- Tu me pardonnerais si je te disais que je suis un peu rouillé en ce qui concerne les relations amoureuses ?
- Un peu ? On doit entendre tes articulations grincer jusque Mars!
- Hé ma jolie, c'était moi ou le béton. Il fallait bien que je m'y colle.
- Le béton aurait sans douté été moins douloureux ... et moins compliqué.
La tendresse était un leurre.
Ce qui commençait avec raffinement ne pouvait se terminer de la même manière.
— C’est tellement typique des humains d’émettre des jugements sur un peuple uniquement parce qu’il est différent. Vous êtes incapables de prendre le temps de nous comprendre, et considérez comme une menace quiconque est né un peu plus fort ou plus intelligent que vous. L’ignorance et la peur sont les signes millénaires des oppresseurs de ton espèce. Vous ne réussirez pas cette fois. Pas avec nous. Ni avec aucune autre race de la nuit, j’y veillerai personnellement.
— Depuis mon enfance, je me sens différente. J’ai toujours vécu à l’écart de la société, Jacob, en ermite, avec pour seule compagnie ma sœur et ses quelques amis. Cette fameuse nuit, je contemplais la lune, comme je l’ai fait des milliers de fois auparavant et, déjà à ce moment-là, je savais que l’obscurité et son astre renfermaient des secrets importants me concernant. J’ai passé des années à dévorer des livres à la recherche d’informations. Et je crois les avoir enfin trouvées. C’est toi que j’attendais pendant tout ce temps, Jacob.
Le destin a voulu que j’appartienne à la terre, Bella, lui susurra-t-il à l’oreille. Je peux manipuler la gravité, communiquer avec toutes les créatures vivantes, et bouger les plaques tectoniques à ma guise. Je peux provoquer la germination d’une graine par la simple pensée, ou au contraire la faire pourrir et mourir. Je suis capable de ressentir l’énergie vitale de tout être né de la terre. Armé des sens accrus des prédateurs les plus accomplis, je peux chasser tous ceux qui parcourent ce monde. Je suis la nature. Elle et moi ne faisons qu’un.
La tendresse était un leurre. Ce qui commençait avec raffinement ne pouvait se terminer de la même manière. Cela faisait partie de leur nature profonde, et c’était inévitable.
— Les monstres ? Qu’est-ce qui nous rend plus monstrueux que vous ? Vous qui réduisez en esclavage un être vivant pour l’exploiter sans une once de pitié ou de compassion.
Dès que je vous vois, je brûle de m’enraciner en vous, de m’ancrer en profondeur pour m’abreuver à votre source.
Si nous vous laissions déambuler toute nue, j’en vois déjà certains s’accrocher aux lianes, se frapper le torse, voire marquer leur territoire.