AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dandine


Un jeune historien est engage par une vieille dame pour reecrire et editer les memoires qu'a laisse son mari, un illustre et oublie general mexicain. A une condition: qu'il habite chez elle tout le temps de son travail. Il recevra une par une, au fur et a mesure de l'avancee de sa besogne, les liasses des memoires. Trois liasses, gardees a clef dans un vieux bahut.


La maison s'avere etre a l'image de la vieille femme: obscure, lugubre, delabree, moribonde, silencieuse, peuplee seulement de couinements de rats, de la toux de la vieille et de quelques sons enigmatiques. Mais l'historien est attire par la niece de la vieille dame, Aura, lui fait la cour et couche avec elle. Trois rencontres amoureuses, une par liasse de papiers, la troisieme quand il aura fini de tout lire et de comprendre l'histoire du general et de sa veuve, la vieille dame. Mais comprendra-t-il avec qui fait-il l'amour? Enigme. Une enigme que Carlos Fuentes ne veut pas resoudre clairement. Chaque lecteur devra trouver sa propre solution.
Car a chaque rencontre amoureuse Aura semble differente. C'est d'abord une jeune fille un peu craintive, qui devient plus assuree a la deuxieme rencontre. Comme une femme mure? Son corps aussi semble avoir muri? Et a la troisieme… comme elle a change! Qu'est-elle devenue? Et lui? Comment l'aime-t-il? Pourquoi l'aime-t-il? A-t-il change? Qu'est-il devenu? Mais qui est-il? Et qui est-elle?


Tout cela est redige a la deuxieme personne du singulier. La voix narratrice s'adresse au personnage principal, donnant l'impression qu'elle le dirige et le conduit le long de l'intrigue. Et l'intrigue est assez simple, presque prevue d'avance par le lecteur, mais Fuentes reussit, en s'inspirant surement de maitres comme Henry James (Les papiers de Jeffrey Aspern), a mixer le gothique des decors, le romantique des situations, le mystere enrobant le tout; a questionner notre notion du temps, du passage du temps, insinuant la persistance du passe dans le present (dans l'histoire du Mexique?), fabulant sur la regenerescence des temps, du passe dans le present (le mythe de l'eternel retour? Au Mexique?), fabulant aussi sur le dedoublement de la personnalite (sur le dedoublement de personnes?).


La critique litteraire range Fuentes parmi les auteurs du “boom sud-americain" des annees 60. Dans ce petit opus il me semble plutot un continuateur qu'un novateur. Un eleve de ces autres sud-americains qui avaient avant lui joue avec le gothique et la pulverisation du temps: Horacio Quiroga, Borges, Rulfo. Un bon eleve. “Aura” porte avec aisance l'aureole des bonnes nouvelles gothiques.


P.S. Je ne sais si cette nouvelle a ete publiee separement en francais. Elle est en tous cas inclue (incluse? Il parait qu'incluse est plus juste) dans le recueil de Fuentes "Chants des aveugles", chez Gallimard.
Moi je l'ai lue en V. O.
Commenter  J’apprécie          588



Ont apprécié cette critique (56)voir plus




{* *}