"Sa phrase exacte, qui est restée célèbre, c’était : « La guitare c’est bien joli, John, mais ce n’est pas avec ça que tu gagneras ta vie. » Je m’en souviens, car je lui ai fait un cadre avec cette phrase écrite à l’intérieur. Elle l’a mis au-dessus de sa cheminée." [sa tante Mimi]
On voyageait avec les amputés et les aveugles. Des mères fiévreuses pleuraient en disant : « Touchez mon fils, touchez mon fils, s’il vous plaît… » Elles reposaient leur ultime et pathétique espoir sur nous. Le monde de la souffrance était là : juste en dessous du rêve.
On pense qu’il faut lire, écrire, tout observer pour devenir un artiste. Rien de tout ça. Mon imagination a pris ses racines dans le rien. Les artistes naissent du néant.
Un homme a piqué ma mère, et voilà, je suis sorti de son ventre. J’ai poussé un cri. Mon premier cri. Et dire que personne n’a eu la bonne idée de l’enregistrer. Il vaudrait maintenant une fortune, ce cri.
Cynthia me regardait avec effroi, elle rangeait son visage de femme épanouie. Non, elle ne le rangeait pas, mais je le lui retirais de la gueule et je le piétinais. Les mots d'amour n'existaient plus. Les mots d'amour étaient morts. J'ai parlé de toutes les femmes que j'avais baisées,et je concentrais mon récit sur celles qu'elle connaissait. Il fallait lui arracher le coeur. Il fallait l'opérer sans anesthésie. Elle s'est mise à pleurer comme une Anglaise, avec dignité, comme si elle cachait ses larmes dans un coin de son œil, pour, une fois seule, tout laisser couler.
Je ne suis pas venu au monde, je suis venu au chaos
Peut-être que c'est ça que je viens chercher ici : le mode d'emploi du bonheur
On peut même dire que ça empirait. On avait été grands, mais le temps qui passait nous rendait immenses. On était devenus un mythe.
C’était pareil avec tout le délire sur la mort de Paul. Ça a dépassé la simple rumeur. Des mecs trouvaient des détails dans toutes nos chansons ou nos pochettes prouvant qu’il était mort depuis longtemps, et qu’on l’avait remplacé par un sosie. Depuis, j’éprouve la hantise permanente d’être écouté par un taré.
Pendant des années, j’ai été comme un voyageur de mes jours.