Seuls ses yeux peut-être vibraient d'un éclat étrangement intense. Et ce regard vif, pénétrant et grave, par son excès, brisait la calme ordonnance de sa personne.
Le Docteur Freud, à peine âgé de trente-trois ans, se sent isolé, "engourdi" et parfois même résigné, mais, bien qu'il ne se l'avoue pas volontiers, il est avide de gloire et ne désespère pas de laisser après lui quelque chose qui justifie son existence ni d'inscrire son nom au fronton des bibliothèques.
C'est parce qu'il aime vivre avec les mots et qu'il croit intuitivement à leur pouvoir thérapeutique que le docteur Sigmund Freud, Privat-Dozent en neuropathologie, ose renoncer petit à petit à l'arsenal médical de son temps : électrothérapie, massages, bains chauds et cure de suralimentation.
[Freud] dénude et travestit, nomme et garde anonyme. La chambre des parents la nuit préserve son mystère. Peut-être doit-il toujours rester à l'homme, pour vivre, quelque chose d'indicible, quelque chose que les mots ne peuvent traduire sans trahir. Il y a aussi de la sagesse à ne pas tout dire.
Freud et ses patients propose en fait une autre manière de découvrir la psychanalyse : comme un roman vrai.
[Flem] le dit, d'ailleurs, sans fausses prétentions. Son ambition est plus modeste : il s'agit, écrit-elle, de faire "une promenade du côté de l'homme Freud". En somme, de favoriser la rencontre entre un lecteur, un penseur et son oeuvre.
Et il aura fallu toute la malignité d'une descendance quelque peu abusive pour que cette théorie se transforme au fil du temps en un corps de doctrine complexe, parfois aux limites du compréhensible tant certains de ses adeptes l'ont poussée vers une abstraction éthérée.
Il a inventé une oeuvre théorique à partir de sa propre intimité. Comme un poète ou un romancier.