Ce beau livre-souvenir vient de paraitre.
C'est une compilation d'articles et d'interviews qui donne un aperçu de la foisonnante activité de Roger Frison-Roche, qui contribua à populariser les sports de montagne, l'esprit d'aventure et de découverte.
Nous revivons avec lui des épisodes comme les premiers Jeux Olympiques d'Hiver de 1924, dont il fut Secrétaire; le premier reportage radio depuis le sommet du Mont-Blanc, en 1932, exploit technique et sportif; le tournage d'un film d'alpinisme en 1933, riche de péripéties; des portraits qui rendent hommage à de grands alpinistes disparus.....
Mais aussi beaucoup d'articles de fond, où l'auteur développe sa conception de la montagne, et dénonce déjà les abus de ceux qui viennent consommer du paysage ou juste se donner des sensations fortes.
Le dernier chapitre, "Récit de la première ascension du Mont-Blanc", est très émouvant. Paccard et Balmat, deux gars de Chamouny, comme on écrivait alors, vont être les premiers à bivouaquer dans la neige et à atteindre le sommet, suivis à distance par des longues-vues depuis la vallée. Une belle illustration de l'époque nous montre l'itinéraire emprunté par les deux hommes. Ce jour-là, 7 août 1786, un tabou est brisé, mais les légendes vont se poursuivre, celles de tous ceux qui se lanceront dans l'aventure verticale.
Pouvoir lire des textes de Frison-Roche vingt après son départ lors d'une nuit étoilée de décembre 1999 est un vrai plaisir qui nous est offert par sa fille, Martine Charoy, en une compilation de textes qu'il a écrits pour différentes revues et journaux sur la thématique de la montagne et du massif du Mont Blanc.
Ainsi, on découvre, entre autres, le récit de la première émission de radio depuis le sommet Du Mont blanc, les premiers Jeux Olympiques d'hiver en 1924 à Chamonix, et, bien sûr, le récit de la première ascension par Jacques Balmat.
Les grands noms du massifs sont également évoqués, comme Alfred Couttet, Louis Lachenal, Lionel Terray et l'ami de Frison, Maurice Baquet. Roger Frison-Roche sait parfaitement dépeindre les traits de ces héros de l'alpinisme et glorifier leur mémoire en rappelant leurs exploits et les tragédies qui les ont vus disparaître.
C'est très intéressant de découvrir d'autres aspects du style d'écriture remarquable de Frison en remontant loin dans la première moitié du vingtième siècle. C'est différent de ses romans tout en y retrouvant son amour de cette vallée, des montagnes mythiques qui l'entourent et des hommes qui l'habitent.
De nombreuses photographies en noir et blanc émaillent ces différents récits et complètent opportunément les évocations de tous ces grands événements qui ont marqué Chamonix et le Mont Blanc.
Je n'avais pas lu la belle plume de Frison depuis des années et cela m'a donné l'envie d'aller le retrouver dans ses romans nordiques, par exemple, que je ne connais pas.
On ne devient pas alpiniste du jour au lendemain.Il faut même des années pour devenir chef de cordée.
Car, et c'est la-dessus que j'insiste, il n'y a pratiquement qu'une seule personne qui risque quelque chose: le premier de cordée. C'est lui qui, sans l'assurance de la corde, force la paroi de rocher vertical, le mur de glace où il faut tailler des marches au piolet; non seulement le leader prend tous les risques pour son compte, mais il a la responsabilité entière de la vie des gens qu'il conduit. Guide ou amateur, le chef de cordée ne doit s'engager en montagne que s'il se sent capable de passer en tête et d'y faire passer des gens plus faibles que lui.
(article dans Match du 1er septembre 1936)
Donner aux jeunes l'occasion de venir à la montagne, c'est leur ouvrir toutes grandes, au sortir de l'usine ou du bureau, les portes d'une vie libre et radieuse, sans contraintes, sans soucis. C'est leur apprendre à lutter, leur forger des âmes saines dans des corps magnifiques de santé, et également, leur donner des notions d'idéal et de beauté; c'est former une génération française capable d'examiner plus sainement et plus librement les grands problèmes de la vie.
Et puis, plus rien, plus rien tout à coup, que le sommet vers lequel toutes nos forces se sont tendues depuis deux jours; ce sommet que nous connaissons, mais sur lequel aucun de nous ne met jamais le pied sans un serrement d'émotion.
L'alpinisme est mieux qu'un sport. On dit qu'il faut pour le pratiquer un coeur bien trempé. Il faut en effet accepter l'inconfort des refuges, les fatigues de la marche d'approche, le fardeau d'un sac très lourd. il faut ensuite s'attaquer aux difficultés et les vaincre. Il faut savoir renoncer à temps. Et, grelottant de froid ou épuisé de fatigue, sur la cime convoitée, le sourire aux lèvres, l'âme illuminée, apprécier encore la majestueuse beauté de nos Alpes.
Il ne suffit pas d'aimer la montagne pour pouvoir la gravir; il faut auparavant s'initier à ses dangers, connaître la façon de les éviter, et réduire les risques au minimum.
Noms; trois ont pour origine le bois, mais un quatrième est l'intrus, lequel?