En même temps qu’il massait sa nuque endolorie, il découvrait sans le savoir ce que d’aucuns appellent l’ironie du sort, lorsque les événements - bons ou mauvais - qui vous arrivent tordent le cou à vos préjugés.
Et, pour les gens de la steppe, pouvoir se déplacer n’avait pas de prix, car l’horizon n’était pas une frontière et le ciel n’était pas un couvercle.
Contrairement au temps, l’homme peut maîtriser son espace. C’est donc en se servant de l’espace qu’il peut espérer se forger un destin.
Il en avait conclu qu’il fallait absolument se méfier de l’argent. L’argent était un moyen de paiement inventé par les sédentaires, lesquels pensaient que tous pouvait s’acheter, une pure folie. Il considérait donc le commerce comme une activité louche, et les marchands comme des voleurs et des beaux parleurs sous des habits de gens honnêtes.
Cet homme avalait l’espace comme un loup jamais rassasié. Il tua ses proies les unes après les autres et sans la moindre indigestion, parce qu’il se contentait de les tuer, il ne les mangeait pas; il ne voulait pas devenir un sédentaire obèse.