– Nous sommes des tueurs, Jago. Tous. Voilà ce que les Créateurs nous ont appris, il y a des milliers d’années. Comment construire des machines et comment haïr, comment avoir peur. Et quand tu assembles ces choses, tu obtiens la mort, la violence.
-Parlez-moi d'Abaddon si vous le voulez bien, demande t-il.
La jeune femme haussa les épaules. S'il est fou, il est poli au moins.
- Ils ne parlent que de ça aux infos. Un mail envoyé par un type de la NASA a fuité. Il écrivait à sa sœur dans le Massachussetts pour l'avertir qu'elle avait quatre-vingt jours pour ficher le camp, ou sinon, ses enfants et toute sa famille allaient mourir.
La curiosité de Hall était piquée.
-Qu'Est-ce-qui va les tuer ?
- Abaddon, c'est comme ça que l'appelait ce type de la NASA, en tout cas. Une sorte de gigantesque astéroïde qui fonce droit sur la Terre. Il disait que...ça pouvait tuer beaucoup de monde. Vraiment beaucoup. Et tout changer.
Dites oui, Aisling. Dites oui, sincèrement. Pas de putain de baratin. Compris ? Dites oui.
L'avenir est un jeu.
Le temps, une des règles.
« Cromwell, pense-t-il. Le Lord Protecteur du Commonwealth anglais, puritain et haï, la terreur de l’interrègne. Un homme à ce point détesté et vilipendé que le roi Charles II avait fait exhumer son cadavre afin de pouvoir le tuer de nouveau. Son corps fut décapité et sa tête placée sur un pieu devant Westminster Hall, où elle demeure pdt des années pour que les gens puissent lui arracher la peau, cracher dessus et l’injurier, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un crâne. Cette tête avait pourri à quelques km seulement de l’endroit où Jago marche cette nuit. Dans cette rue qui porte le nom de l’Usurpateur.
Voilà pourquoi ils combattent. Pour que des êtres diaboliques comme Cromwell, des libertins comme le roi Charles II, pour que la haine le pouvoir et la politique perdurent et prospèrent sur Terre »
Tu joues par le goût de la mort, moi je joue par le goût de la vie
Si vous avez faim, vous mangez, et vous êtes repu, mais cette plénitude ne sert qu'à vous rappeler que vous aurez de nouveau faim plus tard. Si vous avez froid, vous allumez un feu, mais ce feu mourra, et le froid reviendra s'insinuer en vous. Si vous êtes seul, vous trouverez quelqu'un, mais ensuite ce quelqu'un se lasse de vous, ou vous vous lassez de lui et, tôt ou tard, vous vous retrouvez seul.
Le bonheur, la satisfaction, le contentement, tout cela crée un voile qui se répand en couche mince, mais convaincante sur la souffrance. La douleur attend, toujours, dessous.
Le doute est la graine d’où germe l’échec.
Chacun de nous est le Dieu de notre univers partagé
- Je n'aime pas les mots grossiers. Je n'ai jamais aimé ca. Beaucoup de chef de poste avec lesquels j'ai travaillé, surtout aux Etats-Unis, adorent ca. A croire qu'ils s'en nourrissent, ca que la leur permet de vivre. Personnellement, j'éstime que l'abus de mot grossiers est un signe d'atrophie de la personnalité, une sorte de fanfaronnade inutile.
Rares sont ceux qui savent les utiliser à bon escient. Il s'agit d'une petite poignée de surdoués.
- OK...dis Aisling en étirant ce mot.
Jordan agite la main droite de manière démonstrative.
- Cela étant bien dit, une grossièreté bien placée, comme une bombe bien placée, c'est très efficace. Mais pour moi, elle ne sont pas illimitées, vous comprenez? Je les gardes en réserves et je les utilise quand j'en ai réellement besoin.