Aujourd'hui tremble en mon cœur
Un vague frisson d'étoiles
Et toutes les roses sont
Aussi blanches que ma peine.
CHANSON D'AUTOMMNE.
PAYSAGE
Les étoiles éteintes
Emplissent de cendres la rivière
Froide et verte.
La source n'a plus de tresse
Et se sont brûlés les nids
Invisibles.
Les grenouilles font du filet d'eau
Une syrinx enchantée
Désaccordée.
La lune sort de la montagne
Avec sa face débonnaire
De grosse mère.
Une étoile lui fait la nique
De sa logette de saphir
Enfantine.
La lumière rose pâle
Rend touchant l'horizon
Du mont.
Je note que le laurier en a
Assez d'être poétique
Et prophétique.
Comme nous l'avons toujours vu,
L'eau s'écoule en dormant
Et souriant.
Tout pleure, par habitude,
La campagne se lamente sans
S'en rendre compte.
Moi, pour rester dans le ton,
Je dis, poseur :
Mon pauvre cœur !
Mais une lourde tristesse
Teint mes lèvres souillées
De péchés.
Au-delà du paysage
Je vois en moi un trou profond
Comme la tombe.
Une chauve-souris m'apprend
Que le soleil se couche dolent
À l'occident.
Pater Noster pour mon amour
(Plainte des peupliers
Et des futaies.)
Dans la braise du soir
Je vois mes yeux au fond
Tels des milans.
Et je dépeigne mon âme
Tuée à coups d'égratignures
De regards perdus.
Voici la nuit et les étoiles
Qui transpercent la rivière
Froide et verte.
Si la mort est bien la mort,
Que deviendront les poètes
Et les choses endormies
Dont personne ne se souvient ?
CHANSON D'AUTOMNE
En cette journée mondiale de la poésie, 21 mars 2021
Arbres
Arbres,
Etes-vous des flèches
Tombées de l'azur ?
Quels terribles guerriers vous lancèrent ?
Seraient-ce les étoiles ?
Votre musique sourd de l'âme des oiseaux
Et du regard de Dieu,
De la passion parfaite.
Arbres !
Plongerez-vous vos racines grossières
Un jour jusqu'à mon coeur, sous terre ?
(p. 83)
Les hauts peupliers s'en vont
mais ils laissent leur reflet.
Les haut peupliers s'en vont
mais ils nous laissent le vent.
Mais ils ont laissé flottants
sur les fleuves leurs échos.
Le monde des vers luisants
a envahi ma mémoire
tandis que me pousse un cœur
minuscule entre les doigts.
CHANSONS, Amour : Prélude.
Au carrefour
rond,
six vierges
dansent.
Trois de chair
et trois d'argent.
Les rêves d'hier les cherchent
mais ils les tiennent enlacées,
Polyphème d'or.
La guitare !
POÈMES DU CANTE JONDO, Six Caprices : Devinette de la guitare.
LE SOLEIL S'EST COUCHE
août 1920
Le soleil s'est couché.
Les arbres
Méditent comme des statues.
Le blé est moissonné.
Ô la tristesse
Des norias arrêtées !
Un chien de ferme aboie.
Il voudrait dévorer Vénus
Qui luit sur l'amoureux verger
Comme une pomme suspendue.
Les moustiques, pégases de la rosée,
Traversent l'air paisible.
La Pénélope immense du jour
Tisse une nuit limpide.
Fillettes, dormez, le loup va venir.
Les jeunes brebis bêlent.
" Est-ce déjà l'automne, mes amies ?"
Dit une fleur fanée.
Bientôt viendront les bergers avec leurs nids
Des montagnes lointaines.
Bientôt les fillettes joueront à la porte
De la vieille auberge.
Et retentiront les refrains d'amour
Que par cœur les maisons
Déjà connaissent.
ADIEU
Si je meurs,
laissez le balcon ouvert.
L'enfant mange des oranges.
(De mon balcon je le vois)
Le moissonneur fauche le blé.
(De mon balcon je l'entends)
Si je meurs
laissez le balcon ouvert !
Heure étoilée
Le silence arrondi de la nuit,
Point d'orgue
De l'infini.
Je sors tout nu dans la rue,
Ivre de vers
Perdus.
Le soir, criblé
De chants de grillons
Retient le feu follet
Mort
Du son,
Cette lumière musicale
Que perçoit
L'esprit.
Les squelettes de mille papillons
Dorment dans mon enceinte.
Il passe une jeunesse de brises folles
Sur le fleuve.
MON VILLAGE (extrait)
Les contes de la nuit de la Toussaint et le jeu du loup ont été les grandes émotions de ma courte vie...Lorsque aujourd'hui je monte au grenier de ma maison dans le village...je donnerais tout ce que je suis et tout ce que je possède pour pouvoir jouer au jeu du loup et le sentir...Aujourd'hui les enfants jouent à l'argent et à d'autres choses et très rarement ils font le loup...Le soir se mourait tout de pourpre et d'azur et les enfants retournaient chez eux pour goûter. Tandis que je sortais avec un jeune berger attendre mon père en chemin et qu'en me souvenant du loup il me venait une envie de rire.