J'aime le Japon pour ses spécificités culturelles et son sens des extrêmes. A côté d'une société japonaise formatée et en apparence lisse, que l'on pourrait qualifier de myrmicéenne , il existe une son pendant iconoclaste et barré. On le voit dans leurs arts comme le cinéma, la musique mais aussi dans la littérature.
Hideo Furukawa et son «
Soundtrack » en est un parfait exemple.
L'écrivain dépeint dans son roman une société japonaise en voie d'extinction, soumis au changement climatique transformant Tokyo en une vaste région subtropicale. Perte de valeurs, immigration massive, accentuation du dualisme social et économique,... Un Japon que l'on ne reconnaît pas mais qui est celui de Furakawa. Un Japon du futur même si selon l'auteur c'est un Japon du « passé proche ». Nul doute que «
Soundtrack » est une oeuvre atypique, qui bouscule à la fois les codes et les genres. On se perd dans cet univers à la fois ultra-réaliste et fantasmagorique. Tout y est étrange mais pertinent.
Il se dégage du roman un ton pessimiste, noir et désabusé sur notre monde et sur la nature humaine. Un vent misanthrope et nihiliste souffle sur toute la longueur de l'intrigue et à travers chacun des personnages principaux. C'est personnages, on s'y attache malgré (ou grâce à?) leur marginalité, leurs particularités et leurs âmes torturées. Furukawa se défoule, se lâche dans un grand n'importe quoi d'une totale maîtrise. Il évolue parfaitement dans cette histoire de fin du monde sur lequel viennent se repaître sa horde de corbeaux.
«
Soundtrack » nous prend à la gorge. C'est un roman « coup-de-poing » qui ne laissera pas indifférent. Pour ma part, il m'a séduit bien qu'il souffre, à mon avis, de quelques petites longueurs ici et là. Les passages avec Hitsujiko par exemple ne sont pas les plus passionnants.