Neverland de Timothée de Fombelle, c'est Peter Pan, le voyage au pays imaginaire, celui de l'enfance.
Pour le lecteur, c'est une petite douceur sans mièvrerie, un sucre d'orge au puissant pouvoir d'évocation, dont le parfum délicieux nous emmène sur le chemin de notre propre enfance.
Le narrateur est arrivé au milieu de sa vie, semblable à « une plaine asséchée »,« aucune trace de l'enfance nulle part », mais il garde le souvenir d'un monde extraordinaire, de forêts et de ruisseaux, de vacances heureuses, de grands-parents protecteurs, où le temps s'écoule sans façon.
Ce roman est une quête, l'homme se fait archéologue, l'explorateur d'un univers qui existe peut-être encore, mais où ? Il part, équipé de sarbacanes, de potions, de casiers, de filets, avec un petit cheval assez rapide, il cherche à saisir l'insaisissable, l'enfant du passé mais aussi l'instant douloureux et stupéfiant où il a entrevu qu'un autre monde existait, celui de l'âge adulte. Il sait la chance qu'il a eu, il a vécu une enfance sans brutalité, sans violence, mais non sans peurs, non sans douleurs, non sans tristesses. Quoi de plus sérieux que les jeux de l'enfance ?
L'écrivain se fait jongleur de mots, un illusionniste qui nous donne à voir l'invisible. Il croise bien des fantômes.
Avec tendresse, mélancolie, dans des mises en abyme vertigineuses, par une alternance de légèreté et de gravité, l'homme regarde les traces de l'enfant qu'il était, et qui, espère t il, est encore vivant quelque part.
Petit à petit l'homme se délestera de tout son attirail, son cheval disparaitra et alors …
Un roman plein de poésie, que j'ai lu avec gourmandise.