La philosophie de Marx est une philosophie de protestation ayant pour base une foi en l'homme, capable de se libérer et de réaliser ses potentialités. Cette foi de Marx existe dans la pensée occidentale depuis la fin du Moyen Age jusqu'au XIXème siècle et elle est fort peu répandue aujourd'hui. C'est pourquoi, aux yeux d'un grand nombres de lecteurs aveuglés par l'esprit de résignation contemporain, (...), la philosophie de Marx paraîtra utopiste et anachronique et, pour cette raison ou une autre, ils rejetteront cette foi dans les possibilités de l'homme et l'espoir qu'il puisse jamais devenir ce qu'il est en puissance.
Le socialisme, qui est le but de Marx, fondé sur sa théorie de l’homme, est un messianisme prophétique exprimé dans la langue du XIXe siècle.
Pour Marx, l'aliénation signifie que l'homme ne s'approprie pas le monde mais que le monde, la nature, les autres et lui-même, lui restent étrangers. Ce sont des objets - même s'ils sont créés par lui - qui sont au-dessus de lui. L'individu aliéné contemple le monde et se contemple lui-même passivement, comme le sujet séparé de son objet.
Marx prit […] une position très ferme contre un matérialisme philosophique qui était courant chez les penseurs progressistes (spécialement les naturalistes) de son temps. Ce matérialisme soutenait que « le » substratum de tous les phénomènes mentaux et spirituels dépendait de la matière et des processus matériels. […]
Marx combat ce matérialisme mécaniste « bourgeois », « le matérialisme abstrait des sciences naturelles qui exclut l’histoire et son évolution » [Marx, Le Capital], et pose, à la place, ce qu’il appelle dans les Manuscrits économiques et philosophiques le « naturalisme conséquent ou humanisme qui se distingue aussi bien de l’idéalisme que du matérialisme et est en même temps leur vérité qui les unit ».
[…] Marx voit en l’homme un individu appartenant à une classe donnée, à une société donnée, qui l’aide dans son développement, mais dont il est en même temps prisonnier. L’homme ne réalisera complètement son humanité, ne sera homme au plein sens du terme et ne se libérera des forces sociales qui l’enchaînent que lorsque celles-ci auront été reconnues et qu’aura lieu le changement social fondé sur cette reconnaissance.
La philosophie de Marx, comme presque toute la pensée existentialiste, constitue une protestation contre l’aliénation de l’homme, qui lui fait perdre son individualité et le transforme en objet. Elle s’oppose à la déshumanisation et à l’automatisation de l’homme liées au développement industriel de la société occidentale. C’est une critique impitoyable de toutes les « réponses » au problème de l’existence humaine qui tentent de présenter des solutions en niant ou en camouflant des déchirements inhérents à l’homme.
Pour Marx, l´homme se caractérise par le "principe du mouvement". Il cite le grand mystique Jacob Böhme. Ce mouvement n´est pas mécanique, c´est un élan, une énergie, une vitalité créatrice. Pour Marx, "la passion est la force essentielle de l´homme qui tend énergiquement vers son objet". Cette idée de productivité, Marx l´applique au phénomène de l´amour. Si tu supposes l´homme en tant qu´homme et son rapport au monde comme un rapport humain, tu ne peux échanger que l´amour contre l´amour, la confiance contre la confiance, etc. Si tu veux exercer de l´influence sur les autres hommes, il faut que tu sois un homme qui ait une action réellement animatrice et stimulante sur les autres hommes. Chacun de tes rapports à l´homme et à la nature doit être "une manifestation déterminée" répondant à l´objet de ta volonté, de ta "vie individuelle réelle". Si tu aimes sans provoquer d´amour réciproque, c´est à dire, si ton amour , en tant qu´amour ne provoque pas l´amour réciproque, si par ta "manifestation vitale" en tant qu´homme aimant, tu ne te transformes pas en "homme aimé", ton amour est impuissant et c´est un malheur.
Marx a très bien vu que la force politique est incapable de produire le moindre résultat s’il n’y a pas eu de préparation dans le processus social et politique. Cette force, si elle est nécessaire, apporte la dernière impulsion au développement qui a déjà commencé, mais elle ne peut jamais apporter quoi que ce soit de nouveau.
Le changement [historique] est dû à la contradiction entre les forces de production (et autres conditions objectivement données) et l’organisation sociale existante. Quand un mode de production ou une organisation sociale fait obstacle aux forces de production, la société, plutôt que de s’effondrer, choisira telles formes de production qui conviendront aux nouvelles forces productives et les développeront.
[…] l’idée fondamentale de Marx : l’homme crée sa propre histoire, il est son propre créateur.