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sur 283 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
" Diane grandit au Québec, sur une île de l'archipel de L'Isle-aux-Grues. Elle y vit une enfance libre et sauvage, entre le fleuve, la forêt et la mer, jusqu'à ce qu'elle la quitte brutalement pour aller s'installer dans une grande ville. (...) Quinze ans plus tard, « sur le point de craquer de fond en comble d'éparpiller ses morceaux dans les draps », Diane se tourne vers la modification génétique. Devenir plus forte, vive et rapide, dormir moins tout en multipliant ses performances, c'est la réponse qu'elle a trouvé, du fond de son anxiété chronique et de ses tentatives de contrôle désespérées, aux injonctions productivistes.
Mais on ne mélange pas si facilement son ADN avec celle du lièvre d'Amérique. L'opération a des effets secondaires et son comportement commence à changer dans un sens inattendu.(...)
Ce n'est qu'arrivée pratiquement au bout de son manuscrit que la Québécoise Mireille Gagné a pris connaissance du mythe fondateur algonquien de Nanabozho, « envoyé sous la forme d'un lièvre par Manitou pour enseigner la sagesse aux êtres humains », dans lequel elle a retrouvé nombre de symboles clef de son texte. Elle a inscrit alors le lièvre d'Amérique dans un récit plus large, parce que, dit-elle, « le livre était déjà écrit et qu'il était le legs de quelque chose de plus grand que moi que je devais transmettre. »
Bien lui en a pris. Ce premier roman est une injonction à s'affranchir de la servitude, à tout lâcher pour partir courir les bois, se laisser tomber sur des sols de feuilles mortes ou se frotter les joues contre les écorces des arbres et la mousse humide. Transmission réussie."
Article de Kits Hilaire (extrait) pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/le-l..
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"Le lièvre d'Amérique" est un roman très court mais tout à fait suffisant pour nous embarquer et nous faire réfléchir sur la dépendance au travail, sur son absurdité et les conséquences désastreuses sur l'être humain. Combien de burn out, de dépressions liées au travail ?
Ce n'est cependant pas un essai, loin de là. Ce roman s'apparente plus à une fable.
4 temps alternent :
- 1 sur le lièvre d'Amérique et sa "carte d'identité", ses caractéristiques,
- 1 sur Diana à 15 ans lorsqu'elle est nature et proche de la nature,
- 1 durant laquelle elle est adulte et travaille toujours plus pour être la meilleure, pour être performante, elle en devient un robot
- 1 après l'opération qui lui fait retrouver sa part animal.
Le style est particulier et intéressant. À certain moment la ponctuation disparaît mais cela a bien sûr du sens, le "je" qui caractérise l'identité disparaît également comme un robot qui n'a plus sa part d'humanité, tout se bouscule, les mots s'enchaînent.
C'est un livre qui fait réfléchir . Laissons la part d'animalité qui sommeille en nous se développer et rapprochons-nous de la nature... cessons de vouloir toujours plus et d'alimenter ce système capitaliste.
Un retour à la nature semble indispensable, urgent.
Il y a un petit lexique à la fin sur le vocabulaire maritime il aurait été utile qu'il y en ait également un sur certains termes québécois car il a fallu que j'aille les chercher sur internet. Mais ceci n'entache en rien le plaisir que j'ai eu à lire ce petit roman.
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Un premier roman saisissant, découvert sur Bookstagram et que j'ai beaucoup aimé.
La couverture m'a fait penser à une partie de cache-cache que ma petite famille et moi avons faite avec un lièvre d'Amérique à Mono Lake (photo en fond ci-contre), lors d'un voyage sur la côté Ouest américaine et je suis ravie d'en avoir appris un peu plus sur ce charmant animal aux grands oreilles ! Ses sens sont par exemple toujours en éveil, il n'a besoin que de très peu de sommeil.
Ses performances ont un lien direct avec celles que cherche à atteindre Diane, le personnage principal de ce roman. Être toujours plus performante, travailler, travailler toujours dans notre société. Capitaliste. Profitable. À outrance. L'humain au début, en milieu, en bout de chaîne, peu importe, s'associe au toujours plus. Toujours plus au risque de sombrer, d'oublier certaines recommandations, de s'oublier et de rentrer dans la spirale infernale du surmenage. Aux prémices de cet engrenage, il y a fort souvent un vide à combler.
Je m'arrête là? Il serait dommage d'en dévoiler davantage.
La plume : imaginative et créative, poétique et tonique.
In fine : une très belle surprise de la Rentrée Littéraire 2020. Une satire sociale qui interroge notre rapport au travail et à la nature et qui m'a profondément parlée.
MERCI Mireille Gagné. Quel plaisir de vous lire et de vous écouter aussi.
MERCI les éditions La Peuplade ; les parutions lues chez vous ont toujours été de belles rencontres pour moi.
En quatrième de couverture, l'éditeur écrit : « Ce roman, une fable animalière néolibérale, s'adresse à celles et ceux qui se sont égarés. » Tout est dit.
Une lecture que je recommande vivement !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Un roman comme un lièvre qui bondit et change constamment de trajectoire pour égarer les poursuivants.

Il y a la magnifique couverture du livre qui incite à l'ouvrir. Il y a le lièvre d'Amérique, petite bête pacifique (qui vient brouter le trèfle dans ma cour). Il y a Diane, en convalescence d'une mystérieuse opération et qui ne reconnaît plus son corps. Il y a Diane, l'obsessive et asociale, qui croule sous la pression dans un bureau, qui ne vit que pour son travail et a toujours peur de ne pas en faire assez. Il y a aussi une adolescence sur L'Isle-aux-Grues, qui rencontre un garçon. Il y aura même la légende ancienne du lièvre qui apparait à ceux qui se sont égarés.

Pas facile à suivre, il faut savoir que les J+5 ou les J-34 en tête de chapitre situent le temps après et avant l'opération. En fait, c'est une caractéristique de ce court de roman de tenter de nous égarer, en mêlant la chronologie de l'histoire de Diane adulte, les chapitres d'enfance où elle devient la narratrice et ces textes d'information sur le lièvre d'Amérique.

La beauté de la nature, une belle imagination et une écriture qui suggère encore plus qu'elle ne décrit.
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Dans un futur tout proche, et pas bien différent de notre monde, Diane se réveille d'une opération d'un genre nouveau, à son domicile, où elle doit rester au repos le plus complet pendant une semaine. Mais les changements survenus dans son corps et son comportement sont-ils ceux qu'elle avait anticipés ?
Voici un petit roman, par la taille, mais dont la puissance vaut bien des grands : un peu compliqué à expliquer, son déroulé reste pourtant tout le temps parfaitement clair à la lecture. Arrivent tour à tour des pages sur la biologie du lièvre d'Amérique, d'autres sur le présent de Diane qui récupère dans son appartement, d'autres sur l'ambiance de stress au travail qui a poussé la jeune femme au bord du burn-out, et enfin des chapitres sur l'adolescence de Diane dans l'Île-aux-Grues, pages où elle repense avec nostalgie à Eugène, le garçon si original qui était devenu son voisin et ami.

Au début, j'ai vu le roman comme une sorte de croisement entre deux de mes dernières lectures, Métamorphoses et Cora dans la spirale, ce qui est moins bizarre qu'il n'y paraît, et qui m'a aidée à y plonger aussitôt. Il faut y ajouter de lumineux passages sur la nature, et une belle histoire d'amitié. Je suis souvent prête à critiquer les auteurs qui veulent mettre trop de thèmes dans leurs romans, mais là, j'ai été sous le charme de ce mélange original.
Et puis l'écriture… le roman se lit comme une légende, mais une légende moderne, dont la petite musique contemporaine devient très rapidement séduisante. Je dirais que ce n'est pas un roman qui se dévore, ses sauts dans le temps, et d'un thème et d'un style à un autre poussent davantage à le savourer. Je trouve que vous avez de la chance, celles et ceux qui ne l'ont pas encore lu !
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Ce premier roman de Mireille Gagné est construit de manière particulière. Les six chapitres du récit sont constitués de trois parties : une double page sur le lièvre d'Amérique, ses caractéristiques et son mode de vie, puis le présent de Diane alors qu'elle se réveille de l'opération et enfin un retour dans son enfance sur l'Ile-aux-Grues. Chaque chapitre est séparé du suivant par une double page représentant un dessin en noir et blanc. Cette construction particulière nous permet de faire connaissance avec Diane et de comprendre sa vie présente à la lumière de son passé.

Je n'ai pas envie de vous dévoiler trop longuement ce roman car j'ai savouré le fait de n'avoir rien lu à son propos avant de l'entamer. Il m'a été conseillé souvent mais personne n'a défloré le sujet et je me suis refusée à m'informer davantage pour que la découverte soit entière. Et j'ai bien fait. Si on est un peu surpris au début, cela ne dure pas. Une fois la lecture entamée, on n'a de cesse de connaitre la suite et on est tenu en haleine jusqu'à l'épilogue.

Ce court roman fantaisiste de 138 pages est tout bonnement fabuleux. Inspiré d'une légende indienne, il mêle habillement la réalité du quotidien et du monde du travail à la magie des histoires ancestrales. A la fois récit initiatique, conte satirique, fable animalière et critique sociale, ce récit trace un portrait très fin d'une jeune femme en souffrance, en rupture avec sa nature profonde, tout en décrivant avec acuité la nature, sa force, sa grandeur et ses mystères.

J'ai aimé aussi les changements de rythme et de style selon que Diane erre sur l'ile de son enfance ou perd pied dans son travail vivant les premiers symptômes du burnout. Mireille Gagné a publié auparavant trois recueils de poésie et cela se sent dans son écriture ciselée et les métaphores qu'elle emploie. (D'ailleurs, par de nombreux côtés, « le ciel en blocs » annonce le présent roman.)

Ode à la nature et à la liberté, ce court roman recèle une sagesse universelle qui vaut vraiment la peine d'être entendue. A découvrir au plus vite.
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J'ai suivi les conseils de ma libraire concernant ce livre, et j'ai rudement bien fait ! Je crois que j'y ai tout aimé !
L'alternance des chapitres d'abord. Un chapitre animalier sur le lièvre d'Amérique. Un chapitre sur l'enfance de Diane. Un sur sa convalescence post-opératoire. Et un sur ces pensées en vrac, en pseudo sommeil il me semble. Chaque chapitre a son style d'écriture, qui lui correspond particulièrement bien.
L'histoire principale ensuite. Diane qui décide de subir une opération incroyable pour booster ses performances, dépasser les limites humaines. C'est totalement flippant, dérangeant et en même temps crédible. C'est d'ailleurs peut-être ça le plus flippant.
Le roman est court, mais c'est intense ! L'avancée technologique, une mise à mal de la bio-éthique, mais pour un retour à la nature...
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Poignant, magistral, « le lièvre d'Amérique » est un cri dans la nuit. Un livre claquant, inoubliable, d'une beauté d'écriture inouïe. Une nage éperdue dans l'eau glacée, rebelle de l'Isle-aux-Grues, terre natale de Mireille Gagné. La trame est liant, mouvement et vérité. Papier calque de cette nature rebelle, sauvage et dissidente. Diane est ici. L'enfance habillée de ressacs, de grondements. Grandissante dans cet été des quinze ans avec Eugène, son ami, si énigmatique et imprévisible. On ressent l'envergure sentimentale, d'approches, de regards, de découvertes des lieux secrets, cherchant des yeux les traces du lièvre d'Amérique. Métaphore de ce qui ne se prononce pas. Il est ici ; le lièvre mythique. On le voit, le sent, l'interpelle. Dans ces forêts sombres, le profond des pages ; décrit à merveille, cycle de cette fable parabolique. Que ce livre est majestueux ! Ecoutez ces enfants écueils. Diane perdue dans les émois d'un premier amour. « Diane se réveille ». La voici, adulte, solitaire, travaillant jusqu'au creux de la nuit. Noyée dans l'opératif, déchirée, perdue. Ombre d'Eugène, gouffre abyssal. Automate, perdue dans les profondeurs intestines d'un plus, toujours mieux, plus longtemps. « Pour calmer son anxiété de performance et économiser des secondes Diane compte perpétuellement le nombre de pas séparant son appartement de son travail de marches entre chacun des étages, de secondes entre son bureau et celui de la femme qu'elle déteste. » Cette satire des temps modernes, ce choc de contemporanéité est une parabole. Crissures sur la glace, miroir déformé, l'hédonisme refoulé. Un quotidien étranglé d'angoisses. le lièvre d'Amérique court de plus en plus vite. S'échappe des mailles des diktats sociétaux. Diane, «… compte pour combler le vide mais le malheur ne se dénombre pas. » Diane est égarée dans son propre labyrinthe. Ne trouve plus sa voie. Ces questionnements, ce trop-plein d'activités sont une armure à briser. Va-t-elle trouver la croisée des chemins ? Suivre les empreintes du lièvre d'Amérique ? Diane va-t-elle renaître de ses cendres tel le Phénix ? Eugène est-il le double de ce lièvre ? Ce récit est une merveille à l'aube née. Mireille Gagné est douée, très. Cette fable emporte les vents contraires. Assigne au passage des possibilités. On est pris de vertige au sommet des falaises. Les vagues frappent, mais les larmes sont rédemptrices. Ici, dans cette île bat le coeur d'une femme qu'on aime de toutes nos forces. Pelage de lièvre, mythe écarquillé, Eugène-Nanabozo. Dualité et retrouvailles. « le lièvre d'Amérique » est initiatique, culte. Publié par les majeures Editions « La Peuplade ».
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Que nous raconte ce Lièvre d'Amérique ?
Spontanément, je répondrais : une transformation.
Mais ce récit est autre chose. Il est un condensé de 138 pages dans lequel Mireille Gagné imbrique harmonieusement les quatre points cardinaux de cette histoire : la nature, l'amitié, la métamorphose, le travail. le lien entre eux se fait de façon fluide, sans accroc.
Le tout est auréolé de mystère, d'une pointe de futurisme.
L'auteur adapte son écriture au point cardinal qu'elle convoque : l'écriture est tantôt normative, tantôt libérée de toute ponctuation.
Enfin, il est savamment concocté donc habilement dosé.

Je ne peux que vous recommander d'aller vite attraper chez votre libraire "Le lièvre d'Amérique".



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Aaaah La Peuplade.
J'ai découvert cette maison d'édition québécoise il y a quelques mois et depuis j'en suis accro. Charte graphique identifiable à ce trapèze horizontal, couverture et papiers qui semblent fragiles, noms d'auteurs presque exotiques, petit phare bicolore, en somme grosse qualité éditoriale, romans comme poésies.

Après l'émerveillement provoqué par cette si belle couverture, on a tendance a se créer d'énormes attentes sur une oeuvre. L'objet-livre en lui-même est ici épuré, mystique, et il active de nombreuses zones du cerveau : excitation, imagination.

Dans ce roman court où le réalisme magique n'est jamais très loin, l'émotion infuse en douceur dès les premières lignes, comme une verveine un soir d'hiver. C'est vraiment remarquable comme on est rapidement envoûté par ces personnages. La Diane adulte au bord du burn-out, celle plus jeune éperdument amoureuse. Eugène mystérieux. Les chapitres sont relativement brefs, pourtant les séquences tapissent votre mémoire durablement, les alternances de temporalité et de style apportent beaucoup de fraîcheur, d'imprévisible. Tout comme les descriptions zoologiques finement dispersées dans l'oeuvre, éclairant les comportements humains.

C'est aussi un beau texte sur l'appartenance à une terre. Ici, à une culture insulaire, un lieu hors de tout, difficile à quitter ou bien enraciné pour toujours.

J'ai trouvé le passage où Eugène et Diane traquent l'aigle royal dans le ciel, jusqu'à la mort tragique du lièvre, d'une beauté exceptionnelle. L'auteure aura réussi à m'arracher une larme tant son écriture est pure, juste et équilibrée.

Mireille Gagné, bravo, car cestcvraiment un très beau roman!
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