« Un homme si grand qu'il semblait fendre la foule », se fait heurter par une femme qui se retrouve projetée par terre. Galamment, il l'aide à se remettre sur ses deux pattes et… chabada ? Non, simplement une rencontre fortuite, la femme, Jean, suit un renard dans Londres,
Quoi, il y a des renards dans le centre de Londres ? Il semblerait, puisque Jean est venue en Angleterre les étudier. Elle arrive directement du Massachusetts pour fuir un divorce et des belliqueux qui n'acceptent pas qu'elle puisse protéger les coyotes.
A Londres, en plus de cette étude, elle créé des jardins sur les terrasses, les toits.
Revenons à l'homme qui se prénomme Attila, veuf. Psychiatre, il va dans les zones de combats pour aider soldats et autochtones atteints de syndromes post-traumatiques. D'ailleurs, il arrive d'une zone de guerre et se fait une joie de cette parenthèse anglaise où il participe à un colloque sur la psychiatrie en temps de guerre. Attila accompagne sa vieille amie, victime d'Alzheimer dans sa fin de vie.
Ils se rencontrent à nouveau, fortuitement, pour aider un SDF que deux jeunes connards ennuient. de là, naît une camaraderie, puis une amitié étayée par l'aide que Jean apporte à Attila dans la recherche de son neveu qui a fui les services sociaux. Jean met à contribution son entourage qui oeuvre pour elle en notant les passages et descriptions des renards. Tout un petit monde que l'on ne remarque jamais, tel les portiers d'hôtel ou de l'opéra, balayeurs tous émigrés africains, un mime de rue, tous ces gens sans importances qui sont si utiles. Un monde souterrain où l'entraide, la débrouille sont des soutiens indispensables.
Un lien fort les unit. Ils ont la même philosophie de la vie, humanisme, respect des autres, de la vie sous toutes ses formes.
Transparaît une philosophie « Une société s'engourdit autant en subissant les coups du sort qu'en en étant épargnée. Ceux dont l'existence est protégée, qui ont grandi dans du coton, n'ont pas connu la pluie ou le vent, ni couru pour échapper au tonnerre et aux éclairs, ni été pris dans une tempête, ne supportent pas qu'on leur remémore leur conditions de mortels. »
Le paradoxe du bonheur c'est que les personnes n'ayant jamais connu les ennuis, qui ont grandi dans du coton, sont beaucoup moins armées que celles qui ont rencontré le malheur ou pire.
« On en venait à croire que le bonheur était fourni avec le lait maternel, qu'il était de nature de l'homme et que le reste n'était qu'un ersazt »
Comme si la « force émotionnelle » donnait aux seconds une charpente, une colonne vertébrale sur laquelle s'appuyer pour forger un avenir qu'ils ne peuvent espérer que meilleur.
« « J'ai de l'espoir » avait dit Komba. « J'ai de l'espoir. » Il n'avait pas dit « Je suis heureux. ». C'était l‘horizon qu'il donnait à son existence. Un autre aurait parlé de bonheur, mais pas lui. L'espoir était d'un ordre différent. Chaque individu détient le récit de sa vie, et non les professionnels. Komba n'était pas un combattant, il était petit-fils d'aiguilleur ».
Dans le livre d'
Aminatta Forna, je pourrais faire un parallèle entre les renards qui se cachent de moins en moins et que d'aucuns veulent exterminer et cette population multiraciale, quasi souterraine que d'aucun ne veut voir et certains…
Le récit louvoie entre l'horreur des guerres, le bonheur de deux humains, une foi en la vie, une espérance en l'avenir, l'entraide. La vie est un paradoxe. J'ai aimé ce livre dense où les chapitres en italique raconte le parcours de Jean et Attila, leurs blessures, leurs fêlures, cette envie de s'abandonner à un bonheur et la vieille peur de souffrir.
Un livre profond et dense, à plusieurs lectures ; un manifeste sur l'espoir, l'espérance malgré tout.
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