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Dans « Dites leur que je suis un homme » j'ai trouvé sous la plume de Ernest J. Gaines un plaidoyer émouvant dépourvu de haine.. Dans « Par la petite porte » j'ai retrouvé toute la subtilité de l'auteur et sa grandeur d'âme.
L'auteur nous raconte l'histoire de Cooper dont la mère a été violée par le propriétaire de la plantation. Maintenant l'oncle de Cooper qui a repris la direction de la plantation est mourant et Cooper entend bien réclamer sa part de l'héritage et il le fera en passant par la grande porte et non par la petite, réservée aux esclaves.

Tout au long de ma lecture, j'ai été bercée par la voix de Félix, le conteur. Celle ci s'est imposée naturellement dans ma tête. Posée, ronde, un peu affaiblie par les années et marquée par l'accent des anciens esclaves. Accent que je n'ai jamais entendu, c'est vrai, mais dont je devine la véracité dans l'écriture de EJG . Ce n'est pas celui auquel les auteurs ont souvent recours, pas de « missié », « p'ove » … non. Ici on devine toute la tendresse et le respect pour cette façon de s'exprimer, qui oublie le « ne » des négations, qui inverse l'ordre établi des mots, ou encore qui en occulte d'autres. Ce choix d'écriture est un véritable hommage et une marque de respect. EJG n'a pas cherché à faire de ces hommes des gens présentables pour les blancs. Il n'ont pas besoin de ça pour être dignes. Il décrit ces hommes au plus près de ce qu'ils sont jusqu'à leur langage. Peu importe d'ailleurs les fautes du vieux Félix, on sent toute la perspicacité et la vivacité d'esprit de cet homme qui se garde bien d'en dire trop. Si un blanc pense être moins futé qu'un noir il pourrait mal le prendre, mais le regard de cet homme sur le monde n'en est pas moins celui d'un vieux sage.

J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce personnage, mais ce n'est pas une raison pour en oublier le thème principal : le différent qui oppose Cooper et Franck et qui peut paraître futile au regard de tout ce qu'il reste encore à faire à l'époque, mais qui est à l'image de la complexité de ce monde. Si l'esclavage est aboli le ségrégationnisme est à son apogée, les noirs semblent encore entravés par des chaînes et les blancs se comportent encore en maître. Une volonté de liberté commence à naître chez les noirs et une prise de conscience commence à de faire chez les blancs.
Là encore EJG fait preuve de beaucoup de subtilité et nous offre 2 personnages d'une grande complexité, incarnés, et pleins d'épaisseur.
Franck est une allégorie de cette époque qui prend fin, comme lui elle est vieille et mourante mais tient bon et ne se laissera pas achevée si facilement. Cooper lui représente l'avenir, qui pourrait se révéler sanglant s'il se laisse aveugler par l'impulsion et la fouge de la jeunesse malgré la nécessité de la lutte.

En peu de pages (107) EJG nous offre un récit humble et percutant qui hantera longtemps la mémoire des lecteurs. Un auteur qui impose le respect et vous fait sentir tout petit.
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PAR LA PETITE PORTE d' ERNEST J. GAINES
Louisiane, Franck dirige la plantation entouré de ses deux serviteurs noirs, Malia et Félix. Il apprend le retour de son neveu Copper en villle et demande à Félix de l'inviter chez lui, mais Copper, métis, refuse car il ne veut pas passer par la petite porte celle des noirs dans la Louisiane ségrégationniste. Franck, malade, sentant la plantation lui échapper, entouré de Cajuns aux aguets va dès lors entamer un bras de fer avec son neveu.
Un livre qui dit tout sur cette terrible ségrégation en Louisiane, avec cette petite porte qui symbolise la barrière entre blancs et noirs et, curieusement, on sent bien que Franck laisserait tomber cette règle mais pour ses domestiques noirs, elle semble importante comme si son abolition créerait l'ouverture sur un monde inconnu qui leur fait peur.
Petit livre en nombre de pages, grand livre sur les messages délivrés, Gaines fait revivre cette Louisiane de la ségrégation comme personne.
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Frank Laurent a convoqué Copper dans la grande maison. Mais Cooper refuse de passer par la porte de derrière. Parce que, s'il est métis, Copper n'en est pas moins un Laurent.

Par la petite porte est le récit tendu de ce bras-de-fer, raconté par Felix.
Felix a soixante-dix ans, il n'a plus l'âge de lutter contre ce système qui l'a contraint toute sa vie mais il n'en pense pas moins.
Il oscille entre le rire, à voir la façon dont Cooper renvoie les gars censés le ramener dans la grande maison par la porte de derrière, et la compassion pour ce vieil homme fatigué, qu'il a toujours connu, prisonnier des règles faisant de lui le maître du seul fait de la couleur de sa peau.

Ernest J. Gaines dit comment un homme redresse la tête. Comment il se dresse de toute sa hauteur d'homme, debout. Comment il refuse de juger les autres hommes autrement que par leurs actions. Comment il rejette la servilité et l'humiliation. Comment il s'affranchit de lois iniques, porté par la conscience de sa valeur, soutenu par une espérance sans illusion en l'humanité qui l'habite tout entier

Ce texte court et dense embrasse toute la réalité de la ségrégation et des cicatrices que l'esclavage a laissées dans les mentalités de ce Sud englué dans ses certitudes racistes.

Une fois de plus, Ernest J. Gaines dénonce ce système abominable qui a brisé des millions de vies. Il trouve les mots, qui claquent comme des coups de cravache et brûlent la conscience. Il réveille la colère face à l'injustice, au racisme, au rejet de l'autre, à la volonté de puissance sur l'autre. Qu'ils soient du fait de l'individu ou de sa seule obéissance aux lois édictées par la société dans laquelle il vit.
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Petit, mais costaud !!

Erneste Gaines, réussit en peu de mots, là où d'autres se seraient éternisés, à poser de manière claire et sans appel, ce que fut la ségrégation; cette vie dans les états du sud, où conformément aux usages les " nègres" passaient par la petite porte.
Qu'à cela ne tienne, Copper, ne l'entend pas de cette oreille. Il est bien décidé à faire valoir ses droits du sang.
Certes, les choses ne bougent pas d'un coup de baguette magique, mais la résistance prend forme dans les jeunes générations, alors que les plus anciennes acceptent leur sort. La différence est nette dans ce roman. Si Cooper ne craint pas d'affronter son maitre, Félix, ne veut pas faire de vague et comprend mal cette prise de conscience et ce vent de révolte qui gronde.
Dans une langue conforme à celle des plantations, et une style narratif se rapprochant du langage parlé (qui au départ peut surprendre, et se laisse finalement adouber), Ernest Gaines.
Le face à face entre les deux hommes est empreint à la fois de dignité et d'audace, de calme et de haine à peine contenue.

« Et puis vous avez utilisé autre chose-une de vos créations-cette chose que vous avez appelée la loi. Elle est écrite par vous et pour vous et ceux de votre espèce, et tout homme qui n'est pas de votre espèce devait l'enfreindre tôt ou tard… Je n'ai utilisé qu'une petite partie de vos créations. »

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Frank Laurent dirige une plantation en Louisiane. Mais contrairement à son frère avant lui, il respecte les noirs et la paix règne sur le domaine. Mais s'il ne se fait pas obéir par la peur, il entend malgré tout que les vieilles règles en vigueur soient maintenues et que chacun reste à sa place. Sauf que Copper, le fils illégitime et métisse de son frère est de retour et qu'il veut venir voir son oncle Frank, mal en point. Car non seulement il veut obtenir ce qu'il lui est dû mais il refuse de passer par la petite porte, comme les gens de couleurs le font dans cette Louisiane ségrégationniste.

Je n'avais jamais entendu parler de Ernest J. Gaines jusqu'à ce que Ys en parle. Et lors du salon du livre, les copines ont acheté d'autres titres de l'auteur et ont même convaincu Jeannine, ma belle-mère, de le lire. Elle a été enthousiaste et m'a donc définitivement décidée à lire ce roman.

J'ai été un peu déconcertée par le style dans les premières pages mais une fois habituée à la plume sèche et colorée de Ernest J. Gaines, je n'ai plus pu me détacher de la guerre des nerfs qui se joue entre Frank, le maître blanc, et Copper, le bâtard métisse qui entend revendiquer les droits du sang auquel son peuple n'a jamais pu prétendre. le frère de Frank était un homme irascible qui régnait sans pitié sur le domaine, dominant par la terreur. Frank, lui, n'aime pas la violence et tente une approche plus coopérative. Mais les Noirs de la plantation ne le respectent pas car ils ne le craignent pas. J'ai beaucoup aimé ce texte écrit par un homme qui a lui même été élevé dans une plantation dans laquelle il a travaillé dès l'âge de 9 ans. Il montre la réalité telle qu'elle apparaît lorsque les rapports de force commencent à changer. Frank incarne l'homme blanc, affaibli, qui tente malgré tout de maintenir les vieilles règles qui étaient déjà en vigueur avant sa naissance. Bien qu'il soit conscient que tout est en train de changer, il ne veut pas en être acteur. Cooper représente le moteur du changement. C'est un personnage assez difficile à cerner, entre la perception que l'on a de lui d'après les événements qui se déroulent ou ce que les différents protagonistes en disent et ce qu'il dégage lorsque le lecteur le rencontre enfin.
Les autres Noirs de la plantation se classent en deux groupes : ceux qui se rangent du côté de Cooper, sans vraiment se rebeller face au maître, mais qui estiment que eux aussi ont droit à plus d'égards et que les enfants illégitimes du maître doivent aussi profiter de l'héritage, quelle que soit leur couleur. Et ceux qui restent fidèles au maître blanc et à l'ancien système.
La tension est palpable tout au long du récit entre toutes ces personnes mais cela reste feutré, car l'essentiel du roman se déroule dans la maison où le maître attend Cooper qui refuse de passer par la petite porte.

Un grand roman, même si petit par la taille.

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Une centaine de pages qui disent tout de la ségrégation à travers juste une scène, une journée. La chronique d'une rencontre qui raconte un monde, la fin de de monde.

Lorsque l'on lit les romans de E.J.Gaines, il est toujours difficile d'admettre qu'il se situe au XXème siècle. Et pourtant. La force de ses textes tient en ces scènes pointées, pointues, qui ne sont ni plaidoyer ni réquisitoire. Une fiction qui témoigne par les faits et le parler vrais. Pas d'épopée, de saga, le vécu. Nulle nécessité de développer une thèse, d'épiloguer sur un contexte socio-politico-économico-historique.

Gaines, c'est la narration du et en direct, des dialogues dans la langue des communautés, des situations au quotidien qui suffisent à l'éloquence, à la profondeur des sentiments. Démonstrative au sens premier du terme. Des scènes puissantes sur cette terre là avec ces hommes, ces femmes et ces enfants là. Des gestes et des paroles prises sur le vif sans cliché qui témoignent de toutes ces vies. Les silences aussi, lourds de tension, d'Histoire et d'histoires.


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En Louisiane, sur la plantation, les murs de la maison du maître vont trembler.
Les esclaves doivent répondre au moindre appel et passer par la petite porte pour entrer. Alors, lorsque Cooper refuse de venir tant qu'il devra l'emprunter, la mécanique ancestrale se grippe et la tension ne cesse de monter.
Un court roman qui pourrait aisément être adapté en pièce de théâtre - et même en pièce de théâtre classique d'aujourd'hui. Tout se passe en effet en une journée décisive, en un lieu quasi-unique, autour de cette intrigue resserrée.
Un court roman qui se lit d'une traite et avec la scène en tête, ce salon où défilent les hommes mi-témoins mi-acteurs de cette rébellion inédite.
Bientôt l'on comprendra la raison de ce coup de folie. Et puis l'acte II, qui mettra en mots les enjeux de ce geste décisif. Et j'ai le sentiment d'assister à un tournant de l'Histoire car la résistance de Cooper n'est pas sans rappeler celle de Rosa Parks et le séisme qu'elle a déclenché.
Un court roman qui mérite d'être lu... et aussi d'être joué !
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Ce court et dense roman nous fait entrer de plein fouet dans le monde ségrégationniste du sud des Etats-Unis. le texte, concis, révèle de manière magistrale toute les tensions existantes entre les personnages. Un roman magistral, qui pourrait être adapté avec succès au théâtre.
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Un très court texte qui fait ressentir, par sa prose puissante, toute la violence de la ségrégation.
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En une petite centaine de pages, Ernest j.Gaines décrit sans fioriture une réalité des conséquences de la ségrégation dans le sud des états-unis . Une lecture qui bouleverse .Je n en écrirai pas plus car ce livre, et surtout cet auteur, mérite que vous le découvriez si ce n'est déjà fait 😉.
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