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Michelle Herpe-Voslinsky (Traducteur)
EAN : 9782867463815
251 pages
Liana Lévi (07/01/2005)
4.27/5   47 notes
Résumé :
Dans la chaleur moite du bassin du Mississippi, un coup de fusil vient ébranler la plantation Marshall. Le Cajun Beau Boutan a été abattu devant la porte du vieux Mathu, Noir indépendant et fier, que tout accuse du meurtre. Pour sauver du lynchage celui qui l'a élevée, la fille du propriétaire, Candy Marshall, se déclare coupable. L'enquête du shérif Mapes agira comme un puissant révélateur des conflits et solidarités entre communautés - Noirs, Cajuns, Blancs, Créol... >Voir plus
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8 heures dans une communauté rurale de Louisiane du Sud, fin des années 1970. Un homme blanc, un cajun cruel et raciste, a été abattu dans l'arrière-cour d'un Noir, le vieux Mathu est aussitôt désigné comme coupable. Pour le protéger, Candy Marshall, héritière blanche de l'ancienne plantation, s'accuse du meurtre pour protéger celui qui l'a élevé. Mais dans l'urgence, elle appelle tous les vieux Noirs du coin à la rejoindre sur le lieu du crime avec leurs fusils de chasse calibre 12 et leurs cartouches n°5 afin de brouiller les pistes. Tous attendent et redoutent l'arrivée du redoutable, Fix, le père de l'assassiné, ex-chef du Klan, organisateur de lynchages.

Colère en Louisiane tient de la tragédie grecque avec son unité de temps, de lieu et d'action, sa tension, son drame qui cristallise toute l'histoire des Etats-Unis sudistes, qui révèle toutes les tensions raciales en cours. Ernest J.Gaines a eu une sublime idée qui résonne très fort dans le coeur et l'esprit du lecteur. Les vieillards qui répondent à l'appel se mettent tour à tour à se désigner comme coupables. Chacun se raconte, raconte les griefs étouffés depuis des décennies, raconte le racisme ordinaire à l'époque de la Ségrégation. Et c'est terriblement poignant de voir ses hommes oser revendiquer, retrouver leur dignité, eux qui si emplies de regrets liés à leur ancienne passivité. Ils se tiennent enfin debout face au shérif qui les rudoie, comme une rédemption personnelle portée par le collectif.

L'auteur choisir le bon dispositif narratif. Tous les chapitres sont introduits par le nom d'un personnage qui se fait narrateur. Quinze voix composant un large éventail ( hommes, femmes, Blancs, Noirs, jeunes, vieux, racistes, libéraux, éduqués ou pas ). Cela pourrait être très artificiel mais cela ne l'est jamais tant Ernest J.Gaines parvient à trouver pour chacun son propre ton, son propre phrasé, sa propre respiration, donnant à voir son point de vue et son ressenti. C'est d'autant plus fort que jamais les personnages principaux ( Mathu, Candy et le Shérif ) ne se joignent à ce choeur, Mathu étant le seul qui sait réellement ce qu'il s'est passé ( est-ce lui le tueur, ou pas ? )

En fait, derrière les apparences de limpidité classique de ce roman, rien n'est simple, la démonstration n'empêche pas la complexité. Les tensions entre Noirs et Cajuns, blancs, traditionnellement pauvres, eux-même issus d'une minorité ethnique, sont particulièrement bien présentées, se disputant la terre et leur gagne à pain avec les Afro-Américains depuis que l'abolition de l'esclavage. Surtout, on croit en tous des personnages : au respect mutuel taiseux entre Mathu et le Shérif ; au clan de Fix qui explose entre ceux qui veulent rester sur une ligne vengeresse et ceux qui veulent vivre en harmonie avec les Noirs.

Remarquable.
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Dans les bayous de Louisiane, dans le vieux sud profond et ségrégationniste, les choses sont en train de changer à la fin des années 70. La preuve ? Demain, tel un symbole, Gil et Cal, copains d'enfance, l'un noir et l'autre blanc, joueront ensemble pour qualifier l'équipe locale pour la finale de la conférence régionale de football américain.

En attendant, aujourd'hui, l'heure est grave : à Bayonne sur les rives du Mississippi, la plantation Marshall est en alerte depuis que Beau Boutan, Cajun en charge des chargements de canne à sucre a été abattu par le vieux Mathu. Alors que le shérif Mapes se précipite pour l'arrêter, il se retrouve face à face avec une quinzaine d'ouvriers et métayers noirs de la plantation accourus pour le sauver. Chacun s'accuse du meurtre mais le temps presse pour y voir clair avant que Fix, le propriétaire blanc et ses hommes, ne débarquent pour faire justice selon les bonnes vieilles méthodes locales du Klan.

Roman choral à l'intensité progressive, Colère en Louisiane de Ernest J. Gaines -traduit par Michelle Herpe-Volinsky- est le récit fort et marquant d'un monde qui change, de rapports de force ancestraux et établis en train de vaciller sous l'énergie d'hommes qui se lèvent, qui résistent et qui font corps.

Comme dans Dites-leur que je suis un homme -mais avec davantage de force ici selon moi- Gaines poursuit son ode à la dignité humaine et réaffirme qu'un homme qui se dresse et s'assume peut en entraîner d'autres, faire changer l'ordre établi, susciter les raisonnements, questionnements ou remises en cause, pour finalement se comporter en homme ou renaître en homme. Un roman puissant.
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Quand le cajun Beau Boutan est abattu près de la ferme de Mathu un vieux noir connu pour son caractère fier, ce dernier reste prostré et quand Mapes le shérif arrive dans l'heure, le crime semble facile à éclaircir. c'est sans compter avec Candy, une jeune fille blanche, qui a été élevée par Mathu et qui s'accuse du meurtre. Mapes doit faire face également à une bonne douzaine d'hommes noirs, âgés, qui ont tous eu maille à partir à un moment donné avec Beau et qui s'accusent à tour de rôle du meurtre. le temps presse, car la famille de Beau, riches propriétaires terriens, risque de s'organiser de manière expéditive pour obtenir justice par lynchage.

Colère en Louisiane - A gathering of old men - est le deuxième roman que je lis de Ernest J. Gaines et de nouveau un grand plaisir de lecture : tout est juste avec cet écrivain : la psychologie des personnages, le prisme qu'il choisit dans la construction de son récit, le style d'écriture et l'ambiance qu'il sait créer et toujours cette capacité à déclencher les sentiments sans pathos.
De nombreux personnages - chacun des protagonistes prenant la parole - beaucoup de dialogues donc, qui rendent le drame très vivant.
Il arrive à dénoncer sans accuser, révélant les fractures anciennes et trop longtemps tues entre communautés qui finissent par éclater.
Ecrivain toujours à suivre pour moi....
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Second roman de l'auteur lu car le premier:" dites leur que je suis un homme" m'avait fortement impressionné. celui-ci est tout aussi poignant de par la rudesse des personnage, de leur vie, de leurs attitudes que de l'écriture fluide et impactante.
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Le racisme dans le sud des États-Unis a une longue histoire. C'est l'histoire de la domination d'un monde sur un autre, c'est l'histoire d'une violence institutionnelle, celle de l'esclavage et de la ségrégation. Blancs et noirs vivent dans les mêmes villes, les mêmes campagnes mais c'est la méfiance, le rejet, la haine qui sont à la base des rapports humains.

Au moment où débute l'histoire que nous raconte Ernest J. Gaines, le système ségrégationniste n'a plus cours. C'est une époque révolue. Les lois sur les droits civiques votées dans les années 60 ont marqué une étape essentielle pour la reconnaissance de l'égalité entre tous les citoyens américains. Pourtant, au fin fond de la Louisiane, au coeur des plantations de cannes à sucre, les mentalités n'ont pas encore évolué, loin de là. Pour certains, la fin du système traditionnel n'est pas acceptable.

Le récit est axé sur le mystère qu'entoure le meurtre d'un habitant de cette campagne éloignée. C'est un blanc, exploitant agricole, qui est abattu. de bout en bout, le roman pose ces questions lancinantes : quelles sont les circonstances de sa mort ? Quel en est le motif ? Mais surtout : qui a tué cet homme ? Ce crime fait scandale car celui qui est mort n'est pas n'importe qui. Les soupçons se portent sur les noirs qui travaillent sur la plantation. de façon astucieuse, ils s'organisent pour se défendre collectivement. Au delà de la résolution de cet assassinat, il s'agit pour eux d'affirmer leur dignité et d'être forts face aux représailles qui menacent. Car face à eux se trouvent les tenants de l'ordre ancien pour qui le lynchage est la solution. C'est en effet ainsi, par le déchaînement d'une violence extrême, que pendant des siècles étaient réglés ce genre de problème. Une tension parcoure tout le roman : quelle justice doit être appliquée ? Celle qui accorde des droits aux noirs ou celle qui fait référence au passé ségrégationniste ?

Grâce à une construction narrative très originale, l'auteur nous présente le point de vue de tous les protagonistes, et ils sont nombreux. de chapitre en chapitre, c'est un narrateur différent, noir ou blanc, qui prend la parole. Cette diversité est passionnante. Elle nous permet de percevoir la complexité des rapports entre dominants et dominés, leur évolution au fil du temps. L'histoire de l'esclavage est en arrière-fond et on comprend à quel point le racisme quotidien est enraciné et vivace malgré les années qui passent. Ernest J. Gaines rend émouvant le combat pour la dignité mené par cette communauté noire qui refuse de voir ses droits piétinés, qui ose prendre la parole. Toute son oeuvre rend compte de cette lutte acharnée.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il continuait à vivre dans le passé. Il croyait qu'il pouvait toujours battre les gens comme son père le faisait il y a trente ou quarante ans. Il s'est mis à battre Charlie dans le champs là-bas derrière, et Charlie a couru chez Mathu. J'étais près de la porte, je parlais avec Mathu. On lui a demandé ce qui s'était passé, et il nous a dit que Beau l'avait frappé avec une tige de canne. Quelques minutes plus tard, Beau est arrivé sur le tracteur, armé d'un fusil.
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Il portait son fusil par le canon, la crosse touchait presque le sol. Une cigarette roulée lui pendait au coin des lèvres. Les cendres étaient aussi longues que la cigarette. Il prenait pas le temps de secouer ses cendres de cigarette, Dirty Red, elles tombaient quand elles voulaient.
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- Vous pouvez pas voir tout ça, Shérif, parce que vous n'avez jamais pu le voir. Vous ne pouvez pas voir Red Rider avec Job, Jack avec Diamant. Vous pouvez pas voir les gens dans l'église, vous pouvez pas entendre les chants et les prières. Fallait être là avant, pour plus rien voir ni entendre maintenant. Mais moi j'étais là, et je vois plus tout ça, et c'est pour ça que j'l'ai fait. J'l'ai fait pour ceux qui sont là-bas sous les arbres. J'l'ai fait parce que le tracteur, il se rapprochait de plus en plus du cimetière, et j'avais peur, si j'le faisais pas, qu'un jour le tracteur il entre et il retourne les tombes, et se débarrasse de toutes les preuves qu'on ait jamais existé.
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- Comment qu'un homme sur un chariot avec des mules, de la chair et du sang, pourrait couper la route à un tracteur, une machine ? C'est pas possible. Pas possible. Mais c'est ce qu'ils ont dit. Et moi, comme j'avais peur, même après avoir vu ce qui s'était passé, j'ai dit comme les Blancs. Par peur de souffrir un peu dans ma chair, j'ai battu mon propre frère avec une tige de canne même pareil que les Blancs.

Il nous a tous regardés l'un après l'autre. Il voulait qu'on le juge pour ce qu'il avait fait. Que nous on le juge ? Comment un seul aurait pu le faire ? Qui n'avait pas fait de même, un jour ou l'autre ?
On est restés silencieux.
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La cour et la véranda étaient pleines de vieux bonhommes avec des fusils. Le shérif était là, armé d'un fusil à pompe. Lou Dimes était avec sa copine, Candy. Trois ou quatre noires étaient assises sur la véranda et les marches avec des marmots crasseux. Tous, sans exception, nous regardaient. C'était comme dans "La Quatrième Dimension". Vous connaissez cette série télévisée? Vous traversez une petite ville isolée, et tout d'un coup vous tombez sur une scène complètement insolite - c'était un peu comme ça. Ou comme de regarder un tableau de Bruegel. Un de ces tableaux de Bruegel vraiment, vraiment bizarres.
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