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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Frappe-à-bord ou frappabord
n.m.
[1874] Au Québec, nom générique donné à diverses variétés de mouches piqueuses. Surnommées également taon à cheval, mouche à cheval, mouche noire ou mouche à chevreuil, on dit qu'elles frappent d'abord leur victime avant d'arracher une parcelle de peau pour se nourrir de sang. [Genre Chrysops ; famille des tabanidés.]

Bzz… Tsss… j'imite mal la mouche… pourtant je suis là, à roder autour de ta tête, cette musique énervante, prêt à plonger sur ton corps, te lacérer un morceau de peau avant de te pomper quelques gouttes de sang. Que tu sois bucheron au sang imbibé de sueur et de caribou, ou fille de McGill au sang chaud et à la mini-jupe en poil de castor. Je prolifère dans cet été trop chaud pour le Québec, on pourrait se croire à Cancun, volant en nappe noire et se jetant sur ces proies faciles. La population s'exaspère de ces nuées sauvages, amenant des accès de fièvre et de rage.

Ces frappabords deviennent de plus en plus hostiles et méchamment furieuses, agressives. Parallèlement, le long du fleuve Saint-Laurent, je découvre l'histoire de Grosse-Île. Tout démarra en 1942 alors que des sous-marins allemands commencent à naviguer dans les eaux du fleuve. Les gouvernements américains, britanniques et canadiens décident d'y installer une station scientifique pour y effectuer quelques recherches. Des biologistes, des biochimistes, des militaires et un entomologiste débarquent, projet top-secret, dont celui de propager l'anthrax avec comme vecteur de propagation cette grosse mouche noire… Ouf ou bien sûr le projet n'ira pas jusqu'au bout, au dernier moment, le commandant demanda à brûler toutes les installations militaires, les recherches, le rivage. Mais…

Alternant le point de vue de l'entomologiste ou celui de l'insecte lui-même, l'originalité du récit propose une balade bucolique où au lever du soleil les herbes hautes caressent ses jambes et au coucher du soleil une main noire et bourdonnante s'attaque à leurs chairs... A la limite de l'anticipation, voilà un roman qui fait peur, peur parce qu'au final ce n'est pas qu'un roman. Oui tout est véridique ou presque. Ces expérimentations sur l'anthrax et la peste bovine ont réellement eu lieu à Grosse-Île entre 1942 et 1956, laissant un goût amer dans ma bouche (à moins que ça soit la saveur de mon IPA).
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La vengeance de la nature

Mireille Gagné revient avec un thriller écologique qui, à partir de recherches menées en 1942 par l'armée, va déboucher sur les mutations d'insectes. Durant l'été caniculaire de 2024, l'un des derniers témoins, va pousser son petit-fils dans une quête de vérité. Flippant!

Avant d'entrer de plain-pied dans ce roman, une petite définition, celle de Frappe-à-bord ou frappabord. Il s'agit, au Québec, du nom générique donné à diverses variétés de mouches piqueuses. Surnommées également taon à cheval, mouche à cheval, mouche noire ou mouche à chevreuil, on dit qu'elles frappent d'abord leur victime avant d'arracher une parcelle de peau pour se nourrir de sang. [Genre Chrysops; famille des tabanidés.]
C'est l'un de ces spécimens qui raconte dans le chapitre initial comment il se délecte des peaux douces et du sang de ses proies.
Sa victime s'appelle cette fois Théodore. Il est éreinté par son travail à la chaîne et par la canicule qui plombe l'Amérique du Nord et notamment Montréal et sa région. le jeune homme a laissé un trou dans sa moustiquaire et ne peut que constater les dégâts. À la douloureuse piqûre succède une rougeur et des démangeaisons.
Le lecteur suit ensuite les pas de Thomas en 1942, au moment où il est réquisitionné par l'armée. L'entomologiste est conduit sur la Grosse-Île du Saint-Laurent où, aux côtés de dizaines autres scientifiques, il participe à un programme de recherches secret. Ou plus exactement, comme il le découvrira plus tard, à l'un des trois programmes lancés conjointement par les armées américaines, britanniques et canadiennes.
Tout d'abord, le projet N (pour Anthrax, ou maladie du charbon en français) doit «produire par semaine cent-vingt kilos d'anthrax destinés à fabriquer mille-cinq-cents bombes». Puis vient le projet R (pour Rinderpest), qui «développe un vaccin contre la peste bovine afin de le produire en quantité suffisante en cas d'attaque allemande sur le bétail des Alliés.» Et enfin le projet F (pour Fly), celui de Thomas, chargé de «développer des méthodes de propagation d'épidémies à l'aide d'insectes (...) Les savants avaient pour objectif de les introduire dans les organismes de différents insectes afin que ceux-ci deviennent des vecteurs de transmission de ces agents pathogènes.»
Si le frappabord est bien le rapport entre les expériences de 1942 et les insectes particulièrement virulents de 2024, un second point commun va surgir, le grand-père de Théodore. À l'époque, il vivait sur la Grande-Île et s'inquiétait des recherches menées là.
Particulièrement agité, le vieil homme est aujourd'hui attaché sur son lit dans le pensionnat où il vit. Des conditions de vie qui vont choquer son petit-fils. Aussi décide-t-il de libérer l'aïeul et de fuir avec lui.
Dans leur fuite, ils retrouveront la Grande-Île et les frappabords pour un final en apothéose.
Ce qui fait froid dans le dos à la lecture de ce thriller écologique, c'est qu'il se base sur des faits réels. Comme l'explique Mireille Gagné, «des recherches biologiques sur la peste bovine et l'anthrax ont réellement eu lieu à Grosse-Île, au Canada, entre 1942 et 1956. Des manipulations expérimentales ont également été réalisées par l'armée américaine à Fort Detrick, aux États-Unis, pour utiliser les insectes comme vecteurs potentiels de contamination.» À partir de là, l'autrice du lièvre d'Amérique a tissé ce livre au suspense haletant. de 1942 à 2028, on suit les apprentis sorciers qui, sous l'effet du réchauffement climatique, réveillent les vieux démons.
Frappabord est certes un roman d'anticipation, mais si proche d'aujourd'hui que les pessimistes se diront qu'il est déjà trop tard et que les optimistes y liront l'urgence d'agir.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.



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Petit roman dystopique très prenant qui nous emporte dès les premières pages, suivant tour à tour le quotidien monotone d'un jeune Québécois, Théodore, en juin 2024 alors que sévit une canicule sans précédent, et celui plus extraordinaire de Thomas, universitaire dont le destin se retrouve, de 1942 à 1943, intimement lié, bien malgré lui, aux recherches d'armes bactériologiques menées conjointement par les armées canadiennes et américaines sur Grosse-ile, dans le fleuve Saint-Laurent. Dans un rythme haletant, avec une écriture précise, directe et incisive, Mireille Gagné alterne les deux époques, mêlant un troisième point de vue, celui précisément d'un frappabord, ces mouches à chevreuil, plus communément nommées taons en France. Dans une ambiance de polar, les deux époques finiront par s'entrecroiser. le tour de force de Mireille Gagné est de parvenir à nous tenir en haleine, jusqu'au bout, en mêlant éléments historiques et éléments d'anticipation.
Une agréable découverte qui donne envie de lire son premier roman à succès le lièvre d'Amérique.
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Frappabord, c'est une espèce de taon. Une espèce qui n'hésite pas à arracher un bout de peau de sa victime pour se repaitre de son sang. Frappabord, c'est aussi le premier personnage de cette histoire singulière, qui prolifère et mord à qui mieux mieux dans un Montréal surchauffé par un été caniculaire.

Sa victime, c'est Théodore, le deuxième personnage du roman de Mireille Gagné. Ouvrier, il hésite à récupérer son grand père maltraité dans son Ehpad.

De son côté, au mitant de la deuxième guerre mondiale, Thomas, entomologiste, est réquisitionné avec d'autres scientifiques afin de donner naissance à des armes bactériologiques dans un camp de recherche sur Grosse-Ile, au milieu du Saint-Laurent.

Se basant sur une histoire similaire et véridique, l'autrice nous fait ressentir à travers ces trois êtres, de manière habilement charnelle, toute la toxicité des initiatives humaines tendant à manipuler le vivant, et nous livre également une magnifique histoire de transmission. Bravo !
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Heureuse que je suis d'avoir réussi à lire un roman de 200 pages pendant mes vacances tumultueuses, je le suis d'autant plus de pouvoir chroniquer en avant-première Frappabord, de Mireille Gagné. Je remercie chaleureusement les éditions Québecoises La Peuplade et Babelio pour l'envoi de ce service presse, qui paraîtra le 17 janvier.

J'avais lu précédemment un autre roman de Mireille Gagné, le lièvre d'Amérique, que j'avais beaucoup apprécié à l'époque où ma meilleure amie me l'avait offert. Ne l'ayant pas chroniqué à l'époque, j'ai un peu oublié la nuance de ce que j'avais ressenti pendant ma lecture... Ahem.

Dans Frappabord, nous suivons trois personnages dans chaque chapitre : une mouche (le fameux frappabord), Théodore, et Thomas. La première parle peu dans ses parties, mais est très expressive et explicite. Théodore, contemporain du frappabord, est un employé d'usine timide vivant dans un futur proche caniculaire où la violence règne. Enfin, Thomas est un entomologiste recruté par l'armée pour une mission top secrète en pleine seconde guerre mondiale, sur une île obscure.

L'idée est remarquablement bonne. Crédible à tous niveaux, quand on sait quelles expérimentations ont pu être menées pendant les temps de guerre. Glaçante, même. L'autrice joue avec la tension du lecteur, visiblement très renseignée sur son sujet, et crée presque un thriller. Nous avons les pensées du frappabord, les conséquences des recherches sur l'île, et ce qu'il s'est réellement passé en 42. Petit à petit, tout se démêle jusqu'à atteindre ce moment où tout fait sens.

D'un côté, j'ai bien aimé ma lecture. J'ai été très intéressée par le projet de l'armée et ses effets ; j'ai été conquise par le plaidoyer écologique de Mireille Gagné. Curieuse du grand-père de Théodore. Transportée par la mouche.

Et d'un autre côté, j'ai été gênée par plusieurs aspect de ce livre. D'abord, je trouve que les personnages manquent de personnalité, de profondeur. J'ai eu l'impression que ça aurait pu être n'importe qui (c'était peut-être le but ?), et malheureusement je n'ai pas réussi à m'attacher à eux (à part peut-être au grand-père de Théodore, un personnage secondaire surprenant). le peu d'interactions avec les personnages féminins m'a semblé inodore et sans saveur. C'est peut-être un manque d'épanchements...? Aucun personnage ne fouille vraiment ses ressentis, le roman est court, il reste un peu en surface à mon sens... Même les animaux de laboratoire ne m'ont pas poussé une larme au coin de l'oeil (mais ça, c'est un point plutôt positif). Ensuite, j'aurais aimé aussi je crois que le roman soit plus long, pour avoir plus de temps pour développer le contexte et les événements. En fait, j'ai manqué de détails, je crois.

En bref, je suis un peu partagée. C'est un roman que j'ai lu en deux fois au milieu des fêtes de famille, et j'aurais aimé l'aimer plus, parce que l'autrice, parce que le sujet, parce que la maison d'édition. Ça n'aura pas marché pour moi cette fois, mais toute une bibliothèque ne peut être remplie de coups de coeur !
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Une lecture drôle et triste a la fois ce Frappabord. Deuxième roman de Mireille Gagné, il se déroule sur trois époque avec trois personnages. Dont le plus attachant est certainement une mouche!
Frappabord désigne en fait ce qu'ont appelle, au Québec, un taon a cheval. Dans ma région, je n'ai jamais entendu parler de frappabord. C'est peut être totalement fictif ou un mot originaire d'une autre région. Mais peu importe, ce roman réunira donc un de ces buveurs de sang et et deux hommes de différentes époques mais qui ont des liens important.
Bien sur c'est la couverture avec ses couleurs flamboyantes qui m'ont attirées. Et une fois ouverte, le lecteur plonge dans l'histoire d'une famille bouleversée par la guerre, et d'étrange expérimentation virale sur nos amis les mouches. Tout du long ont est intrigués, fascinés et amusés par ces histoires et la vie de cette mouche qui nous regarde d'un oeil presque sexuelle! J'ai beaucoup aimée Frappabord et vous le recommande fermement!
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le récit se déroule au Québec, il s'organise autour de quatre personnages principaux dont les destins vont se croiser. Il y a une Frappabord, mouche dévoreuse piqueuse de la famille des tabanidés, qu'en France on nomme habituellement ‘'taon''. Il y a Theodore, ouvrier solitaire, harcelé par des hordes de ces fameuse mouches piqueuses, qui s'occupe de son grand père Emeril. Enfin il y a Thomas, entomologiste, recruté en 1942, par les militaires pour développer des armes bactériologiques.
le roman prend pour cible, l'irresponsabilité totale de l'espèce humaine prête à toutes les manipulations sur la nature et le vivant pour asseoir sa domination. L'orgueil absolu de l'homme qui conduit à de multiples changements irréversibles dont nous commençons à sentir les résultats: violence généralisée, dérèglement climatique, pandémies…
L'histoire mêle habilement diverses époques et de nombreuses terreurs humaines (insectes, dévoration, délitement, maladie…) pour dénoncer la catastrophe écologique en marche.
Un livre étonnant qui interpelle par son originalité et son propos.
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"Un laboratoire de recherches ultra-secrètes dans une île du fleuve Saint-Laurent, en 1942, où des scientifiques étudient la transmission des virus par les insectes. Des nuées de frappabords qui envahissent la région de Montmagny à l'été 2024, alors qu'une canicule sans précédent frappe le Québec, en proie à une montée fulgurante des cas de violences."
Laila Maalouf, La Presse, 20 janvier 2024

Captivant, inquiétant et intriguant. Roman à saveur à la fois historique et écologique, Mireille Gagné nous emporte ici dans une intrigue sur la mythique île de Grosse-Île sur le fleuve Saint-Laurent, bien connue pour sa fameuse station de quarantaine, principalement pour les émigrants irlandais arrivant au Canada et qui a été active entre 1832 et 1937.

L'auteure se penche dans ce roman sur tout un pan de l'histoire de Grosse-Île plus méconnu, soit celui de recherches biologiques sur la peste et l'anthrax durant la deuxième guerre mondiale. Ces recherches qu'on devine être au service de la fabrication d'armes bactériologiques, sont mystérieusement toujours restées cachées.

Le récit nous tient en haleine en alternant brillamment entre le présent et la deuxième guerre mondiale, au travers les personnages principaux de Théodore et Émeril, le grand-père de Théodore. En toile de fond, le frappabord, insecte piqueur fascinant, capable de propager des maladies sur les êtres humains.

Mireille Gagné est visiblement fascinée par tout ce qui touche à la nature et, je vous avertis, sa passion est contagieuse. Elle a ce don d'intégrer et transformer les animaux en personnages. Elle m'a aussi donné le goût de visiter cette île mythique que je n'ai jamais visitée. J'ai adoré.
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Une mouche sensuelle, des personnages en colère et un environnement en danger. Seule la mouche est heureuse, joyeuse.
L'écriture a une saveur didactique.
J'aurais aimé que les personnages soient plus développés et décrits dans plus de dimensions. Ils sont attachants mais la mouche les connait mieux. Les lecteurs voient peu d'eux.
Le sujet est captivant et la trame, bien menée.
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