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Le petit ami de Diane a disparu depuis qu'il a assisté à la mort d'un lièvre. L'amour est un sentiment mystérieux. D'ailleurs, il ne s'agirait pas d'un sentiment mais d'une logique. Nous pouvons parier là-dessus. Logique du sujet de l'inconscient, évidemment. Si la vie vous a pourvu d'une informité structurelle inconsciente dès l'origine, vous serez mal barré, c'est le cas de le dire, trop peu barré.


L'amour, donc, serait le produit d'une logique qui s'y retrouve dans ses comptes. Un lièvre écrasé, et l'amour peut choir. L'amour tient à peu de choses. Un lièvre mort, et un amour se termine, si tant est que la disparition d'un être puisse être considérée comme la fin d'une relation. Maintenant que vous m'induisez en tentation réflexive, je vous dirais que ce n'est peut-être pas le cas. L'histoire pourrait être plus complexe. Pourrions-nous l'expliquer par une révision de la hiérarchie des amours ? Il suffirait alors de dire que l'amour pour le lièvre mort a pris le dessus sur l'amour pour la femme, ici prénommée Diane.


Ma foi, Diane ne pensait plus à tout cela avant de se faire opérer, chirurgicalement j'entends, avec tous les moyens de la science moderne, afin de devenir plus performante. Vous commencez à comprendre maintenant que l'histoire ne tient pas très bien la route. le transhumanisme a eu de beaux jours devant lui avant la survenue de la tempête ionique qui a duré trois semaines en 2025. Combien d'ovocytes conservés dans des sachets en plastique depuis des décennies ont-ils été décongelés ? Combien de paires de ciseaux Crispr-cas9 se sont-elles fendues dans le coeur tourmenté de doubles hélices de tératoandroïdes en pamoison ? Combien de vivants artificiels sont-ils à avoir enfin rendu leur désir terrestre ? Alors, vous voyez, une opération pour devenir plus performant, dans le sens de la puissance, sans doute, cela n'est pas précisé, plus personne n'y croit à fond, ou ne serait-ce même qu'à moitié. D'ailleurs, la science a ceci de bon qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait et qu'elle parvient toujours à nous surprendre, du côté où nous l'attendons le moins, évidemment.


Diane devient progressivement un lapin, nous dit l'écrit très vaine, c'est-à-dire, précise-t-elle pour nous faire réviser nos animaux, que des taches de rousseur lui apparaissent, que ses cheveux prennent une teinte rousse, qu'elle se convertit à la religion végétarienne et qu'il lui prend l'envie, plus que de coutume, de bondir sur place sans rime ni raison. Révoltée par l'ordre des êtres humains, Diane quitte son poste et offre son appartement à un clochard afin que celui qui en était sorti, de cet ordre humain, puisse y revenir. Elle lui rend donc le déchet de sa révélation mystique. Elle part à la campagne, sang de lapin, à la recherche des siens. Elle reste femme cependant puisque, représentante à son insu de l'ordre de Gaïa, elle réalise l'union fantasmagorique entre l'homme et la nature, accomplissant l'harmonie dont la vie moderne l'éloignait. Elle reste citadine, également, accordant toute gloire à une nature idéalisée dont elle ignore la férocité. « Ma peau nue, laiteuse et éclatante, comme les restants d'un pelage d'hiver, illumine la forêt. Sauvage, je secoue mes cheveux. Mes poils se dressent. Pendant un instant, je me sens entière : j'appartiens à l'île, en phase avec ses marées, plus aucune fente, délivrée de toute attache possible. Une renaissance. »


Je me souviens de celui qui s'arrêtait à chaque bac d'arbustes installé entre deux abris de bus dans les villes et qui en coupait une feuille pour la goûter, espérant ainsi la reconnaître et en déclamer le nom – prenant la nomination donc pour l'amour. Selon l'inclination du moment, il hasardait : verveine – menthe – hibiscus – lin doré. Il fut un jour, après dégustation, si malade qu'il ne parvenait plus à rester assis sur le siège passager de la voiture qui le conduisait à l'hôpital.


L'amour ne vous semble-t-il pas, de toutes manières, toujours plus imbitable ? Un lièvre écrasé vous en éloigne, alors vous devenez lapine et finalement vous baisez avec la terre. Vous croyez poursuivre une biche, et il n'en reste qu'un linceul.
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Une fable moderne et dystopique : et si on pouvait modifier notre organisme et le rendre plus performant ? Plus besoin de sommeil ni de repos, parfait pour une carriériste comme Diane, qui veut en faire toujours plus...
Alternant passages avant et après "l'opération", mais aussi passages de l'enfance et de l'adolescence, ce roman aux allures de fable m'a un peu perdue et vaguement ennuyée.
Pas mal comme idée de départ mais vite oublié !
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