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Critique de franksinatra


Une femme de quarante ans, abandonnée par son amant après un an et vingt sept jours de passion amoureuse, part chercher le goût de revivre à Venise en décembre. Dans la petite pension où elle descend pour tenter d'oublier la tristesse et le vide de sa pauvre vie solitaire, elle croise la route d'un vieux prince russe paralysé, d'une danseuse et de son amant et du patron de la pension qui attend en vain la visite de sa fille et des ses petits enfants pour les fêtes de Noël ou du nouvel an. Elle fera aussi la connaissance, au hasard de ces pérégrinations dans la Cité des Doges, d'un libraire amoureux des mots, de peinture et de l'art en général et dont elle va s'éprendre progressivement.

Voilà en treize lignes la trame romanesque sur laquelle est bâtie le troisième roman de Claudie Gallay. Cela manque cruellement d'épaisseur narrative. Qu'est-ce qui fait alors que l'on s'accroche à cette histoire ? Sans doute le talent de l'auteur dont l'écriture minimaliste et dépouillée faite de phrases courtes et hachées, voire de simples mots ponctués d'un point, donne paradoxalement un rythme lent et monotone qui berce le lecteur tout au long des descriptions de Venise que l'on découvre sous la neige de l'hiver, avec toujours cette omni présence de l'eau, cette aqua alta qui s'infiltre sans relâche et recouvre tout lors des grandes marées, celle des canaux sur lesquels glissent les vaporettos et les gondoles dans un silence ouaté, celle de la lagune qui change tout le temps de couleur. Avec ces ponts qui permettent de passer d'un endroit à un autre, d'une émotion à une autre. Avec ces cafés à l'ambiance feutrée où l'on rentre pour se soustraire un temps au froid qui transperce et au gris du ciel et de la vie, devant un chocolat chaud ou un cognac. Tout cela concourt à donner à l'oeuvre un climat d'une certaine sérénité qui cadre parfaitement avec la ville que l'on nomme aussi La Sérénissime, mais une sérénité qui est absente des coeurs, des âmes et des corps des personnages sans cesse à la recherche du sentiment amoureux et du désir de l'autre. Des personnages qui ont des difficultés à vivre, à l'instar du peintre Zoran Music ou des protagonistes des romans "Un barrage contre le Pacifique" et "La montagne magique" dans la lecture desquels se plonge l'héroïne sous la férule du libraire.

Faut-il voir dans "Les déferlantes" le grand succès de Claudie Gallay, écrit quelques années après "Seule Venise", une continuité, un aboutissement de ce court roman : une même héroïne anonyme, deux cités maritimes Venise et la Hague et la même puissance des éléments qui façonnent les vies, l'eau et le vent. Je me plais à le croire.

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