Vivre ensemble

Ce livre pas encore paru m'a été prêté par une blogueuse. Il m'a dérangée mais pas dans le bon sens du terme, la littérature peut déranger, mais pas être nauséabonde. La presse vient de confirmer mes craintes. le garçon au centre du livre, non désiré soi disant, dépeint de manière cruelle, très négative, est le fils du nouveau conjoint de l'auteure. Elle casse du sucre sur la mère et son fils, qui est un enfant précoce, fragile, balloté d'une famille à l'autre. Briser un être humain en construction est-il secondaire, et ce roman était-il nécessaire pour l'avenir de notre littérature ? L'auteure semble n'éprouver aucun cas de conscience dans ses justifications. Ce ne serait qu'une fiction, inspirée de la réalité. C'est très violent pour cet enfant, qui vit en partie avec elle et son père, et on aurait pu épargner cette oeuvre à tout le monde, du malaise pour les lecteurs, de la pitié pour cet enfant, une gêne intense.

J'ai acheté Vivre ensemble d'Emilie Frèche (et pas reçu en service de presse) pour me faire une idée personnelle face à la polémique (largement relayée) autour de ce roman et le confronter à ma propre expérience d'accueil des enfants de l'autre dans une famille recomposée.
Après lecture (rapide, le style baclé n'en mérite pas plus) le dégoût le partage à la colère :
- dégoût immédiat face au manque d'empathie de cette Deborah, mère "accueillante" face à un enfant de dix ans qui vient troubler son tête-à-tête avec l'enfant parfait dont elle a elle-même enfanté;
- dégoût face à l'habileté du montage et du parallèle entre violence terroriste (attentats de 2015), violence étatique et sociétale (jungle de Calais) et violence intrafamiliale;
- dégoût face au règlement de compte entre ex-conjoints mis sur la place publique par vengeance ignoble ;
- colère d'avoir payé 18,50 € pour enrichir une bobo qui trouve qu'un appartement à 2600 € mensuel est dans ses moyens ;
- colère contre ce livre de haine pure et de mépris abject : haine de l'enfant de l'autre, haine de l'autre, haine de soi (à part sa merveilleuse famille qui se retrouve à Villefranche-sur-mer dans la maison familiale où les étés de l'entre-soi étaient si doux, son exceptionnel mari qu'elle a quitté et son divin enfant qu'elle a mis au monde et élevé );
- colère contre ce livre qui légitime tous les comportements de rejet, d'absence d'empathie, d'accusation de l'autre sans aucun regard réflexif sur ses propres excès... en s'en remettant aux psys pour réparer le monde ;
- colère parce que de tels comportements répugnants se développent dans la société et dans les familles perpétuant la haine et le rejet du différent ;
- colère contre l'éditeur et les média (Elle) qui relaient et légitiment la polémique et la défiance face aux enfants de l'autre dans les familles recomposées et moquent le vivre ensemble ;
Deborah est aussi folle que MdS et ce Salomon, l'enfant terrible, est le seul être attachant du livre avec ses bizarreries et sa violence. Emilie Frèche est peut-être une auteure en vogue mais je ne voudrais pas l'avoir pour belle-mère.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org

Une femme vit depuis peu avec son fils, adolescent. Elle a quitté son mari avec lequel elle conserve un lien d'affection et d'amitié profond. Elle rencontre Pierre. Pierre est idéaliste, il est avocat, il va régulièrement aider les migrants à Calais et il a un fils adolescent aussi Salomon. Donc comme on s'y attend, ils emménagent ensemble.. Et évidemment, ce n'est pas simple.. C'est là tout le problème de ce roman justement, on s'attend toujours à ce qu'il va se passer. A tel point que l'on a envie de secouer les personnages, elle comme lui en leur disant de laisser tomber leur politiquement correct, leurs idées toutes faites et leur morale bien pensante pour agir et se rendre compte que la violence n'est pas seulement dans les attentats de Paris ou dans la jungle de Calais mais au sein de leur foyer et que l'un des enfants est en danger et qu'ils ne bougent pas d'un pouce pour l'aider ou le protéger.
Ce roman m'a mise très en colère parce que c'est l'histoire d'un aveuglement, de personnages pétrifiés dans leurs idées toutes faites, incapables de penser correctement et d'agir pour sauver ceux qu'ils aiment.