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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Je ne suis pas un biographe, et je n'ai pas cherché à l'être ; je voulais simplement découvrir comment vous aviez réussi ce tour de force de continuer à vivre en dépit de toutes les entraves que vous a imposées le destin. »

Bel et émouvant échange entre Guillaume de Fonclare et Joë Bousquet à travers ce livre qui est sans aucun doute l'une des plus profonde reconnaissance qu'un homme puisse éprouver envers un autre, bien au-delà d'un simple hommage. Oui, Guillaume de Fonclare, lui-même vivant dans un corps souffrant sur lequel il a de moins en moins prise, ne pouvait que rencontrer un jour sur sa route « le poète immobile » et pourtant grand vivant qu'a été Joë Bousquet.

« On admire l'homme couché qui ne se perd pas dans sa douleur ; et puis, c'est l'écrivain qu'on en vient peu à peu à admirer, ce sont vos textes qui impressionnent vos amis, vos lettres, la profondeur de la réflexion que vous y déployez dans un style inimitable. »


Le livre de Guillaume de Fonclare ne se veut pas une biographie. Mais c'est plus qu'une biographie car Joë Bousquet revit vraiment à travers lui et lui-même va retrouver une énergie pour continuer grâce à ce frère en souffrance. Il pourrait dire « parce que c'était lui, parce que c'était moi »

Et je préfère laisser la parole à l'auteur :
« … si l'esprit demeure, si la force d'inventer est intacte, on peut vivre, vivre vraiment, intensément, et espérer le bonheur. Vous n'avez jamais été invalide, vous n'avez jamais été handicapé ; vous avez été meilleur, vous avez été plus créatif, vous avez pesé davantage sur le Destin des hommes ici, couché sur ce lit, qu'auparavant, courant de conquête en conquête, plein de vie et de santé. L'invalidité, c'est un état d'esprit, murmurez-vous et nous sommes tous des invalides. Oui, nous souffrons tous de la même plaie, blessés de vivre puisqu'il faut mourir, puisqu'il y a la mort tout au bout. Je ne suis pas un pèlerin, et il n'y a pas eu de miracle, mais il me semble qu'en sortant de chez vous, je n'ai jamais été aussi vivant. »

et à Joë Bousquet : « Chaque jour je redécouvre que j'ai été blessé, que je suis blessé et je dois à cette blessure d'avoir appris que tous les hommes étaient blessés comme moi. »
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En ayant été porté par la beauté de Chien-Loup, je sentais au cours de mes lectures, sur la grande guerre, un absent le grand poète Jöe Bousquet.
Cette balle , vous le savez maintenant au lieu de vous ôter la vie , vous a révélé à vous même , vous êtes né le 27 mai 1918 .


Il me fallait revenir sur "Jöe", de Guillaume de Fonclare, ce livre qui me hantait. Un livre comme Jöe au coeur de notre humanité, ne doit pas tomber dans l'oubli. La plume acérée et vibrante de Fonclare taille et dépouille deux grands handicapés, des secrets de leur survie.


Né à Pau en 1968, Guillaume de Fonclare a passé son enfance à Combovin, petit village de la Drôme.
A partir de janvier 2006, il fut directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne (Somme). Dans ma peau est son premier récit, celui de l'handicapé, d'une maladie dégénérative
« Je ne suis pas un biographe, et je n'ai pas cherché à l'être disait-il au poète Jöe Bousquet ; je voulais simplement découvrir comment vous aviez réussi ce tour de force de continuer à vivre en dépit de toutes les entraves que vous a imposées le destin. »
Ce Bel et émouvant échange entre Guillaume de Fonclare et Joë Bousquet à travers ce livre est sans doute l'une des plus profondes reconnaissances qu'un homme puisse éprouver envers un autre, bien au-delà d'un simple hommage.


Oui, Guillaume de Fonclare, lui-même vivant dans un corps souffrant sur lequel il a de moins en moins prise, ne pouvait que rencontrer un jour sur sa route « le poète immobile » et pourtant grand vivant qu'a été Joë Bousquet.
« On admire l'homme couché qui ne se perd pas dans sa douleur ; et puis, c'est l'écrivain qu'on en vient peu à peu à admirer, ce sont vos textes qui impressionnent vos amis, vos lettres, la profondeur de la réflexion que vous y déployez dans un style inimitable. »


Le livre de Guillaume de Fonclare ne se veut pas une biographie. Mais il devient au fil des pages par le partage de mots plus qu'une biographie.
Le corps inerte de Joë Bousquet revit à travers Guillaume, et lui-même va retrouver une énergie pour continuer grâce à ce frère en souffrance. Il pourrait dire «parce que c'était lui, parce que c'était moi ». ces dialogues frappent par leurs fulgurances, coups partagés, assumés, poussés au bord de l'épuisement, tels des trajets chaotiques entre deux corps au combat.


L'auteur laisse sa parole libre vibrer et nous dit :
'Si l'esprit demeure, si la force d'inventer est intacte, on peut vivre, vivre vraiment, intensément, et espérer le bonheur. Vous avez été meilleur, vous avez été plus créatif, vous avez pesé davantage sur le Destin des hommes ici,couché sur ce lit, qu'auparavant, courant de conquête en conquête, plein de vie et de santé.
L'invalidité, c'est un état d'esprit, murmurez-vous et nous sommes tous des invalides. Oui, nous souffrons tous de la même plaie, blessés de vivre puisqu'il faut mourir, puisqu'il y a la mort tout au bout. Je ne suis pas un pèlerin, et il n'y a pas eu de miracle, mais il me semble qu'en sortant de chez vous, je n'ai jamais été aussi vivant."


Et à Joë Bousquet : il écrira en le soulignant, « Chaque jour je redécouvre que j'ai été blessé, que je suis blessé et je dois à cette blessure d'avoir appris que tous les hommes étaient blessés comme moi.
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On s'en doutait en attrapant le livre, il ne s'agit pas d'une simple biographie de Joë Bousquet, jeune dandy jouisseur, parti prendre sa part du "jeu" de la Grande Guerre, et revenu, une balle plus tard, réduit à un demi-corps, impuissant et incontinent. Joê Bousquet, homme perpétuellement souffrant, qui choisit cependant de vivre, enfermé en sa chambre aux volets clos, opiomane, ami des surréalistes et amant à sa façon de jeunes femmes, mécréant confronté au Grand Organisateur.

Il est l' auteur d'une correspondance prolifique, de poésie et de prose que Guillaume de Fonclare nous décrit flamboyantes, emportées, porteuses d'un imaginaire et d'une lumière singulière, "cette jungle sauvage et touffue".

Pas une vraie biographie, donc, malgré les lectures, les archives, les références et l'étude, mais plutôt le compagnonnage que Guillaume de Fonclare a établi avec Joë Bousquet, dont il partage tragiquement mais hardiment le destin d'homme aux ordres d'un corps abattu. Nous avons tous , je crois, de ces frères inventés, écrivains morts ou vivants, qui accompagnent notre cheminement, soutiennent nos désarrois, sous-tendent secrètement nos bonheurs. Illuminent et apaisent nos vies, en quelque sorte : c'est pour cela que nous lisons. Joë Bousquet est cela pour Guillaume de Fonclare, personnage crucial de son aréopage intime et protecteur.

Malgré le déroulé d'une vie où le précis et le documenté le disputent à l'intelligence affective, il ne s'agit donc pas d'une biographie objective, l'auteur le reconnait. Il adresse une révérence personnelle, admirative et amicale à cet homme irrespectueux et tenace, fantasque et déterminé.

Guillaume de Fonclare choisit de s'adresser à son "héros" à travers un "vous" élégant, dans une langue mélodieuse, pleine d'amitié sereine. Il en ressort un texte d'une grand douceur malgré sa violence , d'une beauté formelle qui secoue.



je n'en doutais pas , j'en étais certain même ; l'esprit peut- tout quand il est à l'oeuvre. Cependant, ce n'était jusqu'alors qu'une spéculation intellectuelle, une conviction un peu facile, une pensée fourre-tout sans déclinaisons réelles, sans mise en oeuvre. Devant ce lit aux draps d'une blancheur éclatante, devant les rayonnages de votre bibliothèque, cette certitude est devenue très concrète ; je saisis à votre chevet que l'invalidité n'existe pas, qu'elle n'est elle aussi qu'une création de l'esprit. Certes il y a des contraintes, les terribles contraintes, les douleurs, et les renoncements ; il y a tout ce que l'on ne peut pas faire, tout ce que l'on ne peut plus faire. Mais si l'esprit demeure, la force d'inventer intacte, on peut vivre, vivre vraiment, intensément, et espérer le bonheur.
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Guillaume de Fonclare est atteint d'une maladie auto-immune qui peu à peu l'immobilise, le contraint au fauteuil roulant ou à la marche avec béquilles. Il souffre, doit subir des soins autant désagréables que douloureux. Il a déjà écrit Dans ma peau et Dans tes pas. Dans Joë, il dialogue avec Joë Bousquet, lui parle en le vouvoyant et fait des analogies dans leurs souffrances, leurs manières de vivre, leurs difficultés à subir le regard des autres. Mais jamais il n'est larmoyant, son récit est positif, il donne envie de découvrir l'oeuvre de Bousquet, même s'il la juge énigmatique : "Je vous ai lu ; enfin, pour tout dire, j'ai lu tout ce que je pouvais lire, tout ce qui m'était accessible, car vous lire est difficile, ardu même ; votre prose est impénétrable pour qui n'a pas le courage d'entrer tout entier dans cette jungle sauvage et touffue, et il ne faut pas craindre d'être griffé et mordu, de se faire malmener par une langue qui n'a rien de commun ailleurs qu'entre vos pages." (p.17/18)

G. de Fonclare débute son livre par la guerre et la balle qui cloue Joë Bousquet, puis il revient en arrière sur sa naissance oh combien compliquée, puis sur ses années de jeunesse tumultueuses ; ensuite, on repart en guerre, puis logiquement on suit le reste de sa vie à Carcassonne, alité, sous morphine, opium et cocaïne. Joë Bousquet fréquentera les surréalistes, Max Ernst en particulier qui deviendra un très proche, lui qui fit la guerre également, mais du côté allemand. Puis Eluard, Aragon, ... Il fit partie des belles lettres françaises de l'entre deux guerres. Sans doute un peu oublié maintenant, la biographie de G. de Fonclare le remet en lumière avec l'intelligence de ne pas faire une hagiographie. J'aime bien le parti pris d'une sorte de dialogue -ou de monologue adressé à J. Bousquet. le "vous" utilisé est à la fois révérencieux, poli, respectueux mais pas celui d'un admirateur borné : "Alors, entrer chez vous, c'était risquer d'aller trop loin, faire de vous une icône et entrer en dévotion, à chercher des traces de votre présence dans les lézardes des plafonds et les restes jaunis de papier peint. Je ne veux pas m'extasier sur d'autres reliques que vos lettres et vos poèmes." (p.103/104). G. de Fonclare n'est pas dans une recherche du petit détail croustillant qui ferait vendre ; comme Bousquet qui vivait rideaux fermés, il les entrouvre mais ne les ouvre pas en grand ; aurait-on besoin de savoir comment il pouvait se comporter dans l'intimité avec les femmes alors que ce qui nous importe c'est de comprendre comment ce jeune homme fougueux, tête brûlée est devenu un des grands écrivains de son époque, comment cette balle allemande lui a permis de vivre une autre vie ? Car cette balle le biographe en fait une chance au-delà des maux. Et lui Guillaume de Fonclare, sans sa maladie aurait-il écrit ? Peut-être mais sans doute pas avec autant d'acuité, de sensibilité et d'optimisme, car malgré le thème son bouquin n'est pas plombant, il est au contraire une ode à la vie et aux vies différentes que l'on peut vivre. Très belle écriture, à la fois simple et directe, qui cherche et trouve le lecteur au plus profond de lui-même.

A l'instar de G. de Fonclare qui quitte Joë Bousquet avec regrets : "Certes, vous aurez une place à part dans mon coeur, et il n'y aura guère de jours sans que je pense à vous, intensément. Mais nous serons séparés, éloignés, et mon coeur se serre à cette idée." (p.141), je referme le livre avec l'idée que tant l'auteur que son sujet me resteront en tête longtemps.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Joe et Guillaume sont des frères d'armes, des hommes meurtris qui sont parvenus à transcender la souffrance et la maladie pour pouvoir continuer à vivre. Livre exceptionnel, bouleversant, brûlant, sans superflu ni pathos, au plus près de l'homme et de ce qui peut le grandir. C'est l'histoire parallèle de deux résurrections à 100 ans d'intervalle. Ce livre fort et pudique est un hymne à la vie, le chant d'amour sobre de ceux qui côtoient la mort et qui ont décidé de poursuivre ce " dur métier de vivre" .
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L'auteur, avec une pudeur et une profondeur bouleversantes, compose un récit croisé entre lui-même, invalide par maladie, et Joë Bousquet, le “poète immobile”, paralysé par une balle allemande en 1918. Mais sa propre vie, à peine évoquée, n'est qu'un fil de trame pour clamer son admiration et son amour à son aîné qui lui a montré par son existence la voie de l'esprit, de l'écriture, qui l'a rendu “plus fort et plus serein”, qui l'a “nourri de vie et grandi”. Ce n'est pas une biographie mais plutôt l'émouvante exploration d'un être de souffrances et de courage, d'un poête et d'un intellectuel au sens le plus noble du terme. Ce livre court et dense sidère par sa puissance et enchante par son style, pur et minéral, “à l'os” comme on dit communément. Parmi des pages éblouissantes, il me restera toujours à l'esprit, dans le début du livre, la description d'une offensive allemande en 1918. Des pages à l'égal de Genevoix, Jünger ou Dorgelès.
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Depuis la publication de son dernier livre, "Dans tes pas", en janvier 2013, on imaginait Guillaume de Fonclare déambulant dans les couloirs de ses énigmes insolubles, menant un âpre combat contre sa maladie et s'accrochant désespérément à son fauteuil électrique, alors qu'à notre grande joie il fréquentait ceux qui malgré «le corps meurtri» savaient garder «la tête haute». Car c'est ainsi que nous le découvrons dans son nouveau livre, joë : un homme, au contraire, accroché à la vie, postulant haut et fort que «l'esprit peut tout quand il est à l'oeuvre», à l'image de son héros, Joseph/Joë Bousquet, poète, romancier, essayiste, auteur de plusieurs livres de correspondances, qui, à l'âge de 21 ans, avait été grièvement blessé dans la bataille De Vailly, pendant la Grande Guerre, ayant été condamné à rester cloué à son lit, pendant plus de 30 ans.
Lien : https://lettrescapitales.com..
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Un superbe texte. L' éloge de cet homme plein de cette énergie créatrice qui lui a permis de vivre et d'écrire. Une écriture agréable, fluide et dynamique. Un plaisir de lecture et une découverte.
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Que dire en fermant ce livre ? Lu dans un souffle où la justesse des propos vous font dresser les poils le long du dos. J'avais beaucoup aimé "Dans ma peau " de cet auteur et je l'ai retrouvé avec délice. Son écriture est si précise que l'on ressent tout.
En mettant en parallèle la vie de Joë Bousquet poète paralysé suite à une attaque pendant la grande guerre et sa propre histoire, Guillaume de Fonclare fait une belle déclaration à la vie. Celle qui est là malgré tout. Celle qui mérite d'être vécue pour chacun de ces petits bonheurs qu'elle offre malgré les douleurs, les souffrances et chacun d'eux en connait les profondeurs.

Je serai bien incapable de citer un passage tellement chaque phrase est belle et pleine de vérité. Un livre à lire, à relire et surtout à partager. Un livre plein d'amour.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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