Frank Laurent dirige une plantation en Louisiane. Mais contrairement à son frère avant lui, il respecte les noirs et la paix règne sur le domaine. Mais s'il ne se fait pas obéir par la peur, il entend malgré tout que les vieilles règles en vigueur soient maintenues et que chacun reste à sa place. Sauf que Copper, le fils illégitime et métisse de son frère est de retour et qu'il veut venir voir son oncle Frank, mal en point. Car non seulement il veut obtenir ce qu'il lui est dû mais il refuse de passer
par la petite porte, comme les gens de couleurs le font dans cette Louisiane ségrégationniste.
Je n'avais jamais entendu parler de
Ernest J. Gaines jusqu'à ce que Ys en parle. Et lors du salon du livre, les copines ont acheté d'autres titres de l'auteur et ont même convaincu Jeannine, ma belle-mère, de le lire. Elle a été enthousiaste et m'a donc définitivement décidée à lire ce roman.
J'ai été un peu déconcertée par le style dans les premières pages mais une fois habituée à la plume sèche et colorée de
Ernest J. Gaines, je n'ai plus pu me détacher de la guerre des nerfs qui se joue entre Frank, le maître blanc, et Copper, le bâtard métisse qui entend revendiquer les droits du sang auquel son peuple n'a jamais pu prétendre. le frère de Frank était un homme irascible qui régnait sans pitié sur le domaine, dominant par la terreur. Frank, lui, n'aime pas la violence et tente une approche plus coopérative. Mais les Noirs de la plantation ne le respectent pas car ils ne le craignent pas. J'ai beaucoup aimé ce texte écrit par un homme qui a lui même été élevé dans une plantation dans laquelle il a travaillé dès l'âge de 9 ans. Il montre la réalité telle qu'elle apparaît lorsque les rapports de force commencent à changer. Frank incarne l'homme blanc, affaibli, qui tente malgré tout de maintenir les vieilles règles qui étaient déjà en vigueur avant sa naissance. Bien qu'il soit conscient que tout est en train de changer, il ne veut pas en être acteur. Cooper représente le moteur du changement. C'est un personnage assez difficile à cerner, entre la perception que l'on a de lui d'après les événements qui se déroulent ou ce que les différents protagonistes en disent et ce qu'il dégage lorsque le lecteur le rencontre enfin.
Les autres Noirs de la plantation se classent en deux groupes : ceux qui se rangent du côté de Cooper, sans vraiment se rebeller face au maître, mais qui estiment que eux aussi ont droit à plus d'égards et que les enfants illégitimes du maître doivent aussi profiter de l'héritage, quelle que soit leur couleur. Et ceux qui restent fidèles au maître blanc et à l'ancien système.
La tension est palpable tout au long du récit entre toutes ces personnes mais cela reste feutré, car l'essentiel du roman se déroule dans la maison où le maître attend Cooper qui refuse de passer
par la petite porte.
Un grand roman, même si petit par la taille.
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