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3,42

sur 108 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La narratrice est assaillie par l'angoisse : sa mère a été longtemps enfermée en hôpital psychiatrique avant de se suicider quand ses deux filles étaient enfants. Récemment, elle a dû se résoudre à faire interner sa soeur après une crise de délire paranoïaque. Et elle-même montre des signes de fragilité : obsession maniaque de l'ordre, phobie, difficultés relationnelles… Elle entreprend alors une recherche sur la maladie de sa mère, tentant de percer l'omerta familiale et médicale. Exhumer les vieux secrets l'aidera-t-elle à mieux vivre ?


La personnalité compliquée de celle qui mène le récit jette le trouble dans l'esprit du lecteur qui se prend aussi à douter. Un doute qui va vite devenir le motif en filigrane de ce livre : celui qui inquiète le lecteur quant à la santé psychologique de la narratrice, celui qu'ont toujours eu les médecins quant à la véritable folie de sa mère, celui que n'avaient pas certains membres de la famille qui se sont pourtant tus.


Acide et percutant, le texte frappe par la justesse des détails et des ressentis : choisis de façon apparemment décousue, ils dessinent un ensemble saisissant de véracité, que l'on n'aurait aucune peine à accepter comme biographique. Les courts chapitres ne cessent de prendre le lecteur au dépourvu, instaurant un rythme qui le happe sans répit. Jamais larmoyant, le ton oscille constamment entre émotion et dérision, faisant naître le rire des perpétuels décalages du personnage principal et transformant le drame en une tragi-comédie ouverte sur l'espoir.


Ce singulier roman sur l'enfance blessée et les désordres laissés par la difficile relation à une mère est une réussite sur tous les plans : touchant, drôle, terriblement juste, il révèle une plume aussi délicate que percutante et une maîtrise de la construction romanesque qui me feront guetter les prochains romans de l'auteur. Coup de coeur.

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C'est une jeune femme fragile qui se confie tout au long de ces pages, où elle se souvient de son enfance, des épreuves qui l'ont jalonnée, et de ce qu'elle sait des maux qui semblent avoir frappé les femmes de sa lignée. Et pourtant c'est sa soeur qui constitue le point de départ de la narration, alors qu'un épisode de délire paranoïaque s'empare d'elle et la conduit à la demande de sa soeur vers l'hôpital psychiatrique.

C'est l'occasion de mener une enquête à la recherche de ce qui était arrivé à leur mère, douée pour le piano mais qui dut renoncer à sa passion pour des raisons mystérieuses.

#ÀLaDemandeDunTiers #NetGalleyFrance

Enquête familiale donc, qui laisse la place au doute sur la personnalité de la narratrice, très ambiguë, aux confins de la folie, elle aussi. Elle rapporte avec une logique enfantine, qui flirte avec le fonctionnement d'un pensée autistique, dans la recherche d'une immuabilité des repères, avec une analyse parfois figée dans son mécanisme des relations qu'elle entretient avec son entourage.


L'écriture est efficace, le ton est persuasif, et l'on garde jusqu'à la fin le doute sur ce qui nous est conté. Pas de lassitude à la lecture, en raison de cette ambiance de suspicion, qui donne aux révélations distillées au gré des chapitres un rythme apparement décousu et pourtant parfaitement maîtrisé.

Un premier roman prometteur.
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J'ai plongé dans le livre de Mathilde Forget, comme dans un aquarium géant, je n'en suis sorti qu'à la dernière page, là où elle a écrit, page 155, je remonte à la surface, comme si je ne l'avais pas quitté des yeux.
Son histoire, est si proche de mon histoire, que ses mots j'imagine les avoir prononcés un jour. Et pourtant chaque itinéraire de vie est forcément différent. Il y a pour moi à travers son témoignage comme un mystère, un quelque chose qui rapproche les enfants qui ont perdu leur mère.


Elle ne pleure jamais au bon moment, comme c'est juste, comme cette phrase colle à la peau de Mathilde, elle dira elle-même, page 76, " j'ai voulu pleurer pour réhabiliter mon coeur". C'est tout l'attirail affectif lui même qui fut débranché. Elle fait cette déclaration sublime, et "mon coeur s'est littéralement effondré dans ma poitrine pour finir au fond de mon ventre".
La suite s'écrit avec une limpidité de glace, "j'ai grandi en observant de loin mon chagrin sur les joues de ma soeur".


Quand il lui faut dessiner pour la Fête des Mères, ce petit quelque chose, qui est une fête de douceur et de tendresse, la maîtresse l'invite à montrer à son père, qu'il est devenu pour elle sa vraie mère.
Mais tout cela sonne faux, alors elle dessine des loups avec une tête de requin, puis elle souligne ; " Victor ( et non papa ) est une bonne mère".


Le plus poignant est l'épisode où elle téléphone aux pompiers, par ce que la peur la serre, voir sa soeur Suzanne faire une bêtise comme la maman. Elle l'accompagna à l'hôpital, "le Ruisseau". Je pense à la petite fille qui retournait voir Suzanne et qui l'apercevait dans l'encadrement d'un petit sas, découpé dans la porte. Sa soeur comme la petite bête dangereuse d'un zoo. Car "il faut être en bonne santé pour que le psychiatre vous parle, et être respecté".


Comment partager un tel drame, demain on lui dira, "tu n'as pas de coeur". Mathilde n'a pas de coeur, elle a grandi trop vite. Walt Disney a bien raison avec des enfants qui ont perdu leur mère ça va beaucoup plus vite pour apprendre la vie, on ne s'embarrasse plus du coeur.
Mais Suzanne comment la ramasser, comment la retrouver, combien d'années faut-il pour la reconstruire, combien d'années pour un frère ou pour une soeur passé par les électrochocs.


Ici la mode n'est qu'une saison celle de la nuit. "Sa mère était de garde toutes les nuits, elle travaillait dans les cimetières", lança un jour Mathilde par dérision.
La lumière est diffuse dans la nuit," avec Victor elles peuvent parler de tout, de tout ? Sauf de la mort de Pauline. Ses yeux rouges l'en empêchent".


Le récit édifie un témoignage profond, d'une indescriptible justesse, où les mots percutent, et s'écrasent d'un bloc. Il y a dans le regard des enfants meurtris une violence retenue, un calme feutré, une douceur farouche où la moindre étincelle peut déclencher la foudre, une douceur susceptible, jusqu'à mourir pour les siens. L'image du requin, incarne tout à la fois l'étincelante écriture de l'auteure, et l'indéfectible besoin de survie, d'humour et d'espoir.
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/MATHILDE AS-TU DU COEUR ? //

En regardant la couverture de A la demande d'un tiers, j'ai pensé au tennisman 🎾. Si l'auteure n'a rien à voir, à priori, avec la terre battue et les filets, elle maniait déjà les mots, avant ce roman, en tant que compositrice 🎶 et interprète.

Ce n'est donc pas un hasard si c'est la musicalité de son écriture qui m'a frappé immédiatement. ▪️ Mathilde Forget a aussi un sens incroyable de la formule. Elle balance ce genre de phrases que j'aimerais tant avoir écrites à sa place.
▪️ "Josephine est fille unique, j'ai longtemps pensé que ça voulait dire qu'elle n'existait qu'en un seul exemplaire. Mais cela voulait surtout dire qu'elle pouvait manger une boîte entiere de gâteaux devant moi sans m'en proposer. Je ne suis pas une fille unique, d'autres exemplaires existent. Je suis née après Suzanne, la place était déjà occupée. Je n'ai jamais connu de monde sans elle. Ma place c'est une partie de la sienne.
▪️ "Quatre mois après la rupture, j'ai pleuré pendant une semaine sans même avoir besoin de penser à soeur Cathy. Et mon coeur s'est littéralement effondré dans ma poitrine pour finir au fond de mon ventre. J'ai donc bien un coeur mais il n'est plus au bon endroit. "
▪️ " le trac envisage la réussite, la peur envisage le pire."

▪️ Sur des thèmes déjà traités par la littérature (la folie familiale, les secrets de famille, la force d:une relation entre deux soeurs) Mathilde Forget évite le sentiment de déjà lu. Elle fait entendre une voix singulière, parsemant son récit sombre de trouvailles (comme le si frappant syndrome du coeur brisé 💔 , sa peur irraisonnée des requins 🦈 qui la fascinent aussi) qui sont un vrai plaisir de lectrice !
▪️ En librairie le 21 août !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Une écriture bouleversante mais simple, qui vous amène vers l'intérieur des êtres pour un voyage intime dans les méandres de pensées délicates, terribles, légères, implacables.
Emportée du début à la fin, lu et relu.

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Cela commence comme un jeu d'enfants, la chorégraphie de deux soeurs soudées. Mais la ronde est interrompue et Suzanne emmenée, internée à la demande d'un tiers : sa soeur, narratrice de cet étonnant premier roman.
Décidément rien ne va plus : la narratrice vient d'être quittée par "la fille avec qui elle veut vieillir", peut-être parce qu'elle ne sait pas pleurer, peut-être à cause de son obsession pour Bambi ou les requins. Peut-être un peu à cause de tout ça. le coeur brisé et amputée de sa soeur, la narratrice décide de remonter le fil de leur histoire commune : celle de leur mère qui s'est un jour jetée de la tour d'un château très touristique. La narratrice cherche, fouille, explore les replis de cette histoire qu'on semble vouloir lui cacher. Cherche-t-elle à comprendre la folie de sa soeur ou sa propre difficulté à être au monde ?
C'est dans ces méandres, au plus proche de son personnage, que nous entraîne avec talent Mathilde Forget avec ce roman décalé et audacieux. Une jolie surprise de la rentrée littéraire !
Lien : https://wp.me/p3WvbT-dr
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Cela m'a pris le temps d'un vol. Deux heures d'avion, entre Lisbonne et Paris, pour lire A la demande d'un tiers et en rester bouche bée.

Je l'ai commencé dans la file d'attente pour les contrôles de sécurité,
poursuivi dans le terminal 2 jusqu'à la porte d'embarquement 22,
au soleil, en marchant en direction de l'avion
et enfin à ma place, à la place 7F.
Le chiffre 7 me porte chance,
Alors quand s'ouvre l'enregistrement, je me précipite sur le rang 7 et réserve un siège en 7.

J'ai lu en regardant par la fenêtre parce que la place F est celle près du hublot,
à droite quand on regarde en direction du nez de l'avion.
J'ai regardé le ciel et les nuages. Les rayons du soleil.
J'ai regardé par le hublot pour reprendre mon souffle
Entre deux brefs chapitres, deux phrases courtes.

A la demande d'un tiers c'est une jeune-femme
Qui raconte sa soeur, sa mère, sa grand-mère,
Qui raconte l'enfance, la science, la maladie mentale,
Qui raconte un château, un aquarium, une plante verte, le piano.
Qui enquête, réfléchit. Qui déteste Bambi.

Je ne sais pas comment Mathilde Forget s'y prend pour nous faire rire et pleurer en même temps,
comment elle nous donne la main et nous fait aimer son chemin,
comment elle choisit chaque détail, chaque anecdote avec tant de soin que l'on s'en souvient.

J'ai regardé par le hublot, j'avais le coeur serré et un sourire aux lèvres.
Plus tard, j'ai marché dans la ville. Dans les rues de Paris.
Vu des requins dans les flaques d'eau et la tour du moulin dans l'enceinte du château.

instagram : @mesmotsdanslesleurs
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Un livre magique dont je me souviens plusieurs années après l'avoir lu. J'ai découvert ce roman à travers une lecture musicale de l'auteure, moment de pure émotion. Un thème fort traité avec une belle dose de dérision, j'adore le ton. On parle de folie mais on ne sombre pas, au contraire.
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Voici un des romans bien déjantés et je l'ai vraiment apprécié.
La scène d'ouverture est celle où notre héroïne doit faire interner sa soeur, Suzanne. Suzanne qui souffre comme leur mère, Pauline Stern, autrefois brillante pianiste, et peut être, comme notre héroïne, d'un trouble psychiatrique. Cette hospitalisation à la demande d'un tiers (jour de la fête nationale) va être l'occasion pour l'auteur de se pencher sur la lignée des femmes de la famille, en commençant par leur mère qui s'est suicidée en se jetant d'une tour d'un château.
Quête d'autant plus nécessaire qu'elle vient de rompre avec son amie, Judith et ne s'en remet pas. Entre les compte-rendus d'hospitalisation qu'elle vole, les lettres de sa mère qu'elle récupère, les témoignages qu'elle obtient de ses amis, l'auteur voit apparaître une autre femme que celle qu'elle a connu en tant que mère.
La quête est loufoque, triste, hilarante, improbable, les diagnostics médicaux ne sont jamais les mêmes et notre fille de et soeur de, se perd un peu avant de découvrir ce qui a contribué au basculement de sa mère dans le délire, lors d'une conversation avec sa grand-mère maternelle.
Un roman foutraque mais très attachant d'une jeune femme qui lutte pour ne pas s'effondrer et qui après avoir affronté sa plus grande peur qu'est la folie, ira se confronter aux requins qui finalement ne sont pas si dangereux que cela au regard de sa famille.
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Avec son premier roman, Mathilde Forget réussit à nous redonner le sourire, malgré un contexte sinistre, et nous émeut. Un beau premier roman lumineux autour de la folie et de la quête de soi.

Pauline Stern, la maman, s'est jetée de la plus haute tour d'un château touristique, qui en compte dix-sept. « Bambi ne pose pas de question. Lorsque son père lui apprend la nouvelle, il ne pose aucune question. Pas une seule. Il ne dit rien ». Tandis que sa soeur Suzanne lui apprenait tout sur les requins, Victor, le père, faisait ce qu'il pouvait pour être « une mère parfaite ». Bernadette, elle, la grand-mère, s'occupe de son jardin et de ses abeilles, surnommées les Murielles, tout en inventant des contes à ses petites-filles. Mais cette mort brutale, ne semble pas avoir provoqué les mêmes effets sur les deux soeurs. « Les fissures ne sont pas uniquement causées par le séchage du bois, certains sont dues à un choc. Une fois, j'ai planté des clous de même taille dans deux poutres différentes, mais jamais les crevasses ne se ressemblent. Un événement de même nature produit rarement des résultats identiques ».

Et un beau jour, très affectée par la rupture avec son amie et ébranlée par l'internement de sa soeur, la narratrice se lance dans une enquête pour mieux comprendre la mort de sa mère. Que s'est-il passée pour qu'elle se suicide de la plus haute tour d'un château ?
Lien : http://untitledmag.fr/rentre..
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