'Emma aurait peut être, au final, choisi un parti correspondant à son ambition, le vicomte ou Rodolphe, par exemple, ce qui ne l'aurait peut être pas empêchée de le tromper, mais au moins de ne pas entrer dans les problèmes financiers insolubles qu'elle a, avec les moyens modestes de Charles.
.
Ensuite, je me pose la question éthico-philosophique du comportement du marchand Lheureux, qui porte bien son nom.
Peut-on, éthiquement, profiter de l'ignorance financière d'une cliente pour l'enfoncer dans des dettes insurmontables ?
Ethiquement non, mais plein de gens, de tous temps, ont fait, et font encore ce que j'appelle du "vol légal". Qui peut changer ça ? Personne. Car l'homme est humain, trop humain.
.
Une autre observation est le parallèle entre Charles et Homais, le pharmacien du village. Au début, Homais se met "dans les petits papiers" de Charles qui est médecin, soit pour un pharmacien, un statut prestigieux dans un village ; d'autant plus qu'il a des secrets inavouables à cacher. Je ne vous dis pas la "bascule" progressive qui s'opère au profit du pharmacien ambitieux.
Cette bascule est-elle éthiquement juste ?
Non, pas pour moi.
.
Sociologiquement, on peut, là encore, comparer, à l'époque, l'échec de l'ambition féminine d'Emma, et la réussite de celle d'Homais.
.
Pour nous distraire, nous avons les accrochages permanents entre le pharmacien athée ou déiste et le curé : cela me rappelle Don Camillo aux prises avec le maire communiste du village.
.
Personnellement, le personnage que je préfère dans ce roman est le pauvre Charles, car c'est un homme de coeur, ce qui est pour moi, la plus belle qualité : si Emma, baissant son orgueil, s'était aperçue de cela (elle l'a senti à la fin de l'histoire ), elle eut pu être heureuse, et non dans une perpétuelle quête :)
.
Emma Bovary me fait penser à la Lady d'une chanson :

There's a lady who's sure all that glitters is gold,
And she's buying a stairway to heaven.
When she gets there she knows, if the stores are all closed ;
With a word she can get what she came for...
Ooh ooh and she's buying a stairway to heaven.
.
Ce morceau, avec la force de John Bonham, la puissance de Robert Plant, la finesse de Jimmy Page, me donne les poils !
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Avant de lire ce roman, et même encore, en début de lecture, pendant des dizaines de pages, impossible pour moi de déterminer si je l'avais déjà lu. Et pour cause, j'en avais lu quantité d'extraits : l'enfance de Charles, celle d'Emma, quelques descriptions de paysages, l'épisode du pied bot, celui du comice agricole, un passage avec Homais, un autre avec Lheureux, … sans compter que j'avais vu l'adaptation cinématographique avec Isabelle Huppert dans le rôle d'Emma. Mais c'était bel et bien une première lecture ! Avec le regret de ne pas pouvoir avoir le plaisir d'une vraie découverte ! A défaut d'avoir un regard neuf sur l'histoire, j'ai découvert l'écriture, à la fois simple, fluide et incroyablement précise. Chaque détail sert le propos de l'auteur : les personnages secondaires sont inoubliables et leur psychologie a été traitée par Flaubert avec autant de soin que s'ils étaient au premier plan. A eux tous ils entourent Emma d'une médiocrité pleine de suffisance, ils paraissent aussi petits et mesquins qu'elle est ridicule avec ses rêves de romantisme échevelé. Tous, autour d'elle, à leur manière, rêvent de notoriété, d'une gloire de pacotille, sauf peut-être le père d'Emma. Ils cherchent tous à faire illusion alors qu'elle, elle ose se voir autre que ce à quoi on la destine à être, se sentir supérieure à tous ceux qui l'entourent. Je déteste le personnage d'Emma mais en même temps elle est à plaindre pour la solitude effroyable dans laquelle elle se retrouve.
Ce roman est facile à lire, mais en même temps sa lecture est complexe parce qu'il dénonce la toxicité des rêves de passions, de luxe et de bonheur parfait, et qu'en même temps il affiche la nécessité de vivre ses rêves. C'est ce qui est remarquable, il y a critique de l'éducation d'Emma, totalement inadaptée, mais, en même temps, toute la société en prend pour son grade. Les belles manières de l'aristocratie ne sont qu'un vernis ; la religion n'est qu'un cache-misère (c'est encore plus visible à la lecture du Procès : les pages plus marquantes qui ridiculisent la religion ne sont pas citées, c'est dire si ce qu'écrivait Flaubert devait correspondre au réel !) ; le mythe du progrès ne vaut rien (scène du comice agricole, état des connaissances médicales) ; et bien sûr quelle remise en cause de l'institution du mariage (le divorce était alors interdit), mais aussi de la vie conjugale et de la maternité. Bref, une sacrée critique d'une société étriquée, corsetée et qui plus est hypocrite et aveugle !
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