On étaient quatre garçons dans le vent, mais c'était un vent glacial.
Je voudrais dire tout de suite quelque chose sur Georges Martin .
avec sa grande connaissance du classique, il nous a aidés à soutenir nos folies créatrices. On a été les premiers à utiliser ainsi des cordes dans le rock. Mais bon, on lui expliquait nos intentions, et il exécutait. Je ne cherche pas à le rabaisser en disant ça. C'est juste que ça me gonfle quand on parle de lui en disant qu'il est le 5e Beatle. Il n'y a pas de 5e Beatle. Trop de connards veulent une part du gâteau. Mais sans nous, il n'y a rien .
sans nous, il n'y a pas d'histoire. Il n'y a pas une note, pas une mélodie .
bon je ne devrais pas dire ça. Il est sûrement responsable d'une virgule de notre génie et c'est déjà immense.
J'ai tellement été rejeté que je suis capable de sentir l'avant-gout du rejet avant même qu'il ne soit prononcé.
Avec Paul, on avait passé des vacances quelques années auparavant à Paris .
c'est là qu'on avait eu notre première grande émotion érotique en découvrant une serveuse avec des poils sous les bras. Ça nous avait fascinés. On devait aller en Espagne mais on a tout annulé juste pour venir voir cette fille tous les jours. On buvait des bières pendant des heures, en attendant qu'elle lève les bras
Moins ma mère était là, plus je l'aimais d'un amour déréalisé. Un amour perfusé à la culpabilité. Car je pensais forcément être le responsable de tout ça. Si elle pouvait se passer de moi, c'est que je n'avais pas de valeur essentielle. Mais la sensation du rejet était atténuée par l'amour que je recevais. Celui de Mimi et de Georges, son mari. Leur amour colmatait un peu le trou béant que j'avais dans le cœur et c'était toujours mieux que rien. C'était toujours plus que ma mère.
Enfin un homme dans cette famille de femmes. On m'a appelé John Winston, car il fallait bien rendre hommage à Winston Churchill. Hommage bien ridicule, car j'allais être faible, lâche, et terriblement craintif.
Et je n'osais pas poser de questions. Les enfants n'ont pas à s'interroger sur leur vie, non ? Ils n'ont pas à mettre de mots sur leurs inquiétudes.
Il n'y a pas de vacances à la douleur. La souffrance est une éternité.
Quand je vous croise dans l'ascenseur, vous avez une étrange façon de me regarder. Un regard absolument neutre. C'est la Suisse, votre regard.
Le paradoxe, c'est que l'exposition brutale à la lumière m'a souvent permis de disparaitre. En devenant l'image pour tous, j'existais moins.