Et que choisir entre assurer la survie de ses enfants en leur apprenant à devenir des brutes dans un monde de brutes, ou assurer celle de l’humanité en enseignant à ses enfants à se comporter comme des êtres civilisés dans un monde qui l’était de moins en moins, à demeurer, en quelque sorte, une poche de résistance d’une certaine façon de vivre où le respect d’autrui était une valeur inaliénable ?
Malgré tout, elle tentait de leur inculquer un minimum de principes moraux, mais c’était difficilement crédible dans une société où les repères positifs avaient tendance à disparaître, où l’on voyait des hommes politiques condamnés pour toutes sortes de malversations et où les religions ne savaient plus prêcher que la haine et l’intolérance… Comment expliquer à son fils qu’il devait se comporter en être sensible dans une société de brutes ? Par quels moyens en faire un être humain dans un monde qui se déshumanisait chaque jour un peu plus ?
Nicole voulait bien le croire. Les gouvernements changent, les méthodes restent. Et les opposants qui n’ont pas la sagesse de se ranger sous une bannière mais continuent de défendre leurs idées, même quand leurs amis sont arrivés aux commandes, comprennent vite que la fonction de gouvernant va de pair avec des œillères et une gomme pour effacer le souvenir des engagements passés.