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Amis lecteurs, je vais en angoisser quelques-uns !!
Pas trop ceux qui passent leurs étés à se faire bronzer sur la plage, plutôt leurs cousins vacanciers, plus rustiques, qui préfèrent les séjours à la campagne et qui connaissent mieux le problème.
Imaginez-vous dans votre retraite rurale par une journée torride, un temps à faire une petite sieste car vous transpirez à ne rien faire.
Vous sombrez dans une douce léthargie, quand soudain un vrombissement désagréable survole vos oreilles.
Là c'est notre présent, mais imaginez que la population des prédateurs se densifie et se généralise.
Mireille Gagné, notre autrice, ne va rien faire dans cette histoire pour nous rendre ces mouches piqueuses plus sympathiques. Qu'on les surnomme en France taons, de façon générale ou aux Québec taons à cheval, mouches à chevreuil ou encore frappabords.
Pour faire monter la pression, elle nous distille par petits paragraphes, tout au long de ce roman, des informations sur l'insecte. de sa naissance, ses caractéristiques détaillées, ses différentes armes, ses préférences, son mode opératoire.
A présent et dans un futur proche, ces mouches deviennent très hostiles à l'espèce humaine. Une vraie haine anime les dernières générations de ces bestioles. Je vous laisse Mireille nous la faire entrevoir : « Vous êtes partout. Vous ne pensez qu'à vous. Vous ne prenez pas la peine d'effacer votre trace. Au contraire, c'est votre unique manière de vous exprimer. Vous vous isolez de votre habitat. Depuis combien de temps êtes-vous incapables d'anticiper l'évolution de votre environnement ?.... En cet instant précis, vous devriez ressentir de la peur. Une angoisse viscérale et atavique dans le fond de vos tripes. Ne captez-vous pas le signal de rage que notre espèce envoie pour vous attaquer ? Nous avons décidé de vous agresser, de vous nuire, de vous contaminer ».
Parallèlement nous suivons, en 2024, l'existence simple mais un peu désordonnée d'un ouvrier, Théodore, vie réglée entre les trois huit de l'usine et les divertissements avec son amie de travail Marguerite. Les dérèglements climatiques se ressentent, et le Québec suffoque sous la canicule et comme si cela ne suffisait pas pour mettre les nerfs à vif, les frappabords pullulent. le sommeil de Théodore est donc très agité. Pour couronner le tout un message inquiétant reçu sur son cellulaire (portable de nos amis d'Outre-Atlantique) provenant du foyer pour personnes âgées. Emeril, le nonagénaire grand-père de Théodore, est très agité et les soignants ont dû l'attacher pour qu'il ne se débatte pas. Cette situation dégradante noue les intestins de notre héros et il finit par se rendre à l'hospice pour kidnapper son aïeul. Ils partiront tous les deux sur les traces du passé d'Emeril.
S'entremêle dans le récit l'histoire de Thomas pendant la seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1942 à Montréal, Thomas, jeune scientifique, est réquisitionné par l'armée canadienne avec une trentaine de chercheurs et de savants. Sans savoir le but de leur mission, ils sont transférés sur une île interdite au beau milieu du Saint-Laurent, sous la garde des militaires. L'inquiétude du jeune homme monte. Dans un premier temps, même si la mise à l'isolement lui pèse, sa spécialisation le désigne à une tâche pas trop ingrate inventorier la faune et la flore de l'île. Plus troublante, l'affectation des autres chercheurs qui manipulent entre autres le virus de la rage et de l'anthrax. Thomas se noue d'amitié avec Rachelle et Emeril, quelques autochtones résidants de l'île, engagés comme hommes à tout faire.
Quelle sera le sort de toutes ces personnes dans ce maelström d'angoisse ? Mireille Gagné ne nous ménage pas et manie habilement les temporalités des deux histoires tout en nous familiarisant avec la bête. J'aurais, sûrement, lu d'une traite ce court roman de deux cents pages si la fatigue du soir ne m'avait pas gagnée. Mireille possède un style très addictif et sait transcrire tout au long du récit la pesanteur de l'atmosphère et croyez-moi pas simplement du fait d'un soleil de plomb.
Si vous voulez en connaître plus sur la bébête et sur le final de ce roman, il vous faudra attendre le 18 janvier pour courir chez votre libraire préféré.
Reçu dans le cadre de la Masse Critique de Novembre, je tiens à remercier Babelio et les Editions La Peuplade de m'avoir fait hérisser les poils.
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Frappe-à-bord ou frappabord
n.m.
[1874] Au Québec, nom générique donné à diverses variétés de mouches piqueuses. Surnommées également taon à cheval, mouche à cheval, mouche noire ou mouche à chevreuil, on dit qu'elles frappent d'abord leur victime avant d'arracher une parcelle de peau pour se nourrir de sang. [Genre Chrysops ; famille des tabanidés.]

Bzz… Tsss… j'imite mal la mouche… pourtant je suis là, à roder autour de ta tête, cette musique énervante, prêt à plonger sur ton corps, te lacérer un morceau de peau avant de te pomper quelques gouttes de sang. Que tu sois bucheron au sang imbibé de sueur et de caribou, ou fille de McGill au sang chaud et à la mini-jupe en poil de castor. Je prolifère dans cet été trop chaud pour le Québec, on pourrait se croire à Cancun, volant en nappe noire et se jetant sur ces proies faciles. La population s'exaspère de ces nuées sauvages, amenant des accès de fièvre et de rage.

Ces frappabords deviennent de plus en plus hostiles et méchamment furieuses, agressives. Parallèlement, le long du fleuve Saint-Laurent, je découvre l'histoire de Grosse-Île. Tout démarra en 1942 alors que des sous-marins allemands commencent à naviguer dans les eaux du fleuve. Les gouvernements américains, britanniques et canadiens décident d'y installer une station scientifique pour y effectuer quelques recherches. Des biologistes, des biochimistes, des militaires et un entomologiste débarquent, projet top-secret, dont celui de propager l'anthrax avec comme vecteur de propagation cette grosse mouche noire… Ouf ou bien sûr le projet n'ira pas jusqu'au bout, au dernier moment, le commandant demanda à brûler toutes les installations militaires, les recherches, le rivage. Mais…

Alternant le point de vue de l'entomologiste ou celui de l'insecte lui-même, l'originalité du récit propose une balade bucolique où au lever du soleil les herbes hautes caressent ses jambes et au coucher du soleil une main noire et bourdonnante s'attaque à leurs chairs... A la limite de l'anticipation, voilà un roman qui fait peur, peur parce qu'au final ce n'est pas qu'un roman. Oui tout est véridique ou presque. Ces expérimentations sur l'anthrax et la peste bovine ont réellement eu lieu à Grosse-Île entre 1942 et 1956, laissant un goût amer dans ma bouche (à moins que ça soit la saveur de mon IPA).
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"Je vous repère d'abord de loin, attirée par vos mouvements, mêmes infimes, et surtout par la chaleur et le dioxyde de carbone que vous dégagez. Je m'avance précautionneusement et hume votre odeur. Vous possédez tous des effluves différents. J'avoue préférer celui des mâles, un peu plus acidulé et épicé, terreux parfois, mais toujours enivrant."

2024, Canada, Théodore, fatigué, usé, par un travail répétitif, une chaleur exceptionnelle, épuisante, se traine pour aller travailler. Il passe des nuits à se battre contre les taons à cheval, des mouches à chevreuil, qui envahissent son appartement par le moindre interstice. Après la mort de ses parents, il est seul à s'occuper de son grand-père, qui vit dans un institut, ça lui retourne l'estomac de le voir attaché et si maigre.

"Délicatement, je dépose ma bouche sur votre peau suave, telle une langue chaude, initiant juste assez de succion pour en goûter la saveur. Une pulsion indescriptible m'envahit. J'entrouvre ma bouche et perce votre tégument de mon stylet en forme de couteau. La plaie ainsi ouverte laisse échapper les fluides corporels. Je suce et avale avec délectation votre sang, fabuleuses proies. Chaud. Sucré. Précieux. Vital. Je suis hématophage."

1942, afin de contribuer à l'effort de guerre, Thomas, chercheur dans une université de Montréal, est réquisitionné par l'armée canadienne, pour travailler en tant qu'entomologiste dans un laboratoire. Il se retrouve sur Grosse-Île, au beau milieu du Saint-Laurent, ils sont trente scientifiques : douze en provenance des États-Unis, quatorze d'Angleterre et quatre du Canada. le programme de guerre bactériologique déployé sur l'île était une collaboration entre ces trois pays. Pourquoi à cet endroit ? interdiction de discuter entre collègues ou avec le personnel de l'armée et les employés de l'île. "If you ever speak, people could die."

A l'ouest, dix spécialistes de l'anthrax s'activaient sur le projet N, un peu plus au nord, quinze virologistes travaillaient sur le projet R (pour Rinderpest), et à l'est, pour le projet F (pour Fly), collaboraient, un virologiste, un pathologiste, deux épidémiologistes et Thomas, spécialisé dans l'étude des insectes.

"Pour nous, les conditions idéales étaient réunies, ce qui nous permettait de nous multiplier abondamment. Vous auriez probablement ressenti de la nausée en nous voyant surgir sur les berges du Saint-Laurent : une nuée de frappabords, en une seule main sombre et vorace, caressant les herbes hautes au lever du soleil.
La plupart de mes congénères s'étaient réfugiés dans les champs où vous laissez paître le bétail. Je m'acharnais jour et nuit sur ces pauvres bêtes sans défense. J'adorais particulièrement leurs oreilles tendres. J'avais la possibilité de les savourer tout en observant leurs yeux désespérés. Cela les rendait complètement folles, et moi, fébrile."

2024, Les températures atteignent des sommets encore inégalés à ce jour au Québec…quarante degrés Celsius. L'énervement est à son comble, des cas de violence à Montmagny, des bagarres, la prolifération d'insectes. Des biologistes cherchent à expliquer l'importante éclosion de mouches à chevreuil dans la région.

"J'ai goûté toutes vos peaux, vos sangs, vos sueurs, hommes, femmes, enfants, malades, stressés, propres, sales. J'ai digéré toutes vos chairs dans l'objectif ultime de me reproduire un jour.
En même temps, cette attente remplissait chacune de mes cellules d'une délicieuse béatitude préorgasmique. J'avais appris de mes ancêtres que la patience se cultive ; on appelle cela la chasse.
Une envie si profonde s'est alors emparée de moi. J'ai craqué. Succombé. Abdiqué. Abandonné toute retenue."

Frappabord de Mireille Gagné, un livre très intéressant, sur un épisode de l'histoire que je ne connaissais pas, une fiction, inspirée de faits historiques. Une leçon aussi pour le futur de notre planète. le titre m'a attiré, ayant déjà croisé ces insectes dans "À la lisière du monde". Moi, qui prend les jambes à mon cou, au moindre bruissement d'ailes, c'est effrayant. Coucou les Canadiens, je vous aime, mais gardez-les chez vous, je vous assure qu'on a ce qu'il faut. Merci.

"Il n'existe pas de mot assez puissant pour décrire l'agacement, l'emportement, la tristesse, l'énervement, l'exaspération, l'impatience, la frustration, l'indignation, l'impuissance, la résignation, l'irritabilité, la susceptibilité, la fureur, l'amertume, la dureté, l'affolement, l'agitation, l'embrasement, la violence, la furie, la rage dévastatrice qui m'habite depuis ce jour-là. Quand je pense à toi et à ton espèce.
Je vous méprise. Je vous déteste. Je vous abhorre. Je vous exècre. Je vous aversionne. Je n'ai jamais vu des individus aussi malveillants envers eux-mêmes et les autres.
J'avais confiance que la canicule persisterait. Vous aviez suffisamment perturbé le climat pour permettre la poursuite de ce cycle. Je laissais leur destin entre les mains de la nature, sachant au plus profond de moi que j'avais parfaitement accompli ma mission. Je t'avais transmis bien plus qu'une simple morsure. Notre rage devenue tienne."

Un récit bien écrit et qui se lit très vite, une découverte pour moi.



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La vengeance de la nature

Mireille Gagné revient avec un thriller écologique qui, à partir de recherches menées en 1942 par l'armée, va déboucher sur les mutations d'insectes. Durant l'été caniculaire de 2024, l'un des derniers témoins, va pousser son petit-fils dans une quête de vérité. Flippant!

Avant d'entrer de plain-pied dans ce roman, une petite définition, celle de Frappe-à-bord ou frappabord. Il s'agit, au Québec, du nom générique donné à diverses variétés de mouches piqueuses. Surnommées également taon à cheval, mouche à cheval, mouche noire ou mouche à chevreuil, on dit qu'elles frappent d'abord leur victime avant d'arracher une parcelle de peau pour se nourrir de sang. [Genre Chrysops; famille des tabanidés.]
C'est l'un de ces spécimens qui raconte dans le chapitre initial comment il se délecte des peaux douces et du sang de ses proies.
Sa victime s'appelle cette fois Théodore. Il est éreinté par son travail à la chaîne et par la canicule qui plombe l'Amérique du Nord et notamment Montréal et sa région. le jeune homme a laissé un trou dans sa moustiquaire et ne peut que constater les dégâts. À la douloureuse piqûre succède une rougeur et des démangeaisons.
Le lecteur suit ensuite les pas de Thomas en 1942, au moment où il est réquisitionné par l'armée. L'entomologiste est conduit sur la Grosse-Île du Saint-Laurent où, aux côtés de dizaines autres scientifiques, il participe à un programme de recherches secret. Ou plus exactement, comme il le découvrira plus tard, à l'un des trois programmes lancés conjointement par les armées américaines, britanniques et canadiennes.
Tout d'abord, le projet N (pour Anthrax, ou maladie du charbon en français) doit «produire par semaine cent-vingt kilos d'anthrax destinés à fabriquer mille-cinq-cents bombes». Puis vient le projet R (pour Rinderpest), qui «développe un vaccin contre la peste bovine afin de le produire en quantité suffisante en cas d'attaque allemande sur le bétail des Alliés.» Et enfin le projet F (pour Fly), celui de Thomas, chargé de «développer des méthodes de propagation d'épidémies à l'aide d'insectes (...) Les savants avaient pour objectif de les introduire dans les organismes de différents insectes afin que ceux-ci deviennent des vecteurs de transmission de ces agents pathogènes.»
Si le frappabord est bien le rapport entre les expériences de 1942 et les insectes particulièrement virulents de 2024, un second point commun va surgir, le grand-père de Théodore. À l'époque, il vivait sur la Grande-Île et s'inquiétait des recherches menées là.
Particulièrement agité, le vieil homme est aujourd'hui attaché sur son lit dans le pensionnat où il vit. Des conditions de vie qui vont choquer son petit-fils. Aussi décide-t-il de libérer l'aïeul et de fuir avec lui.
Dans leur fuite, ils retrouveront la Grande-Île et les frappabords pour un final en apothéose.
Ce qui fait froid dans le dos à la lecture de ce thriller écologique, c'est qu'il se base sur des faits réels. Comme l'explique Mireille Gagné, «des recherches biologiques sur la peste bovine et l'anthrax ont réellement eu lieu à Grosse-Île, au Canada, entre 1942 et 1956. Des manipulations expérimentales ont également été réalisées par l'armée américaine à Fort Detrick, aux États-Unis, pour utiliser les insectes comme vecteurs potentiels de contamination.» À partir de là, l'autrice du lièvre d'Amérique a tissé ce livre au suspense haletant. de 1942 à 2028, on suit les apprentis sorciers qui, sous l'effet du réchauffement climatique, réveillent les vieux démons.
Frappabord est certes un roman d'anticipation, mais si proche d'aujourd'hui que les pessimistes se diront qu'il est déjà trop tard et que les optimistes y liront l'urgence d'agir.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.



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Dans ce roman, l'autrice ose donner la parole à une de ces infâmes bestioles dont le bizz-bizz continuel est comme les sirènes qui préviennent des bombardements, presque aussi dérangeant que la piqûre elle-même.

De quoi « piquer » votre curiosité ?

Ajoutons un retour à la Seconde Guerre mondiale où des laboratoires bactériologiques ont été installés sur une île du fleuve St-Laurent.

Et lorsque les insectes risquent aussi d'être porteurs de virus mortels, l'histoire tourne au cauchemar.

Vous aurez compris qu'il s'agit d'un roman dystopique, savoureux mélange d'écologie et d'imaginaire, mais rien de lourd, car porté par une belle écriture.
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Je pense qu'il y a une forme de snobisme à chérir les écrivains Québécois. Ils sont étrangers mais pas trop, puisqu'ils emploient la langue de Molière. Mais cet engouement est justifié. Il y a chez les auteurs francophones une fraîcheur, un détachement, une originalité que nos littérateurs hexagonaux ont perdue. J'ai récemment retrouvé ces qualités chez Kevin Lambert et Éric Chacour. Mireille Gagné, avec un peu moins de panache, ne fait pas exception.
De quoi le Frappabord est-il le nom ? D'un spécimen de taon redoutable qui mord ses proies sans ménagement. Pendant la seconde guerre mondiale, des militaires inconscients ont l'idée de l'utiliser pour transmettre un virus létal. le cauchemar devient réalité quand survient une énième manifestation du dérèglement climatique.
Pour raconter son histoire, Mireille Gagné s'est placée dans la peau des chercheurs, du petit fils de la première victime avérée et, trouvaille géniale, d'un frappabord malin et retord. C'est évidemment le témoignage de la vermine qui m'a le plus amusée. Il donne son piquant au récit (lire les chapitres intitulés « proie » et « coït » - un bonheur coupable). C'est d'ailleurs au taon que revient la responsabilité de tuer le suspense et de punir ces hommes qui n'ont toujours pas compris qu'en maltraitant la nature, ils courent à leur perte. Plus bêtes, tu meurs…
Une fable écologique qui se lit avec plaisir.
Bilan : 🌹
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Petit roman dystopique très prenant qui nous emporte dès les premières pages, suivant tour à tour le quotidien monotone d'un jeune Québécois, Théodore, en juin 2024 alors que sévit une canicule sans précédent, et celui plus extraordinaire de Thomas, universitaire dont le destin se retrouve, de 1942 à 1943, intimement lié, bien malgré lui, aux recherches d'armes bactériologiques menées conjointement par les armées canadiennes et américaines sur Grosse-ile, dans le fleuve Saint-Laurent. Dans un rythme haletant, avec une écriture précise, directe et incisive, Mireille Gagné alterne les deux époques, mêlant un troisième point de vue, celui précisément d'un frappabord, ces mouches à chevreuil, plus communément nommées taons en France. Dans une ambiance de polar, les deux époques finiront par s'entrecroiser. le tour de force de Mireille Gagné est de parvenir à nous tenir en haleine, jusqu'au bout, en mêlant éléments historiques et éléments d'anticipation.
Une agréable découverte qui donne envie de lire son premier roman à succès le lièvre d'Amérique.
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Eté 2024, les températures sont caniculaires à Montréal, les esprits s'échauffent, les frappabords, mouches piqueuses, pullulent dans toute la ville et ne cessent de s'en prendre à tous.
1942, tous les moyens sont bons pour gagner la guerre, même les plus vils.
Roman dont la première force est l'écriture. Une langue qui s'enroule, qui se love en circonvolutions, une langue qui bute, hachée, brutale.
Roman dystopique dont l'originalité tient à un nous et un vous inhabituel.
Roman écologique où l'animal prend la parole.
Roman qui fait froid dans le dos, plutôt par crainte de l'homme que de l'insecte, certains faits ont une base historique.

Autrice à suivre
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Frappabord, c'est une espèce de taon. Une espèce qui n'hésite pas à arracher un bout de peau de sa victime pour se repaitre de son sang. Frappabord, c'est aussi le premier personnage de cette histoire singulière, qui prolifère et mord à qui mieux mieux dans un Montréal surchauffé par un été caniculaire.

Sa victime, c'est Théodore, le deuxième personnage du roman de Mireille Gagné. Ouvrier, il hésite à récupérer son grand père maltraité dans son Ehpad.

De son côté, au mitant de la deuxième guerre mondiale, Thomas, entomologiste, est réquisitionné avec d'autres scientifiques afin de donner naissance à des armes bactériologiques dans un camp de recherche sur Grosse-Ile, au milieu du Saint-Laurent.

Se basant sur une histoire similaire et véridique, l'autrice nous fait ressentir à travers ces trois êtres, de manière habilement charnelle, toute la toxicité des initiatives humaines tendant à manipuler le vivant, et nous livre également une magnifique histoire de transmission. Bravo !
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Heureuse que je suis d'avoir réussi à lire un roman de 200 pages pendant mes vacances tumultueuses, je le suis d'autant plus de pouvoir chroniquer en avant-première Frappabord, de Mireille Gagné. Je remercie chaleureusement les éditions Québecoises La Peuplade et Babelio pour l'envoi de ce service presse, qui paraîtra le 17 janvier.

J'avais lu précédemment un autre roman de Mireille Gagné, le lièvre d'Amérique, que j'avais beaucoup apprécié à l'époque où ma meilleure amie me l'avait offert. Ne l'ayant pas chroniqué à l'époque, j'ai un peu oublié la nuance de ce que j'avais ressenti pendant ma lecture... Ahem.

Dans Frappabord, nous suivons trois personnages dans chaque chapitre : une mouche (le fameux frappabord), Théodore, et Thomas. La première parle peu dans ses parties, mais est très expressive et explicite. Théodore, contemporain du frappabord, est un employé d'usine timide vivant dans un futur proche caniculaire où la violence règne. Enfin, Thomas est un entomologiste recruté par l'armée pour une mission top secrète en pleine seconde guerre mondiale, sur une île obscure.

L'idée est remarquablement bonne. Crédible à tous niveaux, quand on sait quelles expérimentations ont pu être menées pendant les temps de guerre. Glaçante, même. L'autrice joue avec la tension du lecteur, visiblement très renseignée sur son sujet, et crée presque un thriller. Nous avons les pensées du frappabord, les conséquences des recherches sur l'île, et ce qu'il s'est réellement passé en 42. Petit à petit, tout se démêle jusqu'à atteindre ce moment où tout fait sens.

D'un côté, j'ai bien aimé ma lecture. J'ai été très intéressée par le projet de l'armée et ses effets ; j'ai été conquise par le plaidoyer écologique de Mireille Gagné. Curieuse du grand-père de Théodore. Transportée par la mouche.

Et d'un autre côté, j'ai été gênée par plusieurs aspect de ce livre. D'abord, je trouve que les personnages manquent de personnalité, de profondeur. J'ai eu l'impression que ça aurait pu être n'importe qui (c'était peut-être le but ?), et malheureusement je n'ai pas réussi à m'attacher à eux (à part peut-être au grand-père de Théodore, un personnage secondaire surprenant). le peu d'interactions avec les personnages féminins m'a semblé inodore et sans saveur. C'est peut-être un manque d'épanchements...? Aucun personnage ne fouille vraiment ses ressentis, le roman est court, il reste un peu en surface à mon sens... Même les animaux de laboratoire ne m'ont pas poussé une larme au coin de l'oeil (mais ça, c'est un point plutôt positif). Ensuite, j'aurais aimé aussi je crois que le roman soit plus long, pour avoir plus de temps pour développer le contexte et les événements. En fait, j'ai manqué de détails, je crois.

En bref, je suis un peu partagée. C'est un roman que j'ai lu en deux fois au milieu des fêtes de famille, et j'aurais aimé l'aimer plus, parce que l'autrice, parce que le sujet, parce que la maison d'édition. Ça n'aura pas marché pour moi cette fois, mais toute une bibliothèque ne peut être remplie de coups de coeur !
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