Citations sur Laissez-moi vous raconter le Mont-Blanc (33)
Il ne suffit pas d'aimer la montagne pour pouvoir la gravir; il faut auparavant s'initier à ses dangers, connaître la façon de les éviter, et réduire les risques au minimum.
On ne devient pas alpiniste du jour au lendemain.Il faut même des années pour devenir chef de cordée.
Car, et c'est la-dessus que j'insiste, il n'y a pratiquement qu'une seule personne qui risque quelque chose: le premier de cordée. C'est lui qui, sans l'assurance de la corde, force la paroi de rocher vertical, le mur de glace où il faut tailler des marches au piolet; non seulement le leader prend tous les risques pour son compte, mais il a la responsabilité entière de la vie des gens qu'il conduit. Guide ou amateur, le chef de cordée ne doit s'engager en montagne que s'il se sent capable de passer en tête et d'y faire passer des gens plus faibles que lui.
(article dans Match du 1er septembre 1936)
Semblable à un gros chat tout blanc, le Buet fait le gros dos au soleil levant.
Et puis, plus rien, plus rien tout à coup, que le sommet vers lequel toutes nos forces se sont tendues depuis deux jours; ce sommet que nous connaissons, mais sur lequel aucun de nous ne met jamais le pied sans un serrement d'émotion.
Ainsi a été donnée, il y a dix ans, à la France, la plus haute ligne aérienne du monde, et ceci pendant et juste après la guerre de 1940, comme si l'on avait voulu prouver alors que nous pouvions encore faire de grandes choses.
Quelle solitude, quel mystère formidable sur ces champs de neige, sur ces crêtes, sur ces bosses et ces aiguilles... derrière nous, nos pas laissent à perte de vue un long sillon dans lequel se jouent de petites ombres grises.
La montagne est avant tout une affaire d'intelligence et de coeur. Elle ne doit être abordée qu'avec respect et en ayant mis tous les atouts dans son jeu, ce jeu terrible de l'homme et de la montagne, qui est à la fois un sport, un art et un travail.
Donner aux jeunes l'occasion de venir à la montagne, c'est leur ouvrir toutes grandes, au sortir de l'usine ou du bureau, les portes d'une vie libre et radieuse, sans contraintes, sans soucis. C'est leur apprendre à lutter, leur forger des âmes saines dans des corps magnifiques de santé, et également, leur donner des notions d'idéal et de beauté; c'est former une génération française capable d'examiner plus sainement et plus librement les grands problèmes de la vie.
On ne devient pas alpiniste du jour au lendemain. Il faut même des années pour devenir chef de cordée.
Le montagnard est rêveur et parle peu. Mais à bon escient! Habitué depuis sa tendre enfance à vivre au rude contact des cimes, il a pris de celles-ci un peu de leur froideur. Froideur déguisée; car, comme tous les hommes de la nature, le montagnard est un grand romantique au coeur chaud, aux passions brûlantes!