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Critique de Blok


Une intéressante variation sur le thème du voyage temporel altérant le cours de l'histoire, souvent traité par la science-fiction.
Les protagonistes se proposent d'empêcher la naissance d'Adolf Hitler en retournant (enfin ils n'y retournent pas tout à fait, je n'ai pas vraiment compris le principe de leur machine temporelle) à Braunau am Inn en 1888 et en déversant un puissant contraceptif dans l'eau du puits qui dessert la maison des Hitler.
Ils y réussissent et Hitler ne naîtra pas. le narrateur revient dans son présent qu'il trouve modifié. Mais il constate qu'Hitler a été remplacé par un personnage beaucoup plus doué qui a pris la tête du Parti National -Socialiste, est parvenu au pouvoir et a gagné la guerre. Sans détailler l'état du monde en résultant dans le présent du narrateur, on dira simplement que les choses sont globalement pires. le narrateur décide alors de retourner en 1888 pour défaire ce qu'il a fait, et y parvient.
Je ne rends pas justice au livre en le résumant ainsi, il est digne de son auteur, très bien écrit, drôle par moment, avec des personnages crédibles et attachants, et il repose sur une documentation historique impeccable. Cependant il y a quelques problèmes logiques. En effet l'auteur ne traite pas le "paradoxe du grand père". Si je retourne dans le passé et tue mon propre grand père, je ne naîtrai pas. Donc je ne pourrai pas retourner dans le passé pour tuer mon grand père. Donc je pourrai naître. Et...Or, sans aller jusqu'à tuer son grand père, la seule présence du voyageur dans son propre passé peut provoquer de graves altérations de l'histoire, avec effets cumulatifs, mettant en cause l'existence même du voyageur.
(Pour rendre à César ce qui est à César, la formulation du paradoxe est empruntée au Voyageur imprudent de Barjavel) Poul Anderson a réglé le problème dans La Patrouille du temps : du seul fait de sa présence dans son propre passé, le voyageur crée une singularité, et son acte est la cause autonome de son existence.
Maintenant voyons ce qu'en fait l'auteur : là ça ne va pas du tout : il se retrouve à son époque, mais à Cambridge, USA, au lieu de Cambridge, Angleterre, et avec tout le groupe de ses parents, amis, professeurs, chacun ayant globalement conservé sa personnalité d'origine.
Or il est bien évident qu'après l'altération du continuum résultant de la non-naissance d'Hitler, tout ce qui se passe en aval est modifié, avec effets cumulatifs croissants, particulièrement à partir du début de la vie publique du remplaçant d'Hitler. Il en résulte, compte tenu de tous les hasards qui président à la conception d'un être humain donné, la très grande majorité des gens nés dans notre ligne temporelle à partir des années 40!ne seraient jamais nés (sauf le héros si on admet le principe d'exclusion des paradoxes d'Anderson)
Mais en réalité ce n'est pas grave : Fry ne s'est pas intéressé au voyage temporel en tant que tel, ce n'est qu'un prétexte pour écrire une bonne histoire, et qu'il s'est bien amusé. Moi aussi d'ailleurs en pinaillant comme j'aime tant le faire.
Une dernière observation: ce livre est très proche de l'excellent 22/11/63 de Stephen King où le héros s'évertue à empêcher l'assassinat de Kennedy,y réussit, en constate les effets, et défait ce qu'il a fait. Évidemment King manie mieux les concepts science-fictionesques.
Sur le plan philosophique, ces deux livres illustrent l'impossibilité de faire ce que l'on veut, parce qu'on ne sait pas ce qu'on fait, ce qui concilie dans une certaine mesure le déterminisme et la liberté

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