AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Prières nocturnes (16)

J'ai dû faire des efforts et résister, car il y avait en moi quelque chose qui ne voulait pas être contaminé et que j'ai eu beaucoup de mal à préserver. Comment ai-je réussi ?
(...) Tout le monde me croyait là, assis à mon pupitre, alors que j'étais à des années-lumière, sur une belle planète qui était la mienne, sur le flanc d'un volcan solitaire, entouré d'océans profonds et menaçants, et personne ne le remarquait, mon masque était parfait parce qu'il était à leur image et à leur ressemblance. Le masque d'un idiot.
Commenter  J’apprécie          160
Je suis né à Bogotá, dans une famille de la classe moyenne "limite", ou, comme on dit dans les pages financières des journaux, économiquement fragile avec une tendance marquée à la baisse. Une famille durement frappée par la crise et les chiffres noirs de la consommation, reléguée à l'ombre des statistiques, dans les colonnes douteuses du libéralisme et de l'économie de marché. Et dans les statistiques, nous étions une famille de quatre membres, dont j'étais le deuxième enfant, derrière ma sœur Juana. Nous habitions dans le quartier de Santa Ana, pas le Santa Ana d'en haut, où vivent les riches, mais entre la 7e et la 9e rues, à cette époque un mélange de classe moyenne en déclin et de "classe inférieure supérieure", ce qui revient à dire : le condensé le plus pur d'arrivisme, de complexes et de ressentiment social. Je ne sais pas, je suis peut-être injuste, mais c'est le souvenir que j'en garde.
Nous n'étions pas une famille heureuse et, comme dans le roman de Tolstoï, elle était malheureuse à sa façon, bien qu'en y repensant sa seule originalité tenait à la manière dont elle mettait en scène sa frustration et son ressentiment. C'est donc là que je suis né. Dans une maison d'un étage, vieille et laide comme toutes celles du quartier. Près d'un canal d'eaux noires.

(P15)
Commenter  J’apprécie          120
J’ai donné rendez-vous à la mémoire.

Je suis venu à Bangkok avec l’envie de me souvenir. De revoir ce que j’ai vécu il y a quelques années dans cette ville, mais sous une autre lumière. Le temps, parfois, est un problème de lumière. Avec les années, certaines formes acquièrent un brillant ou, au contraire, se couvrent d’opacité. Ce sont les mêmes formes, mais elles apparaissent plus vivantes et parfois, parfois seulement, on parvient à les comprendre. Je ne sais pas très bien. Ce n’est peut-être qu’un désir, ou de simples mots, mais c’est précisément ce que je cherche : des mots. Reconstruire une histoire pour la raconter.
Commenter  J’apprécie          80
"Sais-tu quel est le nom contemporain de la perversité ? La démocratie. Si un chimpanzé avec un tambour devenait populaire et amusant, il pourrait être élu président. Pourquoi le vote de ceux qui n'ont ni critère de jugement, ni éducation, ni culture pèse-t-il autant que le vote de ceux qui ont tout cela ? Pourquoi un vote obtenu avec un pistolet sur la tempe ou en lavant le cerveau des gens par la publicité, ou acheté cinquante mille pesos, vaut-il autant qu'un vote exprimé en toute liberté ? Pose la question aux défenseurs de la démocratie." (Métailié - p.221)
Commenter  J’apprécie          51
Toutes les villes ont une odeur particulière, mais celle de Bangkok est masquée par une épaisse couche de smog qui la rend imperceptible une grande partie de la journée. Quand on la sent enfin, à une heure avancée de la nuit – lorsque la ville est apaisée et qu’en elle quelque chose s’endort –, c’est une substance palpable qui flotte dans l’air, court dans les rues sinueuses et s’infiltre dans les passages les plus secrets. Peut-être provient-elle des canaux d’eau stagnante, où il est banal de voir des gens qui cuisinent et lavent du linge, ou encore des étals de poissons séchés de Chinatown, des grillades de sateh, des fritures bouillantes de Patpong et de Silom Street, ou même des animaux vivants enfermés dans des cages d’osier à Chatuchak, le grand marché ; mais cette odeur peut simplement provenir des miasmes du Chao Phraya, ce bras d’eau marron qui traverse la ville et l’envahit comme une lente maladie.
Commenter  J’apprécie          40
Les livres appartiennent à ceux qui les lisent.

(P45)
Commenter  J’apprécie          40
"Je dis, pendant que je dors, qu'il vaut mieux vivre heureux un seul instant et se laisser emporter, plutôt que de ne l'être jamais et vivre comme un rongeur".
Commenter  J’apprécie          30
"L'Europe, comme toute société opulente, est sur la pente descendante. Comme un individu qui a tout : il est amoureux de lui-même et il s'admire, c'est se qui se passe là-bas, mais ce que ne savent pas les Européens, c'est qu'ils ne sont l'avenir de personne." (Métailié - p.219)
Commenter  J’apprécie          30
"Les jeunes sont par définition stupides, mais ce n'est pas leur faute, ils sont stupides à cause de ce que leur inculquent les adultes : la foi en l'avenir, c'est stupide parce que ça les remplit d'espoir, mais avec le temps ça s'arrange".
Commenter  J’apprécie          20
"Une des erreurs de la jeunesse consiste à croire que les gens qui s'intéressent aux mêmes choses sont forcément comme vous. Mais la nature fait son travail, l'esprit souffle où il veut."
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (86) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les classiques de la littérature sud-américaine

    Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

    Gabriel Garcia Marquez
    Luis Sepulveda
    Alvaro Mutis
    Santiago Gamboa

    10 questions
    371 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

    {* *}