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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Au moment de rédiger ce billet, je suis bien embêtée, et franchement, je me sens un peu perdue. Je me faisais une telle joie de lire un roman historique sur une période qui m'a toujours fascinée : la découverte de l'Amérique. Mais, je suis déçue de ma lecture, je n'ai pas trouvé ce que j'attendais.

Lorsqu'un livre ne me plaît pas, je le referme et je passe à un autre. Je ne fais pas de critiques, trouvant malhonnête de critiquer un livre abandonné. J'ai reçu ce roman par le biais d'une masse critique privilégiée, et dans ce cadre-là, on se doit de rédiger un avis. J'ai donc lu le roman en entier pour en faire une critique sincère et argumentée.

Je regrette d'avoir demandé à le lire, et j'espère que l'auteur ne sera pas blessé de ma franchise. Chaque livre a son public et je ne faisais vraisemblablement pas partie des lecteurs visés.
Je remercie très sincèrement Babelio et les éditions Flammarion pour l'envoi de ce roman.

*
Tout d'abord, j'ai réellement aimé le postulat de départ, à savoir que L Histoire est partiale et que la vérité a été limée de toutes aspérités pour auréoler les vainqueurs.
Alors, lire le récit de la conquête de l'Amérique en balayant toutes les idées reçues, remettre en question tout ce que l'on a appris dans les livres d'histoire, réfléchir sur les concepts de vérité et de manipulation, m'enchantait.

« Jamais encore les conquérants ne se sont souillés avec la gloire. »
Joseph Conrad

*
Le personnage principal de ce roman est le conquistador espagnol Hernando de Soto que Franzobel nomme ici Ferdinand Desoto.

« Conquérir ce pays est ma destinée. Qui s'oppose au cours naturel des choses sera réduit à néant. L'Histoire le veut ainsi. »

Cet « illustre » personnage, après avoir accompagné Pizarro au Pérou, décide de financer en 1538, une grande expédition en Indes occidentales, pour devenir gouverneur de la Floride. Les héros de cette aventure sont des conquérants, des escrocs, des charlatans, des criminels, des missionnaires, des dames, que du beau monde !

« La morale est notre bien suprême. »

Ce sombre personnage mènera une campagne désastreuse.
Lui et ses hommes parcourront des distances prodigieuses, découvriront des contrées jusque-là inexplorées, rencontreront les premiers, les populations indiennes. Mais ils pilleront les villages, tortureront les indigènes pour leur soutirer leurs richesses, violeront les femmes, et sèmeront la mort et la désolation sur leur passage.

« Ils n'avaient aucune chance avec leurs armes ridicules. le village fut pillé, les femmes violées. le programme habituel. »

Parallèlement à l'expédition, près de 500 ans après ces évènements, un cabinet d'avocats New-Yorkais porte plainte contre les Etats-Unis au nom de tous les peuples amérindiens pour réclamer la restitution de l'ensemble des terres volées.
L'idée de créer un pont entre les évènements du passé et ceux présents capte l'attention autour de cette question de la propriété. Mais l'auteur ne va pas au bout. Ces scènes trop courtes s'intercalent dans le récit, ne laissant qu'une impression diffuse qui se dilue dans le récit.

*
C'est dans un style humoristique que nous accompagnons ces personnages particulièrement loufoques, à la découverte de l'Amérique.

« Les Apalachees n'aimaient pas les étrangers qui puaient, n'avaient aucune culture et couraient après les fentes de leurs femmes. Ils ne voulaient pas de fainéants, de parasites qui n'étaient pas d'ici et vivaient aux dépens de la communauté. Ils ne voulaient pas d'une religion qui chantait les hymnes à un crucifié. »

Les premières pages m'ont plu, mais très vite, l'originalité du livre a fait place à un sensation de fatigue et de malaise devant tant de lourdeur.
Le ton se veut amusant, ironique, sarcastique, dénonciateur, mais cet humour manque de finesse et ne m'a pas du tout amusé. J'irai jusqu'à dire qu'en poussant trop loin cette idée de dérision, l'auteur dessert l'intrigue et l'histoire. Je me suis, peu à peu, détachée du récit jusqu'à attendre avec impatience la dernière page.

Des comparaisons persistantes avec l'époque actuelle, des références à des célébrités (Paul Newman, Robert Redford, Brad Pitt, …) m'ont ennuyée, n'apportant rien à l'histoire. Certains personnages sont tellement caricaturaux que cela a troublé ma lecture.

*
On voit que l'auteur a fait de nombreuses recherches pour écrire un livre étayé de plus de 500 pages, mais malheureusement, je me suis perdue dans la construction d'un récit enchâssé qui fait des bonds incessants dans le temps et dans l'espace, passant d'un personnage à un autre. Il m'a fallu du temps pour m'habituer à ce rythme.
Pourtant, on apprend beaucoup sur la colonisation, la soumission des populations indiennes, les massacres perpétrés, l'esclavage des Amérindiens.
Le récit est brutal, direct, ce qui permet de plonger le lecteur dans l'esprit et la réalité de l'époque.

Néanmoins, le rocambolesque, l'absurdité, l'ironie, le sarcasme, ne m'ont pas plu pour en parler. Je comprends l'envie de Franzobel de nous pousser à une réflexion morale par cette forme de provocation, mais je n'y ai pas adhéré.

*
Je pense très sincèrement qu'avec un récit moins alambiqué, plus court, et moins tourné vers la caricature et le ridicule, il aurait gagné en profondeur.
Ce n'est bien sûr qu'un avis très personnel et je vous engage à vous faire votre propre avis en découvrant la plume atypique de Franzobel, un des auteurs les plus populaires et controversés d'Autriche.
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1537. le conquistador Ferdinand Desoto vient plaider sa cause auprès de Charles Quint pour obtenir la direction d'une nouvelle expédition en Amérique. Il est accompagné de deux de ses serviteurs, un nain et un indien excentrique. À son grand dam, l'empereur lui accorde la Floride, ses marécages et ses indigènes cannibales...
Le conquistador recrute alors une armée hétéroclite où les aventuriers et les chercheurs d'or côtoient les brigands en fuite.

J'ai longuement hésité avant de porter une appréciation sur ce roman qui se veut une évocation tragicomique de la colonisation de l'Amérique par les espagnols.
Les très nombreux personnages sont plus loufoques ou monstrueux les uns que les autres, y compris l'empereur, présenté sous un jour très éloigné de celui de nos livres d'histoires. Les événements dramatiques, notamment l'extermination quasi systématique des tribus indiennes, sont décrits au travers d'une loupe déformante qui les fait virer à la pantalonnade.
Sur un fond de vérité historique, cela aurait pu donner une présentation amusante d'une époque qui le fut beaucoup moins, dynamisée par de nombreux allers-retours entre scènes sans liens apparents. Hélas, l'auteur en fait un peu trop et finit par égarer le lecteur.
Et puis, quel besoin d'ajouter des constructions du type "Revenons à notre naufragé..." pour assurer certaines transitions ? Enfin, que viennent faire là des références à des modèles d'automobiles, des marques de rhum ou des acteurs américains du XXème siècle ?
Dans un film des Monty Python cela aurait pu passer. Mais cela devient beaucoup trop lourd pour ce roman.
Peut-être une bonne idée, mais hélas mal traitée...

Merci à Babelio et Flammarion de m'avoir fait découvrir ce roman et son auteur.

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Ce livre de conquête, de pouvoir entraîne le lecteur dans une folle aventure, où l'histoire est vu à travers le regard d'un contemporain, où les scènes sont plus prégnantes que jamais, plus cruelles que ce que les historiens l'ont laissé entendre dans leurs écrits.

La force de ce roman est l'écriture et l'humour que distille Franzobel dans son récit. le contraste entre ce qui nous a été raconté et ce qu'il perçoit à notre époque, L'histoire du conquistador Ferdinand Desoto (Fernando de Soto) est bien amené. Il mélange les évènements et les histoires, passe d'une époque à une autre. C'est foisonnant (trop peut-être ?). On sent que Franzobel s'est bien documenté pour écrire ce roman. Il met en exergue les atrocités tuent par les historiens. Fait des comparaisons avec notre monde contemporain.

Il faut vraiment être concentré pour ne pas perdre le fil. Mais à force de lire des horreurs, des guerres, des exactions pour conquérir des territoires, le traitement atroces réservés aux indigènes, le rend un peu indigeste. Il faut avoir le coeur bien accroché.

Je ne l'ai pas encore terminé. Je fais une pause (?), entre d'autres lectures. J'espère ne pas perdre le fil…

Donc, lecture mitigée.

Je remercie Babelio et les éditions Flammarion pour l'envoi de ce livre.
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Merci aux éditions Flammarion et à Babelio pour l'envoi de ce très beau livre.

En tant qu'objet, je l'ai trouvé très beau. Mais en tant que lecture, ça se complique. Et j'en suis vraiment désolée. le thème me plaisait, c'était une occasion de voyager, tout en se régalant d'aventures.
Mais que cette lecture est compliquée ! On s'y perd complètement, ça part dans tous les sens. Certes ça peut être une originalité, et une qualité de pouvoir construire un roman avec une telle complexité, mais pour le lecteur, ce n'est pas forcément une partie de plaisir.

Je n'ai pas pu finir le livre, beaucoup trop indigeste. J'ai pourtant tenté de faire des pauses de le reprendre ou au contraire de me plonger dedans sans décrocher afin de trouver un point d'ancrage, mais rien n'y fit. J'ai complètement sombrer avec le navire et je ne suis jamais arrivée à destination finale. Pourtant, il a des qualités, il y a une pointe d'humour, la plume est par moments poétiques et sans doute d'autres trésors si j'avais pu poursuivre.

Quel dommage, car toutes les promesses d'une belle lecture étaient rassemblées. Alors que peut être je ne suis pas la lectrice adéquate pour ce genre de roman. Ou peut être je n'ai pas su attraper le fil d'Ariane pour me guider vers le bon chemin.

Bref, si vous voulez essayer cette lecture soyez en avertis, ce n'est pas une lecture à la portée de tous.
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Franzobel pour moi, c'est un peu comme le Nouveau Monde pour Ferdinand Desoto : Terra incognita.
Et encore, quand le conquistador espagnol se voit confier en 1537 la mission de conduire une expédition coloniale majeure aux Amériques - tout fraîchement découvertes - il a déjà eu, à l'occasion d'une première exploration de moindre importance, un aperçu de ce qui l'attend outre-Atlantique.
Moi, que dalle !
En ouvrant ce livre gracieusement offert par Babelio et les éditions Flammarion (merci à eux !), je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais y trouver, et tel un Desoto gonflé d'optimisme posant le pied sur le sable américain, j'ai d'abord eu bon espoir.

Les premiers chapitres sont en effet prometteurs, pleins d'allant et d'excentricité. La plume et le ton sont originaux, et la galerie de personnages hauts en couleurs dont nous gratifie l'auteur laisse présupposer qu'on ne s'ennuiera pas dans cette aventure au long cours. Navigateurs illuminés et corsaires féroces, prêtres inquisiteurs et fripouilles en fuite : tous sont pétris de vices et d'ambition, tous courent après des chimères, et tous semblent bien décidés à faire main basse sur les richesses infinies dont regorgent assurément les "Indes occidentales".
Tant qu'on y est, profitons-en pour porter la lumière de la vraie foi sur ces terres impies, convertissons en vitesse les quelques sauvages croisés en chemin et/ou réduisons-les en esclavage, et à nous la gloire, la fortune et les honneurs de la cour d'Espagne !

Ça bien sûr, c'était le projet, mais rien ne va se passer comme prévu.
De péripéties en déconvenues, l'expédition tourne au fiasco, et le récit don-quichottesque des aventures de "Desoto aux Amériques" se change en longue farce bouffonne, dans laquelle l'auteur prend plaisir à multiplier les loufoqueries et les anachronismes. L'exubérance souvent outrancière de Franzobel n'est pas sans rappeler celle de Jean Teulé, avec qui il semble partager un certain goût pour la caricature et les reconstitutions historiques foutraques et décalées, mais toujours soigneusement documentées.
De nombreux faits relatés dans ces pages sont en effet avérés (comme l'assure l'auteur en fin d'ouvrage) tandis que d'autres sont plus discutables. L'empilement des uns sur les autres, la cadence soutenue des rebondissements et les incessants allers-retours temporels produisent une impression d'accumulation, qui a parfois eu tendance à me perdre un peu.
Sous ses allures burlesques, l'histoire cache pourtant une critique acerbe des pratiques colonialistes occidentales et cela avait tout pour me plaire, mais sur la durée j'ai parfois eu le sentiment qu'elle finissait par tourner en rond...
En forçant trop le trait, en cherchant à tout prix sur plus de 500 pages à être toujours drôle, piquant, ultra-fantaisiste, Franzobel nous en fait presque oublier son objectif premier : celui de dénoncer par le cysnisme et la dérision toute la vanité, la cupidité et la violence imbécile de l'envahisseur blanc, bêtement convaincu d'être partout le maître du monde.

Bilan mitigé, donc, pour cette aventure aussi rocambolesque qu'interminable, qui s'annonçait à la fois divertissante et instructive mais dont j'ai hélas fini par me lasser.
Ce sont bien sûr des choses qui arrivent quand on se lance bille en tête dans l'inconnu, et ce n'est pas Desoto qui me contredira ! Nous fondions tous les deux beaucoup d'espoir sur la découverte de ces contrées nouvelles, mais lui comme moi avons finalement déchanté...
Dommage.
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On commence par ce livre objet, une couverture magnifique qui donne ce côté historique et attire l'oeil tout de suite, un bel écrin en somme, malheureusement c'est ce que j'ai préféré dans ce livre.

On est mis au jus des le départ, c'est sur le ton de l'humour que se déroulera cette histoire (pas terrible l'humour d'ailleurs et franchement déplacé parfois), sauf que c'est sur ce ton que l'on va embarquer avec Ferdinand Desoto, conquistador trop gourmand, qui n'accroche pas spécialement le lecteur vu comme on le décrit et qui m'a fait ni chaud ni froid si ce n'est qu'il m'a mis presque en colère par son arrogance, sa misogynie et son état d'esprit limité au profit.

Je pensais partir sur un roman historique, mais c'est bien un essai (très perché) qui nous est mis entre les mains et j'en ressors franchement déçu car au bout de même pas cent pages j'avais déjà envie de tout plaquer. (Le pire c'est que je possède son livre précédent en poche car on me l'a à plusieurs reprises conseillé, celui sur l'histoire du radeau de la Méduse, bref j'ai été trop vite).

Donc après la centaine de pages j'ai continué ma lecture en diagonale, sans m'y intéresser, en passant des passages rebarbatifs. Je ne souhaite pas dire du mal pour dire du mal, je vais donc m'arrêter là pour cette chronique.

Je pense que ce livre peut trouver son public mais je n'en fais clairement pas partie et c'est dommage.
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Dur de faire ami-ami en Floride


Ce livre est à l'image des festins qu'il évoque, où sont servis « des boeufs fourrés d'agneaux remplis de poulets et glissés dans un veau, la volaille contenant pour sa part des pigeons bourrés de cailles, elles-mêmes remplies de poissons fourrés aux cuisses de grenouille et aux oeufs de limaces pleins d'yeux d'araignée en langues d'alouette. ».

Il est étonnant, démesuré, lourd, extravagant et vaguement écoeurant.

Au début, j'ai suivi avec intérêt et curiosité les aventures de ce Ferdinand Desoto qui fut un compagnon de Pizarro au Pérou, avant de se rêver conquistador d'une Floride encore mystérieuse. Il faut dire que Franzobel a une plume facile et alerte, qu'il est érudit et qu'il propose un fil conducteur apparent original : relier cette « conquête » de 1537 et la situation du monde aujourd'hui, mené à sa perte par le modèle américain.

Car en parallèle de son récit historique de « conquista », il évoque un procès en restitution des Etats-Unis aux indiens susceptible de remettre en état un pays dévasté depuis cinq cents ans. L'auteur établit ainsi un lien entre la devise « Plus ultra » qui a guidé les colonisations (la fin du « Non plus ultra » - le monde fini des romains) et celle du « Nec plus Ultra » qui sert désormais d'étendard aux nouveaux maîtres du Monde.

Et puis, à peu près au quart du livre, j'ai dû me rendre à l'évidence : ce récit était assez ennuyeux, répétitif et la perspective de l'immensité qui restait à parcourir m'a terrassé.
A partir de là, le côté picaresque, drôle, les décalages, les apartés anachroniques…m'ont pesé au point que chaque page jusqu'au bout m'a donné une idée du calvaire vécu par Desoto et ses hommes dans les marais inhospitaliers.

On sent bien dans cette satire à but moralisateur, que Franzobel a décidé d'embrasser large : la responsabilité de l'occident dans la mondialisation, la cupidité, l'hypocrisie religieuse, la destruction de la nature…tous ces phénomènes dont les conséquences se perpétuent encore aujourd'hui. Très bien.

Le problème est qu'il aime aussi visiblement se regarder écrire. Et que le pauvre lecteur lui, est prié de se débrouiller et de survivre entre ces couches agglutinées de crème, sauce béchamel à la graisse d'oie renforcée de saindoux. J'ai eu le sentiment de me retrouver transbahuté d'un tableau de Velázquez à une toile d'un Jason Pollock épileptique.

J'ai trouvé que si au début, l'humour gentiment décalé était de nature pointilliste, il devenait davantage manié à la truelle par la suite, ce qui a fini par me sortir complètement du récit historique, annihilant le maigre intérêt qui restait.
Exemples.
Quand Franzobel écrit à propos d'une arrivée de l'expédition sur une île : « Certains brandissaient des citrons, des poissons ou des coquillages décorés en criant des chiffres, : la mauvaise habitude de fourguer aux touristes des hardes et des vivres à prix d'or était déjà courante à cette époque ». C'est subtil et gentiment ironique.

Par contre, quand il aligne les incongruités telles que :
« Portofo avait publié une directive sur les dimensions des colis. Il fallait payer en cas de dimensions excessives, et la taxe se réglait en coquillages » … »D'autres affirmaient qu'elle avait abusé de sa position et des hommes en général -une attitude qu'on désignait par le terme mitou », « on aurait dit Bart dans le show 1, rue Sésame », « avançait la mine aussi fière et confiante que John Wayne à une cérémonie des Oscars », « …peut-être passa-t-il devant La Nouvelle-Orléans, peut-être entendit-il Washboard Sam, Louis Armstrong…là, c'est du n'importe quoi.

Et quand ça s'étale sur 543 pages…

C'est dommage, mais pour ma part, le décrochage a été irrémédiable et profond au point d'éprouver une hâte malsaine à finir ce livre pourtant plein de promesses, Mais à un moment, un peu de sobriété n'aurait pas nuit.

Et quand de plus, on apprend que l'éditeur a incité contraint Franzobel, à couper et réduire ce texte !

Merci toutefois aux éditions Flammarion et à Masse critique privée pour cette expérience. Félicitations aussi pour la qualité de l'ouvrage sur ce beau papier épais qui dans d'autres circonstances, aurait procuré un plaisir de lecture définitive.
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Roman d'aventure, fresque historique, récit picaresque... dans ce livre rocambolesque, Franz Stefan Griebl alias Franzobel, écrivain autrichien contemporain souvent controversé, nous conte à sa manière la conquête du nouveau monde par les Espagnols et toutes les atrocités qui y ont été commises.

Nous sommes en 1537 et le conquistador Ferdinand Desoto se voit confié la prochaine expédition en Amérique, celle qui devrait lui apporter gloire, or et richesse.

Voilà un sujet intéressant et prometteur, j'ai donc entamé la lecture de cet ouvrage pleine de curiosité et d'enthousiasme. Mais quelle déception pour moi ! Je n'ai pas du tout adhéré au style de l'auteur soit disant humoristique mais lourd et cru. Des plaisanteries de bas étage adaptés au langage parlé populaire mais qui ne passent pas dans la littérature même satirique. Franzobel a une grande connaissance de l'histoire et je reconnais que Toute une expédition est bien documenté, mais il mélange les personnages et les époques, le passé et le présent, les faits historiques réels et la fiction, si bien qu'il finit par perdre le lecteur.

C'est hélas exactement ce qu'il m'est arrivé. J'ai trouvé cette lecture absolument fastidieuse et j'ai fini par décrocher complètement jusqu'à abandonner.

Je déteste ne pas terminer un livre ; même si les débuts sont parfois difficiles je m'efforce, au moins par respect pour l'écrivain, de poursuivre la lecture et d'aller jusqu'au bout. Mais cette fois-ci, je n'ai pas pu. Trop c'en était trop d'autant plus que le roman de Franzobel est un gros pavé (543 pages).

Bien entendu, je remercie néanmoins Babelio et les éditions Flammarion de m'avoir fait découvrir cet ouvrage dans le cas d'une Masse Critique privilégiée. Malheureusement j'avoue qu'il n'était pas pour moi et je regrette d'en faire une critique négative.
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"Toute une expédition" pour une lectrice embarquée dans la longue traversée d'un roman fleuve, portée par un flot tempétueux d'intrigues, noyée par les vagues d'éléments historiques, submergée par une mer de mots.
Naufragée d'un récit historique narrant la conquête de l'Amérique par le conquistador Ferdinand Desoto à grands renfort de références documentées, qui renforcent la solidité du roman autant qu'elles alimentent la confusion face à l'abondance d'informations.
Engloutie par une prose indigeste qui alterne entre l'objectivité des faits relatés et la subjectivité assumée de l'auteur qui exprime son point de vue par un ton ironique et humoristique et un recours excessif aux anachronismes, à l'omniscience du narrateur et au jeu sur les registres de langue.
"Toute une expédition" qui s'achève donc peu après que les amarres aient été larguées, en pleine mer, loin du rivage.

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J'ai parcouru le précédent titre de Franzobel « À ce point de folie » lors de la Rentrée Littéraire de 2018. J'ai immédiatement été séduite par la qualité de sa plume sophistiquée, dans un climat général qui tend vers une simplification de toute chose. Il m'a fait découvrir un célèbre tableau sous un nouvel angle, « le Radeau de la Méduse ». J'ai toujours eu un faible pour les artistes qui promeuvent ainsi l'oeuvre d'un autre. Autant dire que j'étais enthousiaste à l'idée de me plonger dans son tout dernier ouvrage !

Pas de doute, on reconnaît bien sa patte. Ce style alambiqué, parsemé de références populaires pour un effet tragi-comique. Ses travaux de recherches ne sont pas en reste. On sent cette même volonté de bien faire, d'aller au bout des choses, de livrer des faits au plus juste de ce qu'ils ont pu être. L'ensemble tient à nouveau dans un joli pavé de plus de 500 pages, qui requiert une concentration soutenue à la lecture tant le texte est dense.

Malheureusement, la magie n'a pas vraiment opéré cette fois-ci. Dans les 200 premières pages, la chronologie est tout ce qu'il y a de plus erratique. Un naufrage au Mexique, un recours juridique contemporain aux États-Unis, puis retour vers le futur ! Cela aurait été gérable si le phénomène s'était arrêté là, mais Franzobel continue d'avancer avant de sombrer dans une énième digression. C'est la logique du pas en avant et des trois en arrière, sauf qu'à force de les cumuler, malgré les dates données, je peinais à me repérer. Ajoutons à cela une galerie de personnages introduits par pelletées et le lecteur a plutôt tendance à se noyer qu'à savourer. de par son style, Franzobel grossit leurs traits tant physiques que comportementaux, et dans « Toute une expédition », on flirte bien trop souvent avec la caricature et l'absurde. Chacun se définit par ses défauts… et les qualités… et bien j'ai eu du mal à les débusquer. Ils sont tous franchement antipathiques, impossible de s'identifier à aucun d'entre eux, et certains n'apportent rien à l'intrigue tant ils sont survolés. Comme s'il avait fallu caler là un nom parce qu'il avait été cité dans un document historique quelconque, alors qu'on ne savait pas trop quoi en faire.

Dans les 200 pages suivantes, la chronologie s'est stabilisée. Elle est devenue claire, les personnages s'étant plus ou moins rejoints sur la même ligne temporelle. Franzobel m'a fait visiter les confins de la Havane, puis embarquée dans une exploration longue de quatre ans en Floride, à la conquête d'un or que Desoto n'acquerra jamais. Une expédition mondialement reconnue comme l'un des plus grands échecs des conquistadors. J'avais hâte de partir à la rencontre des différentes tribus de natifs américains, leurs croyances et leur mode de vie titillant ma curiosité depuis l'enfance, mais au fil de ces mêmes 200 pages, je me suis retrouvée confrontée à des schémas répétitifs. Soit les Espagnols pillaient, tuaient, violaient d'entrée de jeu, soit ils se faisaient prendre en embuscade par les amérindiens, soit encore un des deux partis feignait d'être amical pour ensuite mieux écraser leur adversaire. le tout en quelques phrases ou paragraphes, rien d'approfondi ni d'immersif. On prend les mêmes et on recommence, de chapitre en chapitre ! S'ensuit une avalanche de noms de tribus, de chefs, d'événements barbares. Alors certes, en regard des crimes commis par les Européens pendant des siècles, la conquête de l'Ouest mérite de ne plus être glorifiée comme elle l'a longtemps été, mais le message aurait sans doute été plus frappant s'il avait été introduit autrement.

Pour le coup, j'ai été imperméable à l'humour de Franzobel. Les anachronismes tournent l'histoire en ridicule, c'est une farce plus qu'un essai littéraire. Les rebondissements improbables dans la trame d'Elias Plim (jeune espagnol réduit en esclavage à Alger avant s'enfuir et de faire naufrage, pour être ensuite repêché par des pirates) et du malheureux Turtle Julius (qui – à chaque étape – perd un peu plus de sa personne dans cette recherche abracadabrantesque de l'héritier du comte d'Orgaz) sont venus alourdir un récit déjà passablement indigeste. Les fréquentes références à des acteurs et à des produits américains contemporains (football, pop-corn, coca cola,…) ont continué à dénaturer le fond du message ; loin d'être amusants, ils ne faisaient que renforcer l'aspect grotesque de la narration. On nous assène toutes les déclinaisons possibles de l' « infatuation » et on pédale dans la semoule en se demandant où se trouve la pertinence des propos tenus. Car à ne rien prendre au sérieux, il est devenu difficile de démêler le vrai du faux, les faits avérés des fantaisies de l'auteur.

J'ai eu tout du long l'impression de suivre une histoire qui partait dans tous les sens, qu'on étirait au maximum en incluant bon nombre d'éléments qui n'avaient pas forcément grand-chose à y faire. La lecture a été laborieuse et j'ai été plusieurs fois tentée d'abandonner en chemin. Il n'en reste pas moins que Franzobel a abattu ici un travail de documentation colossal, qu'il nous a retranscrit à l'aide d'une plume à la grammaire soignée et au vocabulaire particulièrement riche.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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