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Critique de Antyryia


Gillian Flynn est de retour, et elle est en pleine forme.

Certes, le format est court ( une soixantaine de pages ) mais il permet de patienter jusqu'au prochain méfait de l'auteure de "Les lieux sombres" ( oui, le bandeau autour de ce superbe format cartonné indique "par l'auteur des Apparences" mais ma claque personnelle a davantage été son second roman ).

A l'origine, cette nouvelle a été commandée par Georges R.R. Martin ( Game of thrones ) pour son anthologie "Rogues" publiée en 2014 ( dans laquelle elle porte le titre "What do you do ?" ). On y retrouvait également des auteurs comme Neil Gaiman, Joe Abercrombie, Scott Lynch ou Lisa Tuttle.
Le texte de l'Américaine a ensuite été publié indépendamment sous un autre titre -"The grownup"- et l'édition française lui en accorde donc un troisième, plus sombre : "Nous allons mourir ce soir".

Je n'évoquerai rapidement que les dix premières pages afin de ne pas trop en dire mais pour donner un premier aperçu.
La narratrice décrit son enfance dans la saleté, la pauvreté, la mendicité et la façon dont elle a été amenée à masturber les hommes par milliers jusqu'à ce que la douleur au poignet soit trop intense et qu'elle doive se reconvertir. Tout ça dans l'arrière salle d'une diseuse de bonne aventure.
Et quoi de plus facile pour elle, au vu de son expérience, que de s'inventer des talents divinatoires ?
"les clientes voyance étant presque toutes des femmes, et les clients branlettes étant bien sûr tous des hommes, nous faisions marcher la boutique avec une précision d'horloge."
La couverture - une femme nue tenant une boule de cristal - illustre donc parfaitement les deux principales activités de notre héroïne.
C'est glauque, certes, mais pas aussi oppressant que pouvaient l'être ses romans.
La narratrice est relativement intelligente ( "Du coup j'ai constamment l'impression que je suis plus intelligente que tous ceux qui m'entourent mais que si je me retrouvais en présence de gens vraiment intelligents - des gens qui sont allés à l'université, qui boivent du vin et qui parlent latin - je les ennuierais à mourir" ) et elle parle avec beaucoup de détachement et même une forme de sérénité de ces aléas de la vie. Ce sont des contretemps davantage que de la souffrance.
L'humour est davantage au rendez - vous cette fois que le malaise malgré la gravité de certains sujets abordés.

L'histoire part donc sur des bases similaires à celles du roman "Celle qui en savait trop" de Linwood Barclay, mais avec un développement tout à fait différent.
"Ce jour-là, donc, nous avons discuté des thèmes de la solitude et du besoin dans Hantise de Shirley Jackson (...)"
Hantise est le nom de l'adaptation cinématographique du roman initialement paru sous le titre "Maison hantée", et cette référence n'a rien d'un hasard.

Mais pour savoir si Gillian Flynn s'est essayé au surnaturel le temps d'un court récit, je ne peux que vous encourager à vous laisser manipuler non pas par les mains expertes de la narratrice mais bien par le talent de l'auteure, qui nous mène à nouveau exactement où elle veut.

Merci pour ce trop court intermède.
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