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Citations sur Le rapt (7)

- [...] J'ai pensé qu'on pourrait tuer la vieille femelle stérile qui ne nous a pas donné de petits depuis trois migrations....
- Elle sera coriace, fit Thor.
- Depuis quand as-tu vu tuer les plus belles bêtes du troupeau ? répondit Karin. C'est une fantaisie de Norvégiens que de vouloir des bêtes grasses ! Un Lapon ne mange que les rennes qui ne peuvent plus servir.
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"Où donc est Kristina, demanda tout à coup Fru Tideman, inquiète de ne plus voir la jeune fille.
- Elle est allée donner à manger aux chiens, répondit Ellena.
-Ah!" fit-elle rassurée. Elle avait craint que la jeune fille fût partie retrouver le trappeur finnois.
"Simon Soki, je ne repartirai pas d'ici sans emmener Kristina !
-Qui nourrira les chiens, Fru Tideman ? Qui portera le ravitaillement aux bergers du grand troupeau ? Qui relèvera les c ollets et les pièges ? répondit vivement le Lapon.
-Est- ce là le travail d'une fillette de quatorze ans, qui ne sait encore ni lire ni écrire ?
-Kristina est une femme à présent, trancha Simon, elle sait couper du bois, tirer de l'eau à la rivière gelée, tuer un renne et le dépecer, nourrir les chiens, atteler et conduire un traîneau, mâcher les tendons pour faire du fil, tanner les peaux avec l'écorce du bouleau, les tailler pour en faire des cuissards ou des mocassins... Elle sait même broder les kouftes et les bonnets, et aussi lire les traces sur la neige, ramasser les baies sauvages et les touffes de senna. A quoi sert lui servira le reste ?... ajouta-t-il en se redressant avec fierté. Une vrai Lapone ne doit penser qu'à ses rennes..."
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Et de tous les ennemis qui l'entouraient, invisibles et présents, ce n'était ni le loup affamé, ni le glouton saigneur de rennes, ni même l'ours des marécages de l'été, hivernant quelque part dans un hallier de la rivière, qu'il redoutait le plus, mais un être plus dangereux que les fauves, mobile et silencieux, immobile ou bondissant, omniprésent, le voleur de rennes! Celui-là, Thor le craignait, car cet ennemi héréditaire des Lapons, c'est le Lapon lui-même.
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Thor Risak se figea dans une immobilité de statue, le vent, qui soufflait à ras de la neige, le recouvrait peu à peu d'une mince couche de cristaux et son corps n'était plus qu'une ondulation de la neige. Ainsi caché, il voyait tout et n'était vu de personne. Sa veille au grand troupeau commençait et s'achèverait quand là-bas, dans la tente, Pier ou Andis jugerait bon de venir le remplacer. A ses cotés les chiens dormaient, exténués d'avoir couru pendant des heures pour rassembler les bêtes dans cette combe propice à la surveillance mais d'où les rennes s'évaderaient sitôt le temps du repos et de la rumination terminé. Eux aussi se laisser voluptueusement recouvrir de neige et formaient autant de petits monticules entourant le berger: immobiles comme leur maître, ils étaient comme lui prêts à bondir au moindre signe de danger.....
Il semblait au lapon qu'il avait toujours été là, veillant dans la nuit arctique, incorporé à la taïga, protégeant des milliers de rennes à demi sauvages, dont il connaissait chaque silhouette et, et par la marque des oreilles, le nom du propriétaire.
Insensible au froid, Thor Risak vivait avec béatitude ces heures de veille qui auraient éprouvé à mort plus d'un Norvégien robuste, entraîné au froid polaire.
Il était le maître suprême de ces rennes qui maintenant dormaient, rêvaient ou ruminaient sous sa seule protection. il en ressentait une fierté étrange, grisante, voluptueuse, et bénissait son destin.
En ces heures nocturnes où, seul dans les solitudes de la taïga, il lui semblait protéger le repos de la terre endormie, remontait en lui l'instinct primitif de sa race, la plus ancienne du monde
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L'homme et son renne s'immobilisèrent sur le point culminant. L'inconnu venait du sud. Peut-être de Finlande, peut-être de Norvège. Il s'était arrêté au sommet de la colline dénudée où les vents avaient ciselé la neige en vagues courtes et brisées. Son attelage soufflait et le grand renne gris, assoiffé, broutait tête basse la neige poudreuse. Il avait les flancs couverts de sueur. La fatigue avait eu raison de sa combativité naturelle et il ne cherchait plus à s'échapper des traits souples qui le retenaient au long traîneau, lourdement chargé ; sa soif étanchée, l'animal releva l'encolure et ses bois magnifiques se découpèrent sur le fond lumineux de la nuit arctique...
(extrait du volume de poche paru en 1975)
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Ils débouchèrent enfin, hors des taillis, dans une zone dégagée. Olafsen observa sa compagne qui s'était tassée sans mot dire dans l'autre coin de la cabine, supportant vaillamment les cahots et le tangage du petit véhicule, sur ce parcours accidenté. Il regrettait d'avoir taquiné Fru Tideman. N'eût été leurs divergences de vue sur la question lapone, il l'eût admiré sans réserves. Elle était sincère, et son attitude intraitable n'était au fond que le signe, l'expression de son amour exclusif pour les lapons. Elle était de celle qui veulent à tout prix faire le bonheur des gens. Mais contrairement à beaucoup de fonctionnaires elle n'attendait aucune récompense officielle de son dévouement. Arrivée toute jeune fille à Hammerfest, d'une lointaine province du sud, pour y travailler dans un comptoir de poissons, elle s'était immédiatement intéressée au sort des nomades. Elle s'était fait affecter à Viddakaïno, comme assistante sociale, par le gouvernement norvégien. Et le pasteur Brombdal avait trouvé aussitôt en elle une alliée dans sa lutte contre l'irréligiosité.
" Il faut détruire le nomadisme,disait le pasteur, le nomadisme qui maintient les vieilles croyances, qui disperse les populations hors de notre contrôle pendant la majeure partie de l'année...Tout lapon que nous auront affranchi du nomadisme deviendra forcément un bon Norvégien..." Et il ajoutait: "Et un bon chrétien..."
Olafsen, qui avait les pieds sur terre et qui de par de sa profession médicale, était à même de suivre la lente agonie du peuple samisk, était d'une opinion contraire. Ils avaient parfois de longues discutions à Viddakaïno, et à diverses reprises, le pasteur Brombdal, accoutumé à régner sans partage sur sa paroisse, avait cherché à éloigner le médecin. Mais le rapport du lennsmann Petersen avait évité le drame. "Car, disait-il, ce serait un drame: les lapons n'admettraient pas le départ de leur médecin."
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Que signifiait pour Thor et les siens cette division du temps en vingt quatre heures égales ? Le temps de veille, Thor le divisait en périodes alternées qui lui suffisaient pour organiser ses gardes; la période où les rennes mangeaient et se déplaçaient lentement le long des collines, et celle où ils ruminaient ou somnolaient, immobiles, comme en l'heure présente. Qu'importaient les notions d'heures, de secondes, de minutes, de jours et de nuits,enseignées à l'école! Le temps des lapons n'est pas celui des autres hommes, pour eux il y a le temps des ténèbres et celui de la lumière permanente. Sa nuit à lui durait trois mois et son prochain jour serait interminable! Et cela s'accordait parfaitement avec les idées d'éternité , de durée qui étaient propres à sa race et immuable et éternelle.
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