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Critique de phproust


le Roman Pastoral, Eugène Fromentin,
un amour de jeunesse dans «Dominique»

A /

La pastoral est un thème littéraire datant de l'antiquité (nostalgie des citadin pour la nature et, par extension, pour un passée mythique ou l'empreinte de l'homme sur la nature était nulle) évoquant une forme d'harmonie originelle entre l'homme et la nature.
Pastorale est une nouvelle de Marcel Aymé.
En peinture : le thème pastorale est particulièrement en faveur dans la peinture française aux 17e et 18e siècles.

Le genre pastoral ce définit par trois caractéristiques communes qui définisse avec précision ce genre.
1- Les personnages sont des bergers non pas de misérables gardiens de troupeaux mais des fils et filles de personnes bien nés qui ont choisi de vivre à la campagne loin des intriques et des envies

2- Les personnages passent leur temps à parler de l'amour, soit d'une façon quelque peu abstraite évoquant la fidélité, les devoirs de l'amant..., soit en racontant leurs amours malheureux. La chasteté des rapports amoureux va de soi.

3- Les personnages disparaissent pratiquement du récit lorsqu'ils sont mariés


Les trois caractéristiques précédentes montrent que la littérature pastorale est une littérature d'évasion, par laquelle le lecteur ou la lectrice peut rêver à ce qu'aurait pu être sa vie sentimentale dans un monde sans intrigues, sans envies et sans problèmes matériels.

La littérature pastorale s'inspire de deux sources, l'un de la littérature antique dont les auteurs les plus marquants sont Théocrite ( vers -300 av. J.C. ) et Virgile, l'autre pour des relations homme/femme, avec de la littérature courtoise (dénouement de l'amant à la dame, fidélité requise, chasteté)

Il est préférable de parler de «littérature pastoral» parce que le genre comprend des noms et des pièces de théâtre.

(Le roman dont l'Astrée 1607 - d'honoré d'Urfé, le retour à la nature était en vogue au 18e siècle qui permet de noter l'influence de la littérature pastoral, il faut noter que Marie-Antoinette aimait beaucoup la lecture de l'Astrée et qu'elle fit construire alors le hameau du Trianon à Versailles en 1783. Au 20e siècle le genre tombe dans l'oubli. L'Astrée n'est pas édité une seule fois du siècle, devenant communément introuvable jusqu'en 2006 rendu disponible sur internet. En 2007, le cinéaste Eric Rohmer réalise de ce livre une adaptation filmique sous le titre «Les amours d'Astrée et de Céladon» Il redonne par là à la culture collective française la mémoire d'un pan de son histoire littéraire.

B/

Eugène Fromentin est né, en 1820. On observe un renouveau d'intérêt assez général pour
l'écrivain aux replis subtils qui à conçu «Dominique (1862-1863)» et pour l'incomparable auteurs «des maîtres d'autrefois (1862-1863)» cet ouvrage connaît un succès considérable et nombreuses rééditions et une des meilleures études de critique d'art, en particulier pour les pages sur Rembrandt et Rubens sur la peinture hollandaise et flamande (récit d'après un voyage de quelques jours en Belgique et en Hollande)

La peinture de Fromentin n'est qu'une facette de son génie qui s'est aussi manifesté dans la
littérature avec moins de profusion.

Le style de Fromentin en peinture est influencé par Eugène Delacroix. Ses oeuvres se distinguent par leur composition frappante, leur dextérité et l'utilisation de couleurs brillantes. Elles traduisent la grandeur inconsciente des attitudes barbares et animales.

En 1846, à l'insu de sa famille, il visite l'Algérie avec deux amis et peut ainsi remplir ses carnets de croquis des paysages et des habitants de l'Afrique du Nord, s'inscrivant en cela dans le mouvement de l'orientalisme.

Inspiré par une idylle de son adolescence, «Dominique», publié pour la première fois dans la
revue des deux mondes et dédicacé à Georges Sand, est, parmi les roman autobiographique
de son siècle, l'un des plus remarquables.


C/

Quelques-uns des premiers manuels de Fromentin contiennent des griffonnages, petits
soubresauts artistiques d'une époque où sa formation était surtout littéraire.

Lorsqu'il eut 16 ans, Eugène eut le bonheur d'avoir un professeur exceptionnel, une des ces
figures qui souvent, traversent la jeunesse des grands artistes et intellectuels :
«Léopold Delayant» qui dirigeait aussi la bibliothèque Municipale de la Rochelle. Il eut pour son élève une affection et une estime durable. Il écrivit dans une note, conservé à la bibliothèque
Municipale de la Rochelle : «Il donna de bonne heure de justes espérances. Il ne se distinguait pas seulement par sa vive intelligence, mais par un talent plus rare dans un élève, celui d'écouter»

Ainsi, cet homme qui allait se rendre célèbre par son éloquence «On l'écouterait toute la vie»
disait Georges Sand - commença par écouter avec une exceptionnelle intensité son professeur,
ses parents, mais avant tout «la nature»...

Mais, incontestablement, les liens les plus importants de ces années de collège n'étaient pas d'ordre familial ou amical : Il s'agissait d'une aventure avec une femme mariée.

On sait aujourd'hui que c'est Jenny-Caroline-Léocadie Chessé mariée à Emile Béraud, employé des contributions indirectes et membre d'une famille de notable de la Rochelle, quatre jours seulement avant le quatorzième anniversaire de Fromentin, qui allait par la suite inspirer au jeune homme sa première passion romantique. Bien qu'on eu affirmé que cette relation resta platonique, tous les témoignages qui subsistent suggèrent fortement le contraire.

Léocadie Chessé née à l'iles Maurice quatre ans avant Fromentin, vivait avec sa mère veuve,
à Saint Maurice, c'est à dire non loin de Fromentin. le père d'Eugène avait été témoin de son
mariage. Bien que plus proche de Charles (frère d'Eugène) par son âge, elle avait toujours été plus attachée à Eugène. Il est improbable que celui-ci ait perçu l'intensité de ses sentiments pour elle avant son mariage. Une fois mariée, elle continua à le voir en public et en privé. Les parents
d'Eugène s'inquiétaient de leur intimité. Celle-ci s'était particulièrement développée pendant une
interruption d'un an dans les études de leur fils, après qu'il eut remporté tous les prix au collège de la Rochelle. Ceci contribua à leur décision de l'envoyer à Paris faire des études de droit.
L'affection de Fromentin pour Léocadie apparaît en détail dans «Dominique» modifiée et recréée d'une façon tout à fait intéressante.

En s'engageant sur une voie si contraire aux critères établis de la société, s'épanouissant
sexuellement et émotionnellement quand précisément, il s'isolait socialement, ce jeune homme d'un naturel timide cultivait, non sans une certaine perversité, des ressources cachées qui allaient modeler les plus significatifs de ses accomplissement esthétiques et critiques. Si, en apparence, il parvenait toujours à être un fils modèle une partie importante de son être intérieur était dangereusement pris de devenir quelque chose d'autre : Un artiste

Ses sentiments romantiques pour Léocadie stimulèrent sans aucun doute son éveil artistique.
Malgré quelque dessins, les tentatives littéraires prévalaient. de l'âge de 15 ans jusqu'à 20 ans passés, il écrivit des poèmes sans effort. Beaucoup de ses poèmes étaient inspirés par Léocadie Béraud et en fait beaucoup lui furent envoyés. L'influence dominante qui s'exerçait sur
Fromentin était probablement celle de Victor Hugo. Certains, des poèmes se rapportent aux
enfants de Léocadie. L'un de ses poèmes, «Noémi», décrit le développement de l'enfant qu'elle
espérait avoir -«Teint brun, dans le regard un peu de sang créole» - et relève également la conscience qu'avait Fromentin du style anglais par l'intermédiaire de la poésie et de l'estampe.

Vous avez bien souffert, n'est-il pas vrai, madame ?
Beaucoup en peu de temps, oh ! beaucoup ! Pauvre femme,
A cette heure où j'écris votre corps est brisé,
La fièvre anime encore votre pouls épuisé,
Et votre front qui cherche une obscurité douce,
Reste encore ébranlé de l'horrible secousse,...
Votre coeur seul, ô mère, a gardé, triomphant,
Des forces pour répondre aux cris de votre enfant.
...




Parmi les meilleurs poème de ses débuts figure le sonnet «Un nuage qui passe» dans lequel les deux quatrins offrent la description d'un nuage qui vient momentanément assombrir une belle journée et qui est composée dans les tercets à la tristesse vue au milieu de la joie. le début est
particulièrement expressif :

«Souvent, par un beau jour, quelque nue incertaine,
Sale et triste, égarée, au fond du ciel serein,
Passe sur votre tête ; et son aile qui traîne
Vous jette une grande ombre et tache le chemin


Et, sur le sol ombré, tandis qu'il tombe à peine,
Un rayon à travers le nuage d'airain.
Un chaud soleil jaunit autour de vous la plaine.
Et les villages blancs vous rient dans le lointain.



Souvent de même aussi, sur le chemin des hommes,
Il advient qu'en passant par ce monde où nous sommes,
Où tout, vous le savez, n'est qu'heur et que malheur,

Nous voyons de ces fronts sur qui le chagrin sombre
Comme un voile a jeté sa pâleur et son ombre...
Tout autour d'eux, aussi, resplendit de bonheur

Eugène Fromentin., Mars 1838


D/

Une des trouvailles les plus significatives reliant le peintre et l'écrivain chez Fromentin est un
dessin, récemment retrouvé, qui offre la seule représentation certaine que l'artiste ait réalisée du grand amour de son adolescence, «Léocadie Béraud». Après la mort tragique et prématurée en juillet 1844 de celle qu'il allait inspirer la Madeleine de «Dominique» tout témoignage de cette liaison à été détruit. Il en est resté cependant, ce dessin vaporeux dont un ami de Fromentin Félix Sainton, s'est servi pour peindre une miniature ovale de Léocadie Béraud en 1845


C'est une oeuvre inexpressive.
Assise sur une chaise-Longue, la jeune femme à un air passé, ses longs cheveux noirs «relèves sur la nuque» comme ceux de Madeleine
(Dominique Chapitre VI)

En revanche, il a bien saisi les yeux bleus et rêveurs de Léocadie Béraud ainsi que son nez aquilin et sa petite bouche fine et ferme. La tête qui s'incline légèrement en avant, d'une manière vivace et alerte, ajoute à l'impression dominante d'un être à la fois sensible et volontaire.



E/

En évoquant sa bien aimée, Fromentin à adopté une technique qui confère mystère et beauté au visage de la jeune femme. Entouré, d'ombre, ses yeux rayonnent et sa petite bouche fine est à la fois qu'un croquis, ce dessin fait valoir le «Large et éclatant regard» (Dominique Chapitre XIII ) qui revient, à de nombreuses reprises, dans la représentation de l'héroîne de «Dominique» : c'est un regard tendre et en même temps sondeur de secrets. Après avoir contempler ce dessin, on comprend mieux les émotions «de douleur et de joie» éprouvées par le héros éponyme du roman, lorsqu'il considère le portrait de madeleine et fait état de ce «fantastique entretien d'un homme vivant et d'une peinture» (Dominique - Chapitre XVI )

Il n'est pas impossible que le dessin qui subsiste soit une étude préparatoire en vue d'une miniature ou d'un tableau de Fromentin, que Sainton aurait copié avant que cette oeuvre ne soit détruite : Déjà ces images constituent un accompagnement iconographique au compte rendu, dans «Dominique» du portrait de Madeleine au Salon.

Tous les détail ne correspondent pas, mais, dans l'ensemble, la similitude est frappante:

Ce portrait coupé à mi-corps conçu dans un style ancien, avec un fond sombre, un costumes indécis, sans nul accessoire : deux mains splendides, une chevelure à demi perdue, la tête présentée de face, ferme de contours, gravée sur la toile avec une précision d'un émail, et modelée, je ne sais dans quelles manière sobre, large et pourtant voilée, qui donnait à la physionomie des incertitudes extraordinaires, et faisait palpiter une âme émue dans la vigoureuse incision de ce trait aussi résolu que celui d'une médaille (Dominique chapitre XVI )

Dans le roman, «Dominique» confirme l'identité du modèle en trouvant dans le livret les initiales de Madeleine de Niévres. Mais il n'avait pas besoin de ce témoignage, surtout à cause des yeux,
l'indéfinissable dessin de la bouche donnaient à cette muette effigie des mobilités qui (lui) faisaient peur. (Dominique chapitre XVI )

Le mystère qu'Eugène Fromentin à volontairement entouré le personnage de Madeleine, idéal rêvé aussi bien qu'amour impossible...

Pour découvrir cet article dans son intégralité, vous-pouvez le retrouver sur www.PhRPeinture.fr
( Recherche sur Google.fr = Accueil mon Site Web ) et trouver dans le menu général « Les Peintres - Mes divers écrits »...

Article réalisé par : Philippe Rousseau












Article détaillé sur l'héroine du chef d'oeuvre d'eugéne fromentin le roman "Dominique" (premier grand amour de jeunesse avec Léocadie Béraud qui est morte tragiquement en juillet 1844 d'un cancer du sein.
Sainton (1815-1878) ami du peintre et son maître artistique (peintre) a éxécuté une miniature de léocadie beraud d'aprés un unique dessin d'eugéne fromentin de léocadie (voir LA VIDEO CONFERENCE du professeur Barbara Wright, critique ci-dessous)
L'article sur léocadie Beraud:
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rvart_0035-1326_1987_num_78_1_347677#

LA VIDEO CONFERENCE SUR EUGENE FROMENTIN :
http://www.bm-saintraphael.fr/podcast.html
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