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Critique de Litteraflure


Une montagne de 700 pages ! Mais quelle montagne ! Si belle et si exigeante qu'il faut souvent s'arrêter, multiplier les camps de base, prendre le temps de réfléchir à ce que l'on a lu, laisser les pensées les plus tenaces nous réveiller au petit matin. Une montagne si dense, si puissante qu'il faudrait la gravir par les quatre faces pour en révéler tous les secrets. Un roman qui en contient six ou sept, qui se relit encore et encore, pour en apprécier toute la richesse. C'est avec de tels livres que la NRF se distingue (cette capacité à dénicher et à dompter les monstres) et que la littérature reprend ses lettres de noblesse (confère ma critique précédente). Dur de résumer un tel ouvrage en quelques lignes. Essayons quand même. Tristan Garcia raconte l'histoire des hommes au prisme de leurs souffrances. Une entreprise ambitieuse qu'il mène brillamment à son terme en réinterprétant des légendes, en inventant des contes, en renouant avec la tradition des épopées. Lire « Âmes », c'est retrouver le souffle, la jubilation, le lyrisme et parfois la truculence de JH Rosy Ainé (La guerre du feu), Michel Tournier (Le roi des Aulnes), Günter Grass (Le tambour), Voltaire (Candide) ou Rudyard Kipling (L'homme qui voulut être roi). Chaque volet de cette fresque romanesque est une somptueuse découverte. J'ai aimé l'inéluctable fin du ver écorché vif, l'impitoyable instinct des hommes de Néandertal, les doutes et les tourments du maître romain, le supplice des larrons de Jésus, la quête absurde de l'aveugle régicide, le combat féroce et feutré des dignitaires chinois rivaux et amnésiques, l'odyssée tragique de la princesse et des lépreux à sa suite, les aventures à la « Mulan » de la vierge japonaise. À chaque histoire ses personnages inoubliables, ses scènes proches du fantastique qu'on imagine sur un écran de cinéma panoramique. Attention, c'est un livre difficile, qui ne se lit pas debout sur le quai du métro. Il demande de la concentration, du recueillement, de la patience. J'y ai laissé quelques nuits blanches. Mais quelle récompense ! Merci à Tristan Garcia et à Gallimard pour avoir eu l'audace d'ériger un tel monument.
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