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3,69

sur 392 notes
Avant d'aborder ce Garcia Marquez-là, un peu d'exercice de respiration s'impose : inspirez, expirez lentement. Prenez une grande inspiration...

Et c'est parti, plongez dans le maelstrom ahurissant de ce roman vertigineux, dans l'atmosphère fétide des pièces à l'abandon du palais présidentiel de ce dictateur – patriarche si vieux que l'on a oublié qu'il est déjà mort plusieurs fois. D'ennui, sans doute, même l'exercice de la terreur fini par lasser. Quant au pouvoir, voilà bien longtemps que notre potentat fantoche en a perdu l'illusion.

Continuez de bien respirer en autonomie car les points et les retours à la ligne se font rares pour poser votre souffle. de virgule en virgule, Garcia Marquez vous emmène, de force mais avec un brio envoûtant et un joyeux irrespect pour la chronologie, dans les méandres d'une existence de pacotille, glissant des derniers jours de délabrement du méchant pantin à l'arrivée au pouvoir orchestrée par d'angéliques puissances extérieures, d'un acte gratuit de brutalité crasse à la razzia sur les trésors nationaux, avec en points d'orgue des scènes hallucinées de vengeance culinaire contre l'ancien bras droit qui a trahi ou le spectacle fantasmatique de la mort de la madre du petit père du peuple. le tout allègrement traversé de vaches, de poules, et de très jeunes demoiselles à la merci de l'ancêtre craint et vénéré.

Ce roman est fou, irréel, totalement improbable, et pourtant laisse une sensation de réalité historique incontestable, tant il réussit le prodige de servir par l'imaginaire un condensé des régimes dictatoriaux que l'Amérique latine a connu au siècle dernier, hissant de ce fait son auteur au plus haut rang des écrivains politiques engagés du continent. Bravo !
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Difficile de trouver les mots pour parler de ce livre tant il ne ressemble à aucun autre. « L'automne du patriarche » est un roman unique, je n'ai jamais rien lu de tel.

J'avais déjà goûté l'écriture de Garcia Marquez avec le sublime « cent ans de solitude », avec « l'automne du patriarche » l'auteur va encore plus loin dans le travail d'écrivain. le résultat m'a moins touchée que dans « cent ans de solitude » qui m'avait littéralement émerveillée par sa beauté et sa musicalité poétique, ici l'écriture est moins enchanteresse. Mais pas moins brillante. Si le sentiment ressenti à la lecture de « l'automne du patriarche » n'est pas l'émerveillement, il est indéniable que le travail d'écrivain fourni ici force le respect. L'expérience de lecture est unique et laisse une impression étrange. Ces phrases longues de plusieurs pages, alambiquées, changeant de narrateur en cours de route, qui mélangent passé et présent m'ont donné l'impression d'un torrent littéraire qui m'a saisi le cerveau, l'a mâché pour ensuite le recracher. Je suis sortie de cette lecture exsangue mais heureuse d'avoir goûté une telle expérience littéraire.

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Gabriel Garcia Marquez est un grand écrivain avec un style truculent.
L'automne du patriarche est une farce. Gabriel Garcia Marquez a du plus subir que moi les dictateurs. et donc c'est très fort de sa part de dénoncer les dictatures par une farce dans un style truculent. Malheureusement, je n'ai pas su m'élever à la hauteur du roman, je n'ai pas pris de plaisir à le lire et je n'ai rien appris sur les dictatures Latino Américaines. J'espère changer mon goût pour l'écriture de Gabriel Garcia Marquez, dans une prochaine lecture.
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Comment, en vacances au bord de l'eau, est-il possible de lire un roman d'un grand auteur, où une phrase se prolonge sur un nombre incalculable de pages ? J'abdique à la 122. Manque de concentration ? Je n'y comprends rien. Un dictateur qui vit entre 107 et 232 ans et meurt plusieurs fois. Quelques phrases crues qui font rire.
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Wouaouh ! Quel bouquin !
Préparez vous à l'apnée littéraire, la jouissance du mot, la schizophrénie de l'écriture, attendez vous à suer, à vous essouffler, à souffrir, à supporter les pires odeurs, ce livre, c'est bien plus qu'un roman. Avez-vous déjà lu un roman où plusieurs personnes parlent à la première personne du singulier dans une même phrase, ne vous attendez pas à un récit linéaire, rigoureux, le temps n'a plus de forme, dans ce roman, le temps incalculable de l'éternité va se terminer car chaque phrase est une éternité. le roman est constitué de six chapitres, un seul paragraphe par chapitre, et parfois une seule phrase… Ouf ! Laissez-moi reprendre ma respiration...
Le récit raconte la vie de ce général improbable, d'un petit pays des Caraïbes, à partir du jour de sa mort (normal, c'est Gabriel Garcia Marquez qui raconte !), jusqu'au jour de sa mort, pratiquement toute l'histoire se passe dans sa résidence, le texte est une longue logorrhée constituée de bribes de témoignages accumulés, on s'embrouille parfois, on s'y perd, et les mots chantent, ont des couleurs, de la lumière, des sons… et tant d'autres vertus au delà de nos sens, les pires horreurs deviennent des merveilles et vice versa. L'écriture de Gabriel Garcia Marquez est unique, fantastique, bariolée, baroque et vulgaire à la fois, lire ce livre est une expérience unique qui va bien plus loin que celle de “Cent ans de solitude”. Il pousse les possibilités des mots au delà des limites, il triture la syntaxe pour en faire quelque chose d'inédit.
C'est une relecture, 35 ans après, il m'avait vraiment impressionné à l'époque, mais j'avais oublié à quel point, il reprend directement la première place sur mon île déserte. Il y a des livres fous, géniaux, il y en a d'autre qui font réfléchir, qui font rêver, qui nous réveillent, qui nous remuent, des livres ou l'écriture et époustouflante, celui-ci est tout cela et bien plus encore.
Quel putain de bouquin !
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Ce roman magistralement novateur et proche du poème en prose sur la solitude du pouvoir, retrace la biographie d'un caudillo paternaliste à la tête d'une improbable nation caribéenne, devenant une icône populiste de type péroniste puis, au crépuscule de sa vie, un dictateur sanguinaire à la Duvalier, signant une référence littéraire majeure de la figure du tyran latino-américain.

L'automne du patriarche est diablement original à plus d'un titre. Sa construction inventive et séduisante inscrit la narration dans un temps fracturé donnant l'illusion d'une histoire intemporelle où les thèmes essentiels du roman reviennent dans un rythme circulaire. Pour ce dictateur sans nom, à la tête depuis toujours d'une nation anonyme, l'auteur évite toute personnalisation du protagoniste pour lui permettre d'incarner tous les tyrans de l'histoire latino-américaine.

Usant du monologue intérieur pour illustrer les débats de conscience du patriarche, Gabriel García Márquez lui confère un intense sentiment de solitude sous une apparence physique carnavalesque, démesurée et grotesque, un âge biblique et des origines montagnardes bâtardes (Márquez joue de l'opposition culturelle entre habitants de la région andine et ceux de la côte que l'on retrouve souvent dans la littérature latino-américaine) et des pouvoirs illimités en tout.
La biographie du patriarche se révèle pleine de paradoxes, accentuant la mythification du personnage, et son sosie que le pouvoir utilise par sécurité lors des cérémonies officielles entraînent jeux de miroirs et quiproquos pour mieux accentuer le chaos général, bazar politique doublé de juxtaposition de voix narratives au ton discordant. le recours à l'onirique y est constant mais décrit avec un naturel ahurissant.
Enfin, le temps du récit semble se diluer dans une construction formelle de plus en plus étrange où la ponctuation s'amenuise et les phrases se rallongent, conférant une remarquable densité progressive à un dictateur aux accents universels.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Je suis essoufflé rien qu'en repensant à ce livre. c'est un torrent de mots qui vous saisit et vous suffoque. vous êtes réduits à l'impuissance et n'essayez même plus de surnager.
La particularité de cette traduction est la ponctuation: certaines phrases font jusqu'à 50 pages! impossible de le lâcher tant que la phrase n'est pas finie, et si comme moi vous avez la faiblesse de commencer la suivante, juste pour voir, vous vous retrouvez embarqué pour une nouvelle goulée sans fin.

Je reste hanté par l'image de cet homme hors-d'âge, errant sans fin dans les pièces lugubres de son palais dévasté, serrant son bandage herniaire...

Même si le thème est saisissant, je le recommande surtout pour l'expérience littéraire: comment se retrouver prisonnier d'un livre par le style, ce que je n'avais vécu à ce point que pour "Sur la route", de Kerouac: une trame obsédante et parfois agaçante entrecoupée de variations qui viennent enrichir progressivement le tout ; on est hypnotisé!




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Quel talent, quelle invention, quelle cruauté amusée pour décrire ici la fin, la décrépitude d'un dictateur sud-américain ! le pauvre n'en peut plus, il est triste, il se traîne dans son palais, il se remémore ses grandes heures, il meurt dans une complète solitude. C'est un tableau burlesque et grinçant, de sa maman qu'il a quasiment fait sanctifier, de ses comparses militaires paralysés par la terreur, jusqu'à ses petites manies sexuelles, son exercice sanglant et absurde du pouvoir, j'en passe....
Un livre foisonnant, bouillonnant d'inventions, à l'écriture très serrée, pas de paragraphe, pas de « point à la ligne », les phrases s'enchaînent, les points de vue s'entremêlent, la syntaxe est bouleversée.
Un livre qu'il faut lire très concentré, pleinement immergé. Et ça marche !
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Le patriache est ici un dictateur dans la grande traditon de l'Amérique latine.C'est un vieux général qui a entre 107 et 232 ans.Tyran paranoïaque,méfiant et délirant.
Les structures minables de son pays le vouent à des aventures cauchemardesques que l'imagination non moins délirante de Gabriel Garcia Marquez transforme en folle équipée drôlatiques.
Cocasseries,jaillissement incessant de trouvailles,ruissellement de mots qui brillent comme d'insolites pierres précieuses...
C'est le ressenti de l'éditeur et le mien."Ben merde alors"!!!
Le narrateur/dictateur campe plusieurs personnages et nous entraine dans son délirium,découvrir les coulisses d'un pouvoir de manipulateurs et de manipulés cupides.
En mode burlesque,l'auteur nous révèle la réalité tragique des dictatures porrtées par la délation,l'assasinat,la bestialité, les abus sexuels et les exactions de tous ordres. L'automne du patriarche est le dernier roman de GGM,;on y retrouve toute la magie de cent ans de solitude.Une écriture jubilatoire, "Madre mia Bendicion Alvarado"!
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Un roman aussi envoûtant que puissant.
J'avais, à l'époque de sa lecture, été surpris puis entraîné dans cette prose au long cours où il est difficile de s'arrêter pour reprendre son souffle.
Le livre est à la démesure de ces dictatures aussi abominables que parfois grotesques, qui pesèrent sur les peuples d' Amérique du sud.
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