Non, il n'y avait que la pornographie pour me faire quelques instants oublier ton corps, rendre normale ton absence, les ébats que j'imaginais.
Quand je croisais une belle femme je faisais demi-tour, la suivais jusqu'à ce que j'en croise une encore plus belle ; nouveau demi-tour, repartais dans l'autre sens. Elle est inépuisable la beauté des femmes dans la ville, insaisissable, elle surgit partout. Quand l'une d'elles pénétrait dans une boutique, j'en léchais la vitrine, faisais trois pas plus loin, l'air de rien, guettant ; elle ressortait et je reprenais ma chasse les yeux rivés à ce miracle : une femme en jupe qui marche. J'oubliais tout. Il n'y avait qu'une chose à cet instant, d'un pôle à l'autre de l'univers : le galbe moiré du mollet sous le bas ; le vertige du talon haut, ce prolongement si délicat de la cheville féminine, cette dent de feu qui à chaque pas nous embrase le ventre.